Un partenariat gagnant/gagnant pour une prospérité partagée des deux rives de la Méditerranée - Maghreb Emergent

Un partenariat gagnant/gagnant pour une prospérité partagée des deux rives de la Méditerranée

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Prévue initialement en présence des chefs d’Etat et de gouvernement, du fait de la situation géostratégique au niveau de la région,  il a été décidé  que la rencontre des 5=5 impliquant la société civile  qui à l’avenir le rôle sera déterminant dans les relations internationale à travers des réseaux décentralisés,  se tendra à un niveau politique moindre réunissant les ministres des affaires étrangères , à la même date, avec les mêmes objectifs les 23/24 juin à Marseille,  la réunion des Chefs d’Etat  étant reportée de quelque mois

1.-L’objectif stratégique  de la réunion des 5+5  les 23/24 juin 2019 : les différentes étapes

L’énergie, particulièrement, est au cœur de la souveraineté des États et de leurs politiques de sécurité et leurs  dynamiques économiques modifient les rapports de force à l’échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l’intérieur des États comme à l’échelle des espaces régionaux.  L’Algérie acteur  stratégique clef au niveau de la région méditerranéenne a participé activement  à la préparation  de la réunion des 5+5 au sommet de la société civile des deux rives de la Méditerranée qui se tiendra à Marseille le 24 juin 2019 où j’ai l’honneur de   diriger la délégation  des 10 ONG algériennes». Prévu initialement en présence des chefs d’Etat et de gouvernement, du fait de la situation de certains pays   du Maghreb dont l’élection en Mauritanie, les tensions en Libye,  et en Europe  avec les récentes élections du parlement européen qui a vu la montée des partis populistes, il a été décidé  qu’elle se tendra à un niveau politique moindre réunissant les ministres des affaires étrangères , à la même date, la réunion des Chefs d’Etat  étant reportée de quelque mois.  Cette réunion  a pour objet de définir concrètement,  les moyens et les mécanismes à mettre en œuvre pour tisser des liens forts dans tous les domaines autour de la Méditerranée afin de  dynamiser  la coopération en Méditerranée occidentale,  reposant  sur la conviction que la société civile doit être pleinement associée à la définition d’un nouvel agenda « positif ». Cet événement a pour ambition de relancer la dynamique de coopération en Méditerranée occidentale « par la mise en œuvre de projets concrets en faveur du développement humain, économique et durable dans la région ».  L’Union européenne, l’Allemagne, les organisations pan-méditerranéennes et les principales organisations économiques internationales présentes dans la région sont associées à cette initiative à l’image de Fondation Anna Lindh, la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et l’institut méditerranéen de l’eau (IME), coordinateur du forum méditerranéen de l’eau.  Ainsi pour préparer ce rendez-vous, près de 200 personnes issues de la société civile ont participé à cinq forums thématiques, dans le cadre de « l’assemblée des  100 personnalités qualifiées issues de la société civile qui ont  participé à l’ensemble des forums préparatoires thématiques avec pour objectif de restituer les débats et de recenser des idées et des projets Rappelons que réunis en comité de pilotage, plusieurs  différents thèmes ont été abordés :  l’énergie le 8 avril dernier, à Alger ;la question de la jeunesse, l’éducation et la mobilité à Malte,  le travail portait sur l’économie et la compétitivité au Maroc , culture, médias et tourisme à Montpellier et le  dernier « atelier s’est tenu les 15 et 16 mai, à Palerme en Italie portant sur l’environnement et le développement durable et la  des chefs de fil  sur l’île des Embiez les 27-28 mai 2019 recensé le 28 mai 2018 a permis de recenser  environ 300 projets  proposés par les chefs de fil des 5+5. La réunion qui se tiendra à Tunis les 10/12 juin  2019 réunissant les institutionnalistes, les pourvoyeurs de financement  et les chefs de file de la société civile  des 5+5 aura retiendra les projets définitifs proposés par la société civile, projets ayant pour but tant la faisabilité financière des projets que leurs impacts sur la croissance , l’environnement , l’emploi (microprojets)  qui n‘entend pas se substituer aux Etats pour les grands projets. L’Algérie qui a eu le dossier de la transition énergétique a proposé pour ce cadre 42 projets issus de la société civile en collaboration avec la direction générale Europe du Ministère des affaires étrangères, comme elle a soumis plusieurs dizaines de projets dans les autres commissions. Les travaux du Forum à Alger  se sont organisés sous forme de quatre sessions thématiques, à savoir : les énergies renouvelables et efficacité énergétique ; les interconnections électriques ; le Gaz naturel comme moteur d’une transition énergétique  et la transformation digitale du secteur de l’énergie.

