Chute des prix du pétrole : Le gouvernement algérien mis à rude épreuve - Maghreb Emergent

Chute des prix du pétrole : Le gouvernement algérien mis à rude épreuve

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Le gouvernement qui a calculé sa loi de finances 2020 à un baril de référence à 50 dollars,  se retrouve dans l’obligation de revoir ses calculs.

La chute des prix du baril et son impact sur les recettes des hydrocarbures, ont rappelé au gouvernement l’obligation de faire sortir l’Algérie de sa dépendance aux hydrocarbures.

Cette dépendance qui assure 60% des dépenses budgétaires et plus de 90% des entrées en devises du pays, constitue pour le gouvernement Djerrad un défi de taille à relever. Avec des réserves de change qui  sont passées de près de 180 milliards de dollars en 2014, à 62 milliards de dollars en 2019, le gouvernement est sommé de réformer l’économie pour éviter un scénario cauchemardesque.

Selon l’expert pétrolier international, Mourad Preure, « la situation est critique ». « Nous sommes face à un véritable choc baissier, plus grave encore qu’en 2014. Ce choc survient dans un contexte exceptionnel. L’économie chinoise subit un sévère ralentissement qui a un effet déflagrant sur l’industrie pétrolière mondiale », a déclaré l’expert à l’agence AFP.

Pour Preure, cette situation impose un effort rigoureux d’anticipation des menaces mais aussi des opportunités. « Parmi les priorités, figurent une puissante accélération des réformes économiques, une profonde modernisation de la gouvernance et une amélioration du climat des affaires », a-t-il souligné.

Le gouvernement tente de limiter les dégâts

Le gouvernement qui a calculé sa loi de finances 2020 à un baril de référence à 50 dollars,  se retrouve dans l’obligation de revoir ses calculs, et à prendre des mesures d’urgence pour limiter les effets de la crise.

Pour faire face à cette situation, le président de la République a annoncé une série de mesures à mettre en œuvre dans l’immédiat. Ainsi, il a été décidé de la réduction du montant de la facture d’importation de 41 à 31 milliards de dollars, et des dépenses du budget de fonctionnement de 30%.  Aussi, il a été donné, également, une instruction pour arrêter la signature des contrats d’études et de services avec les bureaux étrangers, ce qui épargnera à l’Algérie près de 7 milliards de dollars par an.

Le  groupe Sonatrach a été aussi instruit à réduire, de 14 à 7 milliards de dollars, les charges d’exploitation et les dépenses d’investissement afin de préserver les réserves de change.

Malgré tout, le gouvernement reconnaît que cette crise sanitaire et économique majeure a précipité les actions stratégiques, longuement discutées et jamais appliquées jusque-là.

Dans ce même conseil des ministres dans lequel ont été décidées ces mesures d’urgence, le président de la République a affirmé que « nous devons nous préparer sérieusement pour surpasser les répercussions de la crise économique mondiale ».

Il a ajouté que, « c’est également une occasion pour nous de prendre conscience de la vulnérabilité de notre économie nationale, en raison de notre négligence pendant des décennies à la libérer de la rente pétrolière ».

Il a aussi indiqué qu’il était « impératif de mettre un terme aux mauvaises pratiques qu’a inculquées la période de l’aisance financière, à l’exemple du gaspillage, de l’esprit dépendantiste, de fainéantise et de surconsommation ».

Ainsi, la situation actuelle interpelle le gouvernement, aujourd’hui plus que jamais, sur l’urgence de diversifier l’économie nationale, à travers la libéralisation une bonne fois pour toutes de l’initiative privée, et l’instauration d’un meilleur climat des affaires.  

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