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Débâcle en ligne de l’AADL 3 : Un test raté pour l’infrastructure numérique algérienne

L’ambitieux programme de logement AADL 3 vient de connaître un démarrage chaotique, révélateur des failles béantes dans la stratégie numérique algérienne. Alors que le gouvernement prône la modernisation et la dématérialisation des services publics, la réalité sur le terrain est tout autre.

Le fiasco du lancement des inscriptions au programme AADL 3 est symptomatique d’un pays qui peine à entrer dans l’ère numérique. Dès l’ouverture de la plateforme, le site web de l’AADL s’est effondré sous l’afflux massif des demandes, laissant des milliers de citoyens dans la frustration et l’incompréhension.

« Des soucis techniques et aussi organisationnels », déplore un internaute, pointant du doigt la double nature du problème. Un autre utilisateur s’insurge : « Ouvrir une plateforme à 21h, c’est quand même absurde », soulignant l’inadéquation des horaires choisis avec les pratiques numériques modernes. Ces commentaires critiques illustrent une insatisfaction plus large face à l’insuffisance des infrastructures numériques du pays.

Ce fiasco contraste fortement avec les meilleures pratiques internationales en matière de lancement de plateformes numériques. « Les standards mondiaux préconisent une approche progressive : des lancements par phases, des tests de charge approfondis, et une communication transparente sur les éventuels problèmes techniques », nous explique un spécialiste.

L’AADL, en revanche, semble avoir opté pour une stratégie « big bang » risquée, sans préparation adéquate, ni plan de secours. Cette démarche révèle non seulement des lacunes techniques, mais aussi une méconnaissance des enjeux liés aux déploiements numériques à grande échelle.

Le ministre de l’Habitat en mode « damage control »

Face à cette débâcle, le ministère de l’Habitat s’efforce de contrôler les dégâts. Dans un communiqué, le département de Tarek Belaribi tente de minimiser l’ampleur de l’échec en mettant en avant des chiffres supposément positifs. Le ministère se félicite ainsi de « 510 000 inscriptions réussies », un nombre qui semble impressionnant de prime abord.

Cependant, cette tentative de redorer l’image du programme se heurte à une réalité bien plus sombre. Le ministère évoque des « tentatives de piratage » pour justifier les problèmes techniques rencontrés, une explication qui peine à convaincre face à l’ampleur des dysfonctionnements observés. Cette stratégie de communication soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, notamment sur la sécurité et la robustesse des infrastructures numériques de l’État.

En réalité, cet incident n’est que la partie émergée de l’iceberg. Classée 112e dans l’index de développement de l’e-gouvernement des Nations Unies en 2022, le pays peine à concrétiser ses ambitions numériques. Les appels répétés du président Tebboune à « accélérer la cadence » du processus de numérisation sonnent comme des vœux pieux face à l’inertie administrative.

Ce dernier épisode AADL met en lumière l’urgence d’une refonte profonde de l’approche numérique du pays. Il ne suffit pas de décréter la modernisation, encore faut-il s’en donner les moyens techniques et humains. Sans une véritable stratégie cohérente et des investissements massifs dans les infrastructures et la formation, l’Algérie risque de rester à la traîne de la révolution numérique mondiale.

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