2.La transition énergétique, une question de sécurité pour les deux rives de la Méditerranée  via l’Afrique

La stratégie russe, la stabilisation politique de l’Irak, de la Syrie où devrait transiter des canalisations à l’avenir espérons  la Libye, tout en n‘oubliant pas les énormes potentialités du Qatar et de  l’Iran, les importantes découvertes en méditerranée orientale  et  le gazoduc israélien en direction de l’Europe,  financé par les Emiraties,  devrait entraîner un profond bouleversement de la carte énergétique au niveau de la méditerranée 2020/2025. Les importantes potentialités de toutes formes d’énergie  en Méditerranée celles du vent ou du soleil, ou des énergies fossiles présentes dans son sous-sol peut faire  de cette zone des contacts entre civilisations millénaires, soumise depuis toujours à des tensions politiques fortes, une nouvelle région énergétique du monde, aux portes de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient. Carrefour de trois continents, fragile sur le plan environnemental, le bassin méditerranéen est aussi une région source d’énergies, comme celles du vent ou du soleil, ou des énergies fossiles présentes dans son sous-sol. L’énergie autant que l’eau  est  cœur de la sécurité des Nations. Le monde s’oriente 2020/2030/2040, inéluctablement vers un nouveau modèle de consommation énergétique fondé sur la  transition énergétique La transition pouvant être définie comme le passage d’une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu chère, à une civilisation où l’énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire). La transition énergétique renvoie à d’autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale. Il ne suffit pas de faire une loi car le déterminant c’est le socle social Cela pose la problématique d’un nouveau modèle de croissance : tous les secteurs économiques, tous les ménages sont concernés : transport, BTPH ; industries, agriculture. Les choix techniques d’aujourd’hui engagent la société sur le long terme. Dès lors la transition énergétique suppose un consensus social car la question fondamentale est la suivante : cette transition énergétique, combien ça coûte, combien ça rapporte et qui en seront les bénéficiaires. Pour une transition énergétique cohérente de renforcer les interconnexions des réseaux et l’optimisation de leur gestion (smart grids) pour contribuer à l’efficacité énergétique, au développement industriel, aller vers un nouveau modèle de croissance, afin de favoriser l’émergence d’une industrie de l’énergie, au service de l’intégration économique, les avantages octroyés par l’Etat devant être fonction de ce taux. Les décisions dans le domaine de l’énergie engagent le long terme et la sécurité de tout  pays au regard des priorités définies sur le plan politique (indépendance nationale, réduction des coûts, réduction des émissions de carbone, création d’emplois). D’une manière générale,  l’énergie apparaît donc aujourd’hui comme un puissant facteur de coopération et d’intégration entre les deux rives de la Méditerranée. Le climat et l’énergie peuvent donc fournir le lien structurant qui permettra non seulement de concrétiser l’orgueil culturel méditerranéen dans la conception et la réalisation d’une suite de projets concrets, mais aussi de préparer l’élaboration d’un concept stratégique euro-africain. Mon ami ,le polytechnicien  Jean Pierre Hauet de KP Intelligence ( France)  note avec justesse  que « les marchés de la filière énergie – situation et perspectives que c’est que depuis à peine 10 ans, la scène énergétique s’anime à nouveau en Méditerranée avec au moins trois grands champs de manœuvre dont il est intéressant d’essayer de comprendre les tenants et d’anticiper les aboutissants. Il y aurait  trois théâtres d’opérations. Le premier théâtre est celui des énergies renouvelables (éolien, solaire à concentration, photovoltaïque) qui s’est caractérisé par le lancement de grandes initiatives fondées sur l’idée que le progrès technique dans les lignes de transport à courant continu permettrait de tirer parti de la complémentarité entre les besoins en électricité des pays du Nord et les disponibilités en espace et en soleil des pays du Sud. On parlait alors de 400 M€ d’investissements et de la satisfaction de 15 % des besoins européens en électricité. Aujourd’hui le projet Desertec est plutôt en berne, du fait notamment du retrait  de grands acteurs industriels, Siemens et Bosch, et du désaccord consommé  entre la fondation Desertec et son bras armé industriel la Desertec Industrial Initiatitive (Dii). La Dii poursuit ses ambitions d’intégration des réseaux européens, nord-africains et moyen-orientaux, cependant que la Fondation Desertec semble à présent privilégier les initiatives bilatérales au Cameroun, au Sénégal et en Arabie Saoudite. Le deuxième théâtre d’opérations est plus récent : il a trait à la découverte à partir de 2009, de ressources pétrolières et gazières en off shore profond, dans le bassin levantin en Méditerranée Est. Israël est le premier à avoir fait état de découvertes importantes sur les gisements de Dalit, Tamar et plus récemment de Léviathan. Ce dernier gisement, localisé sous la couche de sels messinienne, semble très important. Des forages sont en cours afin d’aller explorer les couches encore plus profondes qui pourraient contenir du pétrole. Chypre  et la Grèce ont également trouvé des réserves apparemment considérables de gaz, toujours dans le même thème géologique qui était resté largement inexploré jusqu’à présent. Toujours selon l’auteur, Chypre, la Grèce et Israël ont reconnu leurs zones économiques exclusives en Méditerranée et le 8 août 2013 ont signé un mémorandum sur l’énergie qualifié d’historique, incluant notamment la construction d’une usine de GNL à Limassol et réalisation d’un câble de 2 000 MW entre Chypre et Israël. Le troisième théâtre d’opérations a trait à la prospection et à la mise en valeur éventuelle des gaz de schiste dont il faut le rappeler le premier producteur sont les Etats Unis d’Amérique qui ont réussi à réduire depuis trois années les couts d’environ 50% les grands gisements sont rentables à un cours variant entre 40/50 dollars et les marginaux, un cours  de 55/60 dollars.


