Chez l’oncle Sam et au pays du Monopoly, il est difficile de passer toute une vie sans s’endetter auprès d’une banque ou d’un fonds privé, ne serait-ce qu’une seule fois dans l’existence d’un citoyen américain lambda. Qu’il s’agisse d’acheter une voiture ou de se payer de simples fournitures, les crédits ont la peau dure et la case « bank » se trouve au bout d’un chemin de crête.
Si la crise financière engendrée par l’effondrement des crédits immobiliers dits les « subprimes » en 2007, nous a montré un aperçu de ce que peut provoquer une bulle spéculative qui éclate, une autre menace du même acabit a depuis fait du chemin aux Etats-Unis : celle de la dette des étudiants.
Nul n’ignore qu’accéder à l’université aux USA relève d’un parcours du combattant. Au-delà de ce long chemin tortueux, c’est la question des finances qui, souvent, finit par trancher et faire le tri parmi les millions de candidats nationaux et étrangers, souhaitant intégrer les bancs des facs américaines. Les frais annuels de scolarité pour les nationaux varient de 5 000 dollars à plus de 50 000 dollars pour les universités les plus prestigieuses, à l’image de celles de Stanford, Harvard ou Prinston.
La solution ? S’endetter ! Conséquence : les emprunts étudiants constituent la deuxième source de dette des ménages américains, après les prêts immobiliers. Le fardeau de ces remboursements, qui concernent un adulte sur six, réduit le niveau de vie des jeunes américains, au détriment de l’économie toute entière.
Sur les fameux « stock market » ou marchés financiers américains, il s’agit plutôt d’une aubaine. Dans un pays ou la spéculation fait partie intégrante de l’économie, une bulle financière se dessine toujours à l’horizon des prévisions des experts. Il s’agit plus concrètement d’un niveau de prix d’échanges sur un marché excessif par rapport à la valeur financière intrinsèque des biens ou actifs échangés.
Si la crise des subprimes de 2007, qui a vu s’écrouler des institutions bancaires de renom, à l’instar de Lehman Brothers, Merryl Lynch en passant par la Deutsche Bank, a été en partie provoquée par les emprunts dits « toxiques », sans cesse recyclés de manière à pouvoir accompagner la croissance exponentielle du secteur immobilier, les prêts étudiants ont engendré une dette quasi occulte, qui n’a montré aucune chute après la crise de 2008.
Son encours a été multiplié par six de 2003 à 2018 et le montant des défauts de remboursement a presque doublé sur les cinq dernières années. En 14 ans, elle est passé de 481 milliards de dollars début 2006 à 1683 milliards de dollars début 2020, selon les chiffres de Learnbonds.com. Aujourd’hui, environ 45,5 millions d’Américains ont contracté des dettes pour leurs études
Dans un contexte difficile marqué par une aggravation de la pandémie Covid-19 au pays de Donald Trump et à l’approche du scrutin présidentiel, le dossier de la dette étudiante devient alors un argument de campagne, à telle enseigne que les deux prétendants au bureau ovale n’hésitent pas à l’instrumentaliser à des fins électoralistes.
Ainsi, l’actuel locataire de la Maison Blanche a a décidé, le 8 août 2020, de geler ces 1 400 milliards de dollars dus par les anciens étudiants américains, jusqu’en 2021 au moins. Le démocrate Joe Biden, propose, lui, d’annuler partiellement ces dettes s’il est élu.