LDH, FIDH, OMCT
Trois ONG des droits de l’Homme signent un communiqué en commun
pour dénoncer « la politique répressive menée par les autorités
algériennes envers les citoyens du Hirak » tout en leur rappelant » leurs
obligations, en tant qu’Etat partie, dans le respect des droits humains
contenus dans les conventions et traités internationaux que l’Algérie a
signés et ratifiés ». Lit-on dans le communiqué.
Les trois organisations, la LDH (Ligue des droits de l’Homme)
, la FIDH (Fédération internationale pour les droits humains) et
l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) appellent « les sociétés
civiles et toutes les consciences libres partout dans le monde, à exprimer
leur solidarité avec les Algériennes et les Algériens dans leur lutte pour
les droits humains et les libertés démocratiques ».
S’appuyant sur des faits établis et documentés par des organisations
locales et internationales, les signataires attestent « d’une dégradation
permanente et de violations manifestes des droits et libertés
fondamentaux, depuis le 21 juin 2019, avec une aggravation et une
accélération depuis mars 2020, au début de la pandémie du Covid-19″.
« De celle ou celui qui exprime son opinion, notamment sur les réseaux
sociaux, jusqu’au dirigeant associatif ou politique, sans oublier la mise
en détention, au prix d’allégations fallacieuses ou arbitraires, de
journalistes, d’avocats, de politiques, de syndicalistes et de défenseurs
des droits humains ». Toutes les catégories sociales, toutes les
professions sont ciblées dans toutes les régions d’Algérie.
La pénalisation de tout engagement citoyen touche tout le monde. « Ce
fut le cas le 24 décembre 2022, de l’arrestation d’Ihsane El Kadi, »
ajoutent les ONG, « Une figure emblématique du journalisme
indépendant et du mouvement citoyen, dans des conditions d’arbitraire
total » écrivent les signataires qui rappellent l’interpellation à son domicile
à minuit, la garde à vue dans les locaux de la sécurité intérieure et son
placement sous mandat de dépôt le 29 décembre, ainsi que la mise sous scellés sans aucune décision de justice de l’entreprise Interface Médias » dont il est directeur.
A travers cette vague répressive, précisent-ils, les autorités algériennes
« tentent de briser définitivement la dynamique émancipatrice, citoyenne
et pacifique que constitue le mouvement populaire dit Hirak depuis le
22 février 2019″.
RSF
Reporter Sans Frontières reprend la pétition lancée en Algérie pour la
libération de El Kadi Ihsane. En soutien au journaliste et à ses médias
libres, l’ONG demande la signature de toute urgence de cette pétition et
appelle les autorités algériennes à faire libérer sans attendre Ihsane El
Kadi et à abandonner toutes les charges qui pèsent contre lui.
Ihsane El Kadi est un journaliste indépendant, fervent défenseur de la
liberté de la presse et directeur de la station algérienne Radio M et du
site d’information Maghreb Émergent, « deux médias critiques à l’égard
du pouvoir et de l’armée en Algérie. Soumis à un véritable harcèlement
politico-judiciaire, il fait l’objet d’intimidations croissantes du pouvoir
depuis des années explique RSF pour qui « la poursuite de sa détention
arbitraire et la procédure inique dont il fait l’objet sont intolérables ».
» Les voix libres ne doivent pas s’éteindre dans les geôles algériennes ».
Persiste l’organisation qui soutient la pétition des médias scellés, qui a
dépassé les 3000 signatures.
BBC
Les médias en Algérie sont moins libres et moins diversifiés que dans
certains autres pays d’Afrique du Nord. Le constat de la BBC qui informe
« les autorités ont bloqué des sites Web et détenu des journalistes depuis
le début du mouvement de protestation Hirak début 2019″, affirme la
radio anglaise.
Le « Le Parlement a adopté une loi criminalisant les fausses nouvelles, la
télévision et la radio d’État évitent les voix critiques et les opinions
dissidentes, à l’exception des stations en ligne. l’État détient le monopole
du secteur de la radio » note la BBC sur son site plus que cela « les
médias étrangers sont soumis à l’ingérence du gouvernement. En
2021, le gouvernement a retiré l’autorisation de fonctionnement de
France 24 et a révoqué l’accréditation du média saoudien Al Arabiya ».
Enfonce, la radio britannique.
https://www.bbc.com/news/world-africa-64423937
Alter News et Radio M
Emission spéciale spéciale de solidarité avec El Kadi Ihsane 30 jours en prison
Une émission débat organisée en solidarité avec le journaliste El Kadi
Ihsane animée par le journaliste Zoheir Aberkane , diffusée
simultanément sur Alter News et Radio M à partir de 21H , a donné la
parole ce 27 janvier à des militants, des mouvements associatifs et à
des avocats pour s’ exprimer sur la situation des libertés en Algérie et
des détenus d’opinion.
