L’augmentation de l’allocation touristique fait actuellement l’objet de nombreuses spéculations. Alors que le président Tebboune a promis une hausse “substantielle” après 27 ans de stagnation, le montant précis reste encore flou, malgré les projections des experts.
Le contexte régional montre que l’Algérie a du retard : la Tunisie offre déjà 1800 euros d’allocation annuelle, tandis que la Libye et l’Égypte accordent 10 000 dollars. L’actuelle allocation de 15 000 dinars (environ 100 euros) est devenue dérisoire, poussant de nombreux voyageurs vers le marché noir des devises.
Dans les coulisses de cette potentielle réforme, notre rédaction a entrepris de lever le voile en contactant directement les principaux acteurs bancaires. Mais le silence prévaut. Ni la Banque Extérieure d’Algérie (BEA), ni le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) n’ont consenti à délivrer le moindre éclairage sur le futur montant de l’allocation. Cette discrétion ajoute au mystère entourant cette mesure très attendue.
Sous la pression des calculs
Parmi les experts, Chabane Assad, fondateur de Finabi Conseil, propose un scénario qui semble avoir retenu l’attention : une allocation de 700 euros par adulte, soit 98 560 dinars au taux de change officiel de la Banque d’Algérie (140,80 dinars pour 1 euro), et 350 euros par enfant. Son calcul, basé sur les besoins réels d’une famille en vacances, aboutirait à un budget total de 2 050 euros pour quatre personnes.
Au-delà des calculs individuels, les implications économiques de cette mesure sont significatives. Le coût total pour l’État est estimé à environ 3 milliards d’euros annuels, un investissement considérable qui pourrait potentiellement concerner 5,8 millions de voyageurs sortants. Le financement de cette mesure repose sur deux mécanismes principaux : les transferts de la diaspora, qui ont atteint 1,868 milliard de dollars en 2023, et la collecte des flux physiques via des bureaux de change agréés.
Mais si la perspective semble séduisante, les enjeux économiques sont multiples. La Banque d’Algérie devra arbitrer en tenant compte de multiples paramètres. L’objectif est de répondre aux attentes légitimes des voyageurs sans déstabiliser les équilibres financiers du pays. Les experts mettent en garde contre un risque majeur : transformer cette allocation en une forme d’épargne alternative qui détournerait des ressources de l’économie réelle.
Plus largement, un objectif stratégique se dessine : porter un coup significatif au marché parallèle des devises. Les projections suggèrent une baisse potentielle du cours de l’euro sur ce marché informel, avec un probable effondrement de la demande parallèle.
Conscients de ces enjeux complexes, certains acteurs politiques poussent encore plus loin la réflexion. Le député Abdelouahab Yagoubi, par exemple, plaide pour des montants encore plus élevés, allant jusqu’à 3600 euros, afin de “préserver la dignité des ressortissants”
Malgré ces différentes propositions, la situation reste en suspens. La mise en œuvre est prévue dans la loi de finances 2025, mais le montant exact reste à définir. Pour l’heure, 700 euros (98 560 dinars) n’est qu’une estimation, fruit de réflexions d’experts, et non une décision officielle.