3.-  L’énergie au service du co- développement en méditerranée


Les interconnexions électriques en Méditerranée peuvent être un facteur  de co-développement. Une communauté méditerranéenne de l’énergie, c’est possible où les liens commerciaux sont importants, les pays du sud de la Méditerranée exportant environ 80% du gaz et 60% du pétrole vers l’Europe. Les besoins électriques sont complémentaires: la pointe de consommation d’électricité en Europe (France, Allemagne, Pays du Nord…) se situe généralement en hiver, alors que dans les pays du Sud, compte tenu des systèmes de refroidissement (appelés à se développer avec l’amélioration du niveau de vie), elle se situe en été. Le sud de la Méditerranée est mieux placé que le nord pour exploiter les énergies renouvelables. L’ensoleillement y est deux fois plus important. Quant à l’éolien terrestre, il y a des sites extrêmement favorables, notamment sur la bordure atlantique et aussi en Algérie et au Maroc, avec des durées de fonctionnement qui sont sensiblement le double de celles des sites allemands ou français. Ainsi il est très souhaitable d’échanger de l’électricité tantôt dans un sens tantôt dans l’autre: l’électricité conventionnelle de l’Europe vers l’Afrique dans les périodes d’été; l’électricité d’origine renouvelable de l’Afrique vers l’Europe dans les périodes d’hiver. Les interconnexions correspondantes permettront en outre de mieux gérer les problèmes d’intermittence inhérents au solaire et à l’éolien car, lorsque les productions du Sud seront insuffisantes, l’Europe pourra fournir le complément en électricité traditionnelle. Les échanges énergétiques entre les deux rives de la Méditerranée doivent donc s’envisager dans le cadre de la transition énergétique qui s’impose de par la rareté des ressources. Le mix énergétique de demain sera à forte dominance électrique, puisque selon Shell, le marché de l’électricité devrait augmenter de près de 80%  horizon 2040.  Dans ce cadre,  le solaire thermique pour l’exportation,  combiné au   photovoltaïque pour les besoins de consommation internes  devrait représenter la ressource la plus importante pour la génération électrique. L’hybridation avec le gaz devrait lui permettre d’ores et déjà d’être compétitif. Les autoroutes électriques en courant continu pour traverser la Méditerranée  pourraient servir à satisfaire les besoins grandissants de la côte méditerranéenne de l’Europe et  la supraconductivité achevée par un refroidissement à l’hydrogène liquide sera la solution à moyen terme pour satisfaire les besoins de l’Europe du Nord. En effet, des pipes transportant de l’Hydrogène liquide permettront de transporter aussi de l’électricité dans des câbles supraconducteurs.. Certes, existent des limitations technologiques actuelles qui interdisent d’installer des câbles électriques à très haute tension lorsque les profondeurs dépassent 2000 m mais qui peuvent être contournées comme par le Détroit de Gibraltar ou au niveau de la Sardaigne.  Un rapport de l’EPIMED montre que le déficit structurel européen et la forte hausse de la demande de la rive sud impliqueront à l’avenir de construire les éléments d’un partenariat qui dépasse le modèle classique fournisseur-client. Facteur de précarité supplémentaire, la part des approvisionnements européens en gaz provenant du marché spot du gaz sera plus forte avec la montée en puissance des livraisons en GNL sur un marché mondial décloisonné. La volatilité des prix et l’insécurité des volumes disponibles seront plus importants dans une telle configuration en dépit de la multiplicité des offreurs. Aussi, les pays de la méditerranée sont tous confrontés au problème de la sécurité énergétique. Il s’agit avant tout de renforcer la coopération notamment dans le domaine