La nouvelle ligne maritime est développée sous forme de partenariat public-privé (PPP), mené par l’UpM et trois autres parties prenantes : la Chambre de commerce turque en Italie, le Collège des ingénieurs ferroviaires italiens (CIFI) et Titi Shipping, une agence maritime basée à Bridinsi.
Fruit des efforts du pays pour améliorer la performance de son secteur maritime, un nouvel accord maritime régional a été passé dans le but de renforcer les liaisons entre la Tunisie et plusieurs centres clés de la Méditerranée.
Ce projet d' » autoroute de la mer » prendra la forme d’un service régulier de roulage de fret entre les ports tunisiens de La Goulette et Radès, et des villes de Turquie et d’Italie.
L’initiative, planifiée depuis 2008, devrait soutenir le développement régional en favorisant un transport intermodal continu combinant le transport maritime courte distance à d’autres modes de transport (routier, ferroviaire).
L’ouverture de la nouvelle chaîne logistique maritime est prévue en janvier 2017 à l’initiative de l’Union pour la Méditerrané (UpM), une organisation intergouvernementale rassemblant 43 Etats membres se réunissant dans l’objectif de promouvoir la coopération régionale.
Développement maritime
La nouvelle ligne maritime est développée sous forme de partenariat public-privé (PPP), mené par l’UpM et trois autres parties prenantes : la Chambre de commerce turque en Italie, le Collège des ingénieurs ferroviaires italiens (CIFI) et Titi Shipping, une agence maritime basée à Bridinsi.
Selon l’accord signé, la Tunisie bénéficiera de liaisons de transport maritime fréquentes vers les ports turques d’Izmir et Mersin, et les villes italiennes de Bari, Bridinsi et Taranto, dans la région des Pouilles.
En vue d’accroître la compétitivité mondiale du transport maritime méditerranéen, l’UpM espère que la simplification de ces routes maritimes bénéficiera à d’autres pays dans la région.
Le coût total du projet est estimé à environ 477 millions d’euros, avec des recettes sur 20 ans évaluées à 602 millions d’euros.
Gains de productivité
Alors que ce projet maritime devrait favoriser le commerce extérieur tunisien, le gouvernement a toutefois conscience de la nécessité de moderniser les capacités portuaires et maritimes du pays s’il veut maximiser le potentiel de la nouvelle ligne de transport.
En décembre, Mahmoud Ben Romdhane, alors ministre des Transports, a tiré la sonnette d’alarme en pointant du doigt l’inefficacité des ports, qui aurait coûté à l’économie environ 600 millions de dinars tunisiens (266,6 millions d’euros) en 2014. Il a également précisé que la flotte marchande tunisienne ne comptait plus que huit navires.
Historiquement, la Tunisie jouissait de liaisons maritimes fréquentes et de grande capacité vers les marchés clés européens, mais le trafic a fortement diminué ces dernières années suite à la » révolution de jasmin « .
La Tunisie est descendue dans le classement de l’indice de performance logistique de la Banque mondiale, qui mesure une série de facteurs contribuant aux capacités de transport d’un pays : à la 41ème place sur 155 pays en 2012, elle n’était plus que 110ème sur 160 en 2014.
Le pays était correctement placé en termes de rapidité des livraisons et de gestion du transport international en 2014, mais a été pénalisé dans les domaines des Douanes, de la compétence logistique et des infrastructures, selon les données de la banque mondiale.
Travail de préparation
La Tunisie a déjà pris certaines mesures pour améliorer ses installations portuaires, avec notamment des travaux d’agrandissement du port de Zarzis. Selon M. Romdhane, un nouveau quai spécialisé dans la gestion des produits pétroliers devrait également être construit.
Slim Chaker, le ministre des Finances, a annoncé à la presse en février que si la Tunisie voulait concurrencer les autres ports de la région, qui disposent d’installations en eaux profondes et d’équipements sophistiqués de manutention de conteneurs, les fonds étaient à ce jour insuffisants.
Des travaux de modernisation supplémentaires sont déjà prévus dans plusieurs autres ports de Tunisie, dont La Goulette et Radès, qui sont de plus en plus confrontés à des problèmes d’encombrement, selon M. Chaker.
L’Office de la Marine Marchande et des Ports (OMMP) de Tunisie a initié fin 2015 une évaluation des besoins en infrastructure des ports de La Goulette, Radès, Bizerte, Sousse, Sfax, Gabes et Zarzis, grâce à des investissements du gouvernement français.
Lors d’une visite dans le pays en septembre, Alain Vidal, ministre français des Transports, avait en effet promis de soutenir le développement portuaire de Tunisie sous la forme d’un prêt concessionnel de 12 millions d’euros pour financer l’installation de nouveaux équipements dans trois ports prioritaires, La Goulette, Radès et Bizerte, bien que l’essentiel du financement du projet se fasse dans le cadre d’un PPP.
Pour sa part, le port de Radès devrait bénéficier d’un nouveau parc commercial et logistique de 50 hectares, d’un coût total d’environ 100 millions d’euros. De plus, des travaux de construction d’un nouveau terminal à conteneurs dans le port et de modernisation de trois quais sont en cours de lancement, selon Imed Zammit, PDG de l’OMMP. Le projet, d’une valeur de 30 millions d’euros, sera monté sous la forme d’un PPP.
Perspectives commerciales
En termes d’opportunités commerciales, la Tunisie compte sur cette autoroute de la mer pour stimuler le commerce international, notamment à un niveau régional.
L’Italie compte déjà pour une part importante des exportations tunisiennes, avec 2,92 milliards d’euros de marchandises vendues en 2014, soit 19,1% du total de la Tunisie. Les importations italiennes vers la Tunisie ont, quant à elles, atteint les 3,31 milliards d’euros, soit 14,7% du total. La part du commerce bilatéral avec l’Union européenne était bien plus importante, totalisant environ 20 milliards d’euros en 2014, selon la Commission européenne.
Les échanges avec la Turquie, historiquement peu élevés, se développent et ont de beaux jours devant eux avec la perspective du nouveau service de fret maritime. Les exportations tunisiennes vers la Turquie ont atteint 157 millions de dollars (142,9 millions d’euros) en 2014, soit 0,9% du total, contre 829,6 millions de marchandises importées de Turquie (0,6% du total d’importations).