Incendies : visionnaire, voici ce qu'expliquait un spécialiste en 2017 concernant les avions "Canadair" - Maghreb Emergent

Incendies : visionnaire, voici ce qu’expliquait un spécialiste en 2017 concernant les avions “Canadair”

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Le prix d’un Canadair CL415 est d’environ 25 millions d’euros suivants le modèles. L’heure de vol d’un Canadair revient à environ 18 000 dollars.

Depuis pratiquement 5 ans, l’Algérie fait régulièrement face à une série d’incendies qui frappent différentes régions du territoire, notamment en saison estivales, emportant avec eux des dizaines de vies humaines et causant à chaque fois des dégâts matériels et économiques inestimables.

Cette année, c’est encore le cas ! En effet, une centaine de départs de feux se sont produits depuis le lundi 9 août, dans une quinzaine de wilayas, dont celle de Tizi Ouzou, qui enregistre déjà un bilan noir de 65 victimes.

Face au manque de moyens matériels et humains pour éteindre rapidement les flammes et faire face à telles catastrophes naturelles, parfois d’origine criminelle, une question devenue redondante est reprise par tous les spécialistes : pourquoi l’Algérie ne se dote-t-elle pas d’avions canadairs, capables de survoler des régions montagneuses et difficilement accessibles sur terrain, et en ciblant des zones potentiellement dangereuses.

Ceci d’autant plus que le Premier ministre algérien, Aimene Benabderrahmane, a annoncé que le gouvernement est en négociations avancées avec plusieurs pays européens pour la location de ce type d’équipements aéronautiques, suite au drame survenu à Tizi Ouzou.

Conçu par l’industriel canadien Bombardier, le Canadair est le plus connu des avions de lutte contre les incendies. Il a la capacité de voler 1400 km à la vitesse de 350 km/h. La première livraison d’un Canadair de type « CL-215 » a été réalisée en 1969.

Le prix d’un Canadair CL415 est d’environ 20 à 25 millions d’euros suivants le modèles. L’heure de vol d’un Canadair revient à environ 18 000 dollars.

Le canadair fait le plein d’eau directement en vol en passant en rase-motte au-dessus d’un lac, d’une rivière, ou même de la mer, en déployant des écopes sous le fuselage. Le plan d’eau doit avoir une profondeur minimale de 1,40 mètre et le survol en remplissage s’effectue sur une longueur d’environ 450 mètres à une vitesse sur l’eau variable entre 140 et 160 km/h (entre 75 et 85 nœuds approximativement).

Cette opération est assez délicate et nécessite une formation spéciale des pilotes. Les écopes sont de petites ouvertures de 10 × 12 cm placées sous le fuselage. Il faut de 9 à 12 secondes d’écopage pour remplir les deux réservoirs de 3000 litres chacun.

Quels sont les alternatives à ces avions que l’ancien directeur de la protection civile, feu colonel Mustapha Lahbiri, considéraient comme superflus ?!

En 2017 déjà, le spécialiste des questions sécuritaires et directeur du site menadefense.net, Akram Kherief, expliquait à Maghreb Emergent, comment les anciens responsables en poste, a la tête de la protection civile, ont jugé “inopportun” de s’équiper en avions spécialisés dans la lutte contre les incendies ou les fameux “Canadair” de Bombardier.

D’après lui l’Algérie a investi 100 millions de dollars entre 2011 et 2017, pour l’acquisition de six hélicoptères. Pourquoi jusqu’en 2017 ? La réponse est parce qu’à l’époque, le chargé de communication à la direction générale de la protection civile, le commandant Farouk Achour, avait déclaré à la presse que l’institution en question a déjà réceptionné deux hélicoptères alors que quatre restants seront livrés “vers la fin de cette année”.

Par ailleurs, M. Kherief les moyens de lutte aérienne dont dispose la protection civile sont les suivants : six hélicoptères Agusta Westland AW139, qui disposent de capacité de vision nocturne et thermique et donc de détection de départ de feu, deux hélicoptères Alouette III, des avions mono-moteurs Safir, qui sont, en théorie utilisés pour la surveillance aérienne. Il note, également, que les six hélicoptères AW 139 ont été très peu utilisés à cause de problèmes de maintenance et de fiabilité techniques.

Alors en attendant que des avions Canadair soient acquis ou loués par l’Algérie, quelles sont les solutions “ad-hoc”, qui s’offrent à la direction de la protection civile et celle de la protection des forêts, pour lutter plus efficacement contre les incendies ?

L’expert en questions de défense préconise, entre autres, de transformer l’ensemble de la flotte algérienne de C130 en bombardiers, en s’équipant de kits transformant l’Hercule en un Canadair, dont les soutes se remplissent d’eau. En 2017, ces valaient environ 2 millions de dollars l’unité.

Selon la même source, l’Algérie dispose également de 15 gros porteurs Ilyushin Il76 MD et TD, qui peuvent être transformés en bombardier d’eau prêt à larguer 40 000 litres d’eau sur les feux. D’après M. Kharief, le prix de ce kit ne dépasserait pas le million de dollars (2017). En plus des avions, l’Armée de l’Air dispose d’une centaine d’hélicoptères moyens Mi 8/17/171/171Sh. « Cette flotte équipée de réservoirs largueurs d’eau peut, virtuellement, envoyer des centaines de milliers de litres d’eau à très peu de frais », note-t-il.

Il ajoute que “le dispositif de largage de 4500 litres d’eau pour Mi 17 coûte 1200 dollars, celui de 20 000 litres pour les Mi 26, 3360 dollars. Si l’on décidait donc d’en équiper la moitié de la flotte militaire, cela représenterais moins de 100 000 dollars d’investissement. Pour une capacité de largage de 360 000 litres, soit l’équivalent de 60 Canadairs”.

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