Maroc/Covid-19: la situation épidémiologique suscite l'inquiétude

Maroc/Covid-19: la situation épidémiologique suscite l’inquiétude

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Depuis plus de deux semaines, le bilan quotidien des contaminations au COVID-19 au Maroc est passé au-dessus de la barre des 1.000 cas, le nombre des cas graves et critiques explose, celui des personnes sous respiration artificielle ne cesse d’augmenter alors que le nombre de décès enregistre un record tous les jours.

Une situation jugée inquiétante qui interpelle tout un chacun et notamment les responsables du ministère marocain de la Santé.

Cette situation inquiétante a interpellé le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Lors d’une visioconférence tenue jeudi dernier depuis Genève, Tedros Adhanom Ghebreyesus a affirmé que “le nombre de cas de contaminations et de décès au Maroc reste faible en comparaison avec d’autres pays, mais la tendance est à la hausse”.

“La situation deviendra plus grave si cette tendance haussière se poursuit”, a-t-il averti, appelant les autorités marocaines à “faire plus” pour inverser cette tendance et à “être plus fermes” dans les mesures prises pour endiguer la pandémie.

Il faut dire que le Royaume a enregistré mercredi dernier un record en termes de nouvelles contaminations, avec 1.499 nouveaux cas. Un autre triste record a été enregistré jeudi avec 28 nouveaux décès.

Le nombre de contaminations a atteint des proportions alarmantes. Le système de santé est dépassé, le ministère de tutelle multiplie l’ouverture de nouvelles unités de soins. De leur côté, les autorités locales cadenassent des quartiers entiers dans les villes le plus touchées par le virus. Sauf qu’aujourd’hui, le nombre de personnes contaminées se compte non plus en dizaines, mais en centaines.

Depuis le début de la deuxième étape du déconfinement, le 24 juin dernier, la situation épidémiologique dans le Royaume a complètement changé en ce sens que l’indice de propagation du virus ne cesse d’évoluer et le gouvernement n’arrête pas de tirer la sonnette d’alarme, affirmant à chaque fois que la situation est “inquiétante”.

Force est de constater que la poussée record des contaminations et des cas critiques liés à la pandémie du COVID-19 depuis que le Royaume a décidé de déconfiner la population, est en train de ruiner tous les efforts auparavant consentis par les autorités.

Et au regard de la situation actuelle, l’on est en mesure de s’interroger sur l’utilité de toutes les mesures restrictives qui avaient été prises et auxquelles la population avait adhéré avec civisme, patriotisme et un haut degré de responsabilité.

Le constat, aujourd’hui, est amer. Entre le 3 et le 14 août, le Maroc a recensé 13.704 nouvelles contaminations au COVID-19 et 229 décès, portant le bilan total des cas confirmés à 39.241 pour 611 décès.

Si au plus haut de cette crise sanitaire, le Maroc était cité en exemple pour sa gestion efficace de cette pandémie, actuellement, force est d’admettre que le déconfinement est un échec.

Avec comme conséquences le durcissement des mesures de restriction dans certaines villes comme Tanger, Fès et Asilah, le renforcement des contrôles pour s’assurer du respect des gestes barrières et de nouvelles dispositions pour mieux gérer les structures sanitaires du pays qui commencent à être saturées.

Une situation qui explique, également, le sérieux camouflet essuyé par le Royaume de la part de l’Union européenne. Car, depuis le vendredi 7 août, le Maroc a été retiré de la liste des pays exemptés de restrictions de voyage à cause d’une recrudescence des cas de contagions par le COVID-19.

Le constat non souhaitable de l’explosion subite des cas de contamination a amené le ministère de tutelle à changer de ton, exprimant vertement son inquiétude quant à l’évolution de la pandémie au Maroc. Le ministère avait même laissé entendre que si la situation se dégradait encore, elle deviendrait vite incontrôlable.

Au niveau international, le Royaume devient ainsi 61e mondial en nombre de décès et 58e en termes de contaminations. A l’échelle du continent africain, le Royaume est maintenu à la 6ème place.

Pourquoi en est-on arrivé là? Et à qui incombe alors la responsabilité de ce fiasco post-confinement ? plusieurs interrogations sont posées pour expliquer cette situation alarmante.

Il faut dire que plusieurs facteurs sont à l’origine de cette débâcle. D’abord, il fallait relancer l’économie nationale en autorisant le retour de l’activité industrielle. Les entreprises ont été invitées à reprendre leur activité, le 24 juin dernier, dans le respect d’un protocole d’hygiène et de sécurité sanitaire prédéfini. Mais, de nombreuses unités de production ne se sont pas conformées aux guides sanitaires élaborés à cet effet et n’ont pas respecté les mesures sanitaires recommandées. Et du coup le résultat a été on ne peut plus catastrophique avec la multiplication des clusters, puis des foyers industriels et professionnels. Les cas de Lalla Maymouna, Laâyoune et Safi sont édifiants.

On ne peut critiquer les autorités publiques pour avoir levé les mesures restrictives et permis aux citoyens de renouer avec la liberté après plus de trois mois de confinement.

On ne peut leur en vouloir non plus d’avoir voulu relancer une économie nationale mise à terre, étouffée et essoufflée à cause de l’arrêt de l’appareil productif. En définitive, on ne peut actuellement en vouloir qu’aux citoyens.

En l’absence d’un vaccin fiable, efficace et validé par l’OMS, le seul remède contre le COVID-19 reste le comportement responsable de chaque individu au sein de la collectivité, à travers notamment le respect des mesures barrières.

Malheureusement, ces mesures ne sont nullement respectées par les citoyens qui ont fait montre d’un comportement d’insouciance et une quasi indifférence face à un virus qui fait des ravages dans la société.

Un relâchement général a été constaté dans la population. Le port du masque est devenu optionnel et avec le temps, rare voire absent. La distanciation sociale n’est plus qu’un slogan. Pourtant, les autorités publiques avaient bien insisté, et n’ont cessé d’appeler au respect strict des mesures barrières depuis les premiers jours de l’allègement du confinement.

Quoi qu’il en soit, la situation épidémiologique actuelle suscite une sorte d’inquiétude légitime et nécessite une réévaluation pour s’arrêter sur les défaillances ayant conduit à cette flambée de cas de contamination et prendre les mesures adéquates qui s’imposent pour sortir de cette crise sanitaire avec le moins de dégâts.

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