Une note datée du 30 juin 2016 du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) annonce à la communauté des enseignants et chercheurs Algériens inscrits le report de l’année »sabbatique », ou congé scientifique, de l’année 2016-2017 à l’année 2017-2018. Ce report s’explique par des de restrictions budgétaires. Dans cette Contribution, A. Mebtoul, professeur des Universités, estime qu’il faut bien cibler le rationnement budgétaire, induit par la baisse des recettes pétrolières.
1.-Il est clair que la rationalisation bien ciblée permet d’éviter ou du moins d’atténuer l’austérité devant rassurer la population algérienne et de ne pas voir toute la situation en noir, tout en étant réaliste. Mais souvent des responsables, faute d’idées, interprètent d’une manière restrictive. Ils oublient, solution de facilité, les économies de gestion et la réduction des segments improductifs afin de réduire les couts. Aussi, attention à deux dérives, la rationalisation sans analyse d’impacts et également, trop d’impôt tuant l’impôt, l’impôt direct étant le signe d’une plus grande citoyenneté, la facilité étant la généralisation de l’impôt indirect.
2.-La rationalisation souhaitable ne saurait signifier généralisation aveugle pénalisant les secteurs directement et indirectement productifs dont l’éducation et la santé. Là aussi il ne faut pas être utopique et je tiens à souligner avec force que l’Algérie, selon la majorité des institutions internationales et experts algériens n’a pas d’autres choix. Le niveau du cours des hydrocarbures étant faible pour une longue durée, sans réformes structurelles, l’Algérie ne pourra pas faire émerger des entreprises compétitives et épuisera ses réserves de change horizon 2018/2019
3.- Paradoxe, cette décision bloquante pour l’année sabbatique a été signée au moment de la fin de l’année universitaire, alors que les dossiers ont été déposés depuis plusieurs mois, certains ayant fait déjà des démarches auprès des centres de recherche et université étrangères et reviendront en Algérie avec une valeur ajoutée profitable au pays.
4.-Cela concerne, à peine 150/200 professeurs et Maître de conférences, de dix à 20 ans sinon plus d’expérience, décision qui donne une mauvaise image du savoir, favorisant la méfiance élites/pouvoir. Or un pays sans son élite, n’a pas d’avenir, étant comme un corps sans âme. Car le montant global entre trois et quatre millions d’euros pour cette année sabbatique qui devrait faire honneur au pays , pour les 150/200 enseignants-chercheurs, alors qu’aux dernières festivités l’on a ramené des chanteurs et chanteuses étrangers pour plus de 300.000 euros et ce pour chaque groupe et par spectacle , sans compter les nombreuses dépenses improductives que l’on peut rationaliser étant supérieure entre 50, 100 à 1000 fois ce montant, selon les secteurs.
5.- La symbiose Université/environnement économique est la seule condition afin que les entreprises publiques ou privées s’adaptent aux réalités mondiales, devant insérer dans leur business/plan, si elles veulent rester pérennes, la recherche développement. En ce XXIème siècle, tous les pays qui aspirent au développement fondent leurs actions sur l’économie de la connaissance, car relevant de la sécurité nationale.
6.- Pour éviter de mauvaises interprétations, n’étant nullement concerné, je sollicite, au nom du savoir, et au nom de mes collègues de l’Est- du Centre, du Sud et de l’Ouest , de son Excellence Mr le Président de la république dont je voue un grand respect et de Mr le Premier Ministre, une profonde amitié qui ont toujours affirmé la primauté de l’éducation de qualité , afin cet appel, au nom de mes collègues qui ne demandent que contribuer au développement national, soit pris en considération.
Abderrahmane Mebtoul
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Professeur des Universités, expert international