Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, le député de l’étranger Noureddine Belmeddah, représentant de la diaspora algérienne en Amérique, Russie, Turquie et Europe hors France, a critiqué sévèrement la gestion de la compagnie nationale Air Algérie.
Sur sa page Facebook, le député brise la loi du silence et interpelle le chef de l’Etat concernant de nombreux griefs qu’il reproche aux dirigeants d’Air Algérie. Des « dépassements » et des « dysfonctionnements » en tout genre sont imputés à la direction de compagnie aérienne nationale à l’étranger.
Évoquant une forme d’« état dans l’Etat » ou encore une entreprise « médiocre » voire « défaillante », le parlementaire n’y va pas avec le dos de la cuillère. Une démarche plutôt inhabituelle, qui témoigne toutefois de l’ampleur de la crise systémique et managériale que vit Air Algérie depuis plusieurs années.
En effet, la compagnie nationale est accusée de « siphonner l’argent de ses clients » en leur proposant des tarifs surréalistes et contraires à la réalité du marché du transport aérien, mais également de vivre sur le dos du contribuable algérien.
Le constat général est plutôt glaçant et la nomenclature des cas d’abus ne s’arrête malheureusement pas là ! Les « gabegies en tout genre », les « retards systématiques », et autres « vols de bagages » sont également pointés du doigt par le député sans étiquette politique. Un manque de professionnalisme qu’il décrit comme étant du « terrorisme » commercial.
« Est-il raisonnable de faire supporter à nos compatriotes le coût de la mauvaise gestion et des avantages qui gangrènent le fonctionnement de notre compagnie ? Des factures de téléphones pouvant atteindre les un million de dinars par mois, la sous-traitance des opérations de desk au profit d’opérateurs étrangers, des milliers de billets sont octroyés gratuitement à l’entourage du personnel de la compagnie. La liste des abus constatés est longue ! » Ecrit-il dans sa lettre.
Le tableau dressé par le député fait également état d’ « une dilapidation des deniers publics via la location de locaux et de bureaux de prestige » partout dans le monde, pour y installer des agences destinées à la clientèle. Une pratique désormais désuète et contreproductive compte tenu des coûts de fonctionnement élevés qu’elle génère.
Le député préconise de hisser le niveau des services aux standards internationaux, en ayant recours aux systèmes de réservation électroniques et digitaux, adoptés depuis longtemps par la concurrence.
« Monsieur le président, il est urgent de mettre en place un plan de restructuration de notre compagnie nationale afin d’en faire une entreprise performante, compétitive et à forte valeur ajoutée, qui puisse satisfaire au mieux les besoins de nos compatriotes mais aussi les étrangers, tout en apportant une plus-value à notre pays. » Conclut-il son plaidoyer.
Pour rappel, Air Algérie fait face à un gouffre financier causé par un déficit budgétaire culminant à quelque 180 millions de dollars d’après les dernières estimations, soit environ 30% de son capital social.
Kheireddine BATACHE