Un premier scénario du crash de l’avion d’Air Algérie qui s’est écrasé jeudi au Mali pourrait être livré « dans quelques semaines », selon Rémy Jouty, directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), organe chargé de l’enquête technique de l’aviation civile en France.
« Je pense que nous commencerons, je l’espère, à avoir un scénario dans quelques semaines », a déclaré mardi matin Rémy Jouty sur Europe 1. « Nous avons commencé par la lecture des données de l’enregistreur de paramètres parce que celui-ci était en meilleur état », a-t-il expliqué, rappelant que les deux boîtes noires de l’appareil sont arrivées lundi matin à Paris.
« S’il n’y a pas de problèmes de données erronées, d’incohérences », ces données pourront bientôt livrer des éléments, « c’est une question de jours, ça peut être rapide », a-t-il martelé.
« Le travail sur la lecture de l’enregistreur de conversations, lui, est toujours en cours parce qu’il est un peu plus endommagé », a poursuivi le directeur du BEA.
« Très concrètement, dans le cas de cet accident, l’enregistreur des conversations est à bande magnétique (…) La bande a été très fortement compressée pendant le crash (…), elle est froissée par endroits, a été rompue à quelques endroits », a-t-il expliqué.
« Donc, il faut reconstituer cette bande avant d’essayer de la lire (…) J’espère que ce sera une question de jours, mais s’il y avait des difficultés, cela peut être beaucoup plus long », a-t-il averti.
Malgré les défauts rencontrés sur l’enregistreur de conversations, M. Jouty s’est dit « raisonnablement optimiste », estimant que le BEA réussira « à avoir les données qui sont nécessaires pour comprendre ».
« L’urgence, c’est l’enregistrement sur les enregistreurs »
« L’urgence, c’est l’enregistrement sur les enregistreurs parce qu’il s’agit d’un enregistrement unique », qui se trouve « à bord de l’avion », alors que « les enregistrements des conversations sont des systèmes informatiques qui sont au sol, donc il n’y a pas de souci sur le fait que ce sont des enregistrements qui sont sauvegardés », a-t-il dit.
Interrogé sur l’information livrée lundi par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, selon laquelle l’équipage aurait demandé à faire demi-tour vers Ouagadougou, le directeur du BEA a indiqué que cette information « vient de rapports très préliminaires sur les échanges qu’a pu avoir cet avion avec le contrôle aérien au cours de son vol ».
Le vol AH5017 d’Air Algérie, qui reliait Ouagadougou à Alger, s’est écrasé jeudi au Mali, coûtant la vie à 118 personnes, dont 54 Français.
Samedi, le président français François Hollande a déclaré que « des faisceaux d’indices laissent penser que les conditions météorologiques ont été déterminantes » dans le crash, même si la France « n’écarte aucune hypothèse ».