« Les autorités vont s’attaquer à toute organisation susceptible de les
déranger, tout ce qui est organisé sera réprimé » affirme le militant Zaki
hanache, qui a documenté les arrestations depuis le Hirak. Lanceur
d’alerte, il a obtentu le dernier prix Ali Boudoukha décerné par la
plateforme Media Interface, qui édite Maghreb Emergent et Radio M,
aujourd’hui sous scellés. Poursuivi dans une même affaire avec El Kadi
Ihsane, il est aujourd’hui réfugié en Tunisie en attendant d’obtenir son
statut d’ asile dans un pays qui voudra bien l’accueillir.
« Le seul crime de El kadi ihsane c’est d’ être un journaliste libre et de
diriger des médias libres. Affirme le militant pour les droits de l’Homme.
« Ils ne se sont pas battus pour remplacer un oppresseur par un autre ».
Le courroux de Pierre Audin, le fils du Moudjahid Maurice qui ne
comprend pas l’attitude des autorités algériennes. « En empêchant les
gens de parler ils vont les empêcher de penser ? S’interroge-t-il avant de
certifier qu’on a « un problème d’adéquation avec le temps, on est au 2
ème millénaire » soupire-t-il .
« C’est un coup d’ état sur les acquis d’octobre 88 » On revient
maintenant sur le droit de grève des syndicats » s’insurge Said Boudour
qui rappelle que El Kadi ihsane est co-fondateur du syndicat algérien
des éditeurs de presse électronique. La SAEPE, a depuis le premier jour
de sa création appelé les autorités à reconnaître les membres de la
presse électroniques, 35 médias, comme professionnels du métier.
affirme le journaliste.
Dans le pacte stratégique d ‘avenir il proposait déja, en 2018, l’institution
d’un fonds pour le développement des contenus numériques algériens et
dénonçait des pressions exercées sur les journalistes activant sur ces
sites. Parmi ses autres fondateurs » des responsables, aujourd’hui dans
les hautes sphères de l’état » témoigne le journaliste Said Boudour qui
regrette leur silence assourdissant. Les autorités n’ont jamais voulu
nous recevoir en tant que collectif, en tant que syndicat, seulement
individuellement, déclare-t-il.
Ihsane a milité avec ses moyens humains et matériels pour organiser les
médias électroniques et constituer un vis à vis professionnel du pouvoir,
Il a milité pour son indépendance y compris financière et depuis
longtemps » reconnaît Said Boudour.
Le journaliste Zoheir Aberkane annonce que la pétition lancée en Algérie
en soutien à Ihsane a été portée par RSF, sur son site et espère un plus
grand impact.
La communauté algérienne à l’étranger a eu la parole pendant ce débat «
C’est une dictature qui s’installe » alertent les militantes, Alia et Sanhadja
» On a intégré la terreur, la peur, imposée par le pouvoir. Ce qu’il fait
nous a donné envie de nous battre, nous ne sacrifierons pas nos acquis »
assurent-elles. Des Meetings et des rassemblements sont prévus
notamment le 17 février prochain pour dénoncer la répression, avec des
organismes de toutes les nationalités qui se battent pour la justice dans le monde. « L’arrestation de Ihsane nous redonne du souffle » affirment-t-elles
« C’est une bataille d’ opinion il faut y aller, il faut la gagner ». Soutient le
militant Toufik Allal » nous les algériens, nous n’avons pas l’UGTT » la
puissante centrale syndicale qui s’est mise au service du mouvement.
« Nous, on a le Hirak et les traces sont à venir, à travers ihsane et ses
médias quelque chose se joue qui dépasse la personne, ça aurait bien
pu être quelqu’un d’autre, un autre détenu…Quand on se libère, on ne
choisit pas, c’est l’adversaire qui nous l’impose « , explique le militant qui
appelle à maintenir la mobilisation.
» Le pouvoir exige le silence total.
Toutes les affaires depuis juin 2019 sont illégales frappées de plusieurs
vices de forme » Assure l’homme de loi, Madjid Hachour qui à son tour,
dénonce le 87 bis: « Même les magistrats ont eu du mal à trouver une
accroche pour fonder cet article » dit-il, dépité avant de reprendre son
souffle :
» Ils ont mis tout le monde au pas, ils voudraient mettre le peuple au pas
mais la suite nous appartient » porte l’avocat.
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