énergétique, étant un élément fondamental de l’activité économique, un facteur de sécurité humaine, pouvant représenter un lien très fort entre le nord et le sud de la Méditerranée. La situation géographique de l’Europe et la Méditerranée, est un couloir de transit important pour les marchés mondiaux de l’énergie et important carrefour pour les marchés énergétiques mondiaux. Comme le note justement mon ami, le professeur Jean Louis Guigou, Délégué de l’IPIMED,  il faut faire comprendre que, dans l’intérêt tant des américains que des Européens et de toutes les populations sud méditerranéennes, les frontières du marché commun de demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection sociale de demain, les frontières des exigences environnementales de demain, doivent être au sud du Maroc, au sud de la Tunisie et de l’Algérie, et à l’Est du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie passant par une paix durable au Moyen Orient les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique. Comme le préconise l’auteur, il serait donc souhaitable qu’une réflexion collective s’articule autour de quatre axes thématiques. Premièrement, la gouvernance territoriale: il s’agira en ce sens de repérer les acteurs clés (privés et/ou publics, individuels et/ou organisationnels), d’analyser les contextes institutionnels et de proposer une grille d’analyse des modes de coordination de ces acteurs. Deuxièmement, l’attractivité des territoires : il s’agira de mettre en perspective les politiques publiques mises en œuvre (réglementations et incitations) et les stratégies des acteurs de la globalisation pour mieux comprendre les mouvements de délocalisation et la nature des relations de sous-traitance. Troisièmement, de nouvelles dynamiques productives sur la base d’une approche sectorielle, les logiques d’agglomération et d’organisation productive pour mettre en évidence des processus de désindustrialisation, de restructuration et/ou d’émergence industrielle. Quatrièmement, la spatialisation des activités de production en analysant l’organisation spatiale (urbaine) des dynamiques productives afin de mettre en relief les modes d’aménagement, d’organisation et de gestion des territoires, et expliquer les logiques de localisation et d’agglomérations intra-urbaines des entreprises.

En résumé,  l’Energie est un enjeu  stratégique au niveau  de la région méditerranéenne et africaine. Espérons que    cette importante rencontre, puisse faire    du bassin méditerranéen un lac de paix, de tolérance et de prospérité partagé se fondant sur un partenariat gagnant/gagnant loin de tout esprit de domination, grâce à la tolérance et au dialogue des cultures. L’Algérie, acteur stratégique en méditerranée et en Afrique a joué un rôle important lors des différentes réunions de la préparation de la réunion des 5+5 où elle proposé des projets concrets privilégiant les intérêts économiques et la stabilité de la région, tenant compte de la transformation du monde. Je tiens à remercier vivement l’ensemble des experts algériens et les membres de la société civile, que cela  soit dans la commission énergie ou les autres commissions,  qui ont honoré l’Algérie par  leurs propositions,  ainsi que la Direction Générale Europe du Ministère des Affaires Etrangères, qui ont contribué à la réussite de la participation algérienne qui a été salué par  l’ensemble des organisateurs.

Marseille le 28 mai 2019– Dr Abderrahmane MEBTOUL -Professeur des universités expert international directeur d’études Ministère Energie Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007-2013/2015  -Chef  de la délégation algérienne au sommet de la société civile des deux rives de la Méditerranée 

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