Yacine Ghanes travaille chez Djezzy depuis 2001. Il est actuellement le directeur du déploiement de réseau chez le premier opérateur mobile en Algérie. Dans cet entretien accordé au Huffington Post Algérie, il parle du travail fourni par son département début 2014 afin de lancer la 3G et rattraper les deux autres opérateurs, de la relation de son employeur avec Algérie Télécom au niveau infrastructure ainsi que des défis futurs, notamment en matière du lancement de la 4G.
Djezzy a lancé la 3G un peu en retard par rapport aux deux autres opérateurs mais s’est vite rattrapé. Comment ça s’est fait ?
Yacine Ghanes: En fait, je ne pense pas qu’on a été en retard. Nous avons obtenu la licence en décembre 2013, et qui dit licence dit droit à l’importation des équipements 3G. Avant cette date, ce n’était pas possible. C’est ce qui est arrivé.Les équipes techniques ici, toutes confondues, ont travaillé d’arrache-pied pour mettre en service un réseau en à peine 3, 4 mois. Le réseau était près sur les quatre wilayas de la première catégorie (Alger, Constantine, Oran, Ouargla) en avril 2014. Donc en même pas 3, 4 mois, un déploiement a été fait et un réseau qui n’existait pas a vu le jour pour couvrir les wilayas citées.
Le lancement s’est bien sûr fait en juillet mais ça, c’est pour une autre raison. A cause de la double numérotation 3G/GSM. Pour le client, ce n’était pas simple d’utiliser ce concept-là, c’est pour ça que ça a pris du temps. Sinon, pour en revenir au “retard”, nous n’étions pas en retard, nous étions au rendez-vous par rapport aux engagements que nous avons pris.
Aujourd’hui, la 3G de Djezzy est présente dans 25 wilayas, donc entre avril 2014 et avril 2015, ce sont plus de 20 wilayas qui ont été couvertes…
Effectivement, 25 wilayas. Ça veut dire qu’on a bouclé l’année dernière avec 20 wilayas, et depuis janvier on a rajouté 5 autres, Et on travaille aussi sur la préparation d’autres wilayas qui vont être lancées en décembre.
Quels sont vos prochains objectifs en ce qui concerne la 3G ?
C’est déjà d’anticiper l’arrivée de la troisième année (du lancement de la 3G en Algérie, ndlr), on est donc déjà en train de travailler dessus. Nous sommes au mois de mai, et les wilayas qu’on va couvrir en décembre, on ne peut pas les lancer avant.
Selon notre cahier de charges, ce sont des wilayas qui s’inscrivent dans l’année numéro 3, mais techniquement, elles sont en cours de déploiement. Ça veut dire qu’aujourd’hui, les installations ont commencé. Ça commence par la partie théorique, le design, etc, tout ça est fait. Et le déploiement sur le terrain est maintenant en cours.
Les premières wilayas de l’année 2016, ou de la troisième année selon le cahier de charges, sont en cours de déploiement et vont être lancées en décembre 2015. On ne va pas attendre courant 2016.
En ce qui concerne le réseau internet, à quel degré dépend Djezzy du réseau d’Algérie Télécom ?
Tout ce qui est trafic international passe par eux, et c’est le cas de tous les opérateurs. Nous n’avons pas le droit d’utiliser nos propres infrastructures sur la partie trafic international. Maintenant, en ce qui concerne le trafic national, il nous arrive de louer ce qu’on appelle des “lease lines” pour les wilayas du sud, parce que nous sommes en train de développer nos propres lignes à capacité de transmission importante, mais elles ne sont pas encore en service.
Est-ce que c’est la législation qui vous oblige à passer par Algérie Télécom ?
En ce qui concerne le trafic international, oui. Il y a une législation qui est là et qui dit que le transport de ces données doit passer par Algérie Télécom. C’est une obligation, nous n’avons pas le choix.
Pensez-vous que la bande passante internationale dont dispose Algérie Télécom limite les possibilités pour les opérateurs mobiles, notamment en matière de capacité ?
Je ne pense pas, non. En fait, c’est une décision, c’est la réglementation en vigueur. Nous, nous avions notre propre infrastructure à l’époque, mais depuis 2010, une loi ou un arrêté a vu le jour stipulant que tout opérateur de télécommunications, ou autre, doit passer par Algérie Télécom (en ce qui concerne internet). Chaque opérateur aspire bien sûr à avoir sa propre infrastructure, mais on respecte la réglementation.
En début d’année, la ministre des Technologies de l’information et de communication a annoncé le lancement de la 4G pour la fin 2015. Est-ce que Djezzy pense déjà à la 4G ?
Oui, bien sûr. Les équipes techniques et spécialement le monde de l’engineering s’est déjà documenté sur la 4G. On y pense et l’entreprise se prépare à ça à travers des workshops. Il y a des équipes qui s’informent auprès des équipementiers que nous avons actuellement. Ils commencent à s’informer et ça ne date pas uniquement d’aujourd’hui, ça dure depuis plusieurs mois. Les gens essayent aussi de savoir ce qui se passe sur ce terrain de jeu.