Médicaments : comment la baisse de la facture d’importation a créé la crise - Maghreb Emergent

Médicaments : comment la baisse de la facture d’importation a créé la crise

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La préoccupation du gouvernement, ces dernières années, est de réduire au maximum les importations qui ont fait explosées les dépenses du Trésor public. Mais cette réduction, n’a pas été sans conséquences sur la disponibilité de certains produits de première nécessité.

Au-delà des produits alimentaires, le médicament pour le traitement de certaine maladie enregistre un manque sensible sur le marché. Si la politique du ministère de l’Industrie pharmaceutique vise à encourager la production locale et réduire ainsi l’importation, cette même industrie n’est pas en mesure de remplacer toutes les formes de traitement.

Dans une déclaration à la presse, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, avait annoncé à la fin de l’année passée que l’importation de médicaments ne dépassera pas 1,2 milliard de dollars en 2021. Il avait déclaré, avec fierté, que « trois médicaments sur quatre sont fabriqués en Algérie, soit une moyenne de 76% ».

Il s’agit généralement de médicaments fabriqués sous licence par des usines publiques ou privées, dont les laboratoires sont installés en Algérie. 500 lignes de production ont été lancées en 2021 pour accroitre la production locale. Ceci a permis à l’Algérie de réduire la facture d’importation de 300 millions d’euro en 2020, et de 800 millions en 2021. 

Les cancéreux restent les plus touchés par la pénurie

Ainsi, depuis la création en juillet 2020, du ministère de l’Industrie pharmaceutique, un seul objectif est tracé par Benbahmed : baisser la facture d’importation. Alors qu’elle ne s’est pas détachée du chiffre élevé de 2 milliards de dollars, durant des années, une économie de 800 millions d’euros en 2021, représente une réussite pour le département de Benbahmed.

Seulement, si le trésor public a cessé de souffrir de la lourde facture du médicament importé, les grands malades, tels que les cancéreux, leur souffrance par contre, a doublé.

Les anticancéreux restent la classe thérapeutique la plus touchée par les pénuries, les ruptures de stock et les tensions sur plusieurs produits pharmaceutiques. La Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) qui approvisionne les établissements hospitaliers, continue d’enregistrer de sérieuses perturbations dans la disponibilité.

Selon les déclarations de responsables de la PCH, les fournisseurs principaux de l’Algérie des traitements pour les cancéreux, ont stoppé leur production, alors que certains laboratoires européens les commercialisent au prix fort.

Une situation qui est due à la contrainte budgétaire qui ne cesse de compliquer davantage la prise en charge du cancer dans notre pays, car Il faut des autorisations pour pouvoir importer ces médicaments à des prix aussi élevés. Ce qui fait de l’Algérie un des derniers pays du Maghreb à avoir accès aux thérapeutiques innovantes.

Pour assurer une meilleure prise en charge en la matière, les spécialistes appellent à l’optimisation de l’utilisation du fonds cancer et le déblocage du financement des thérapies innovantes, ce qui n’est pas de nature à conforter la politique d’austérité du département de Benbahmed.

Du côté des pouvoirs publics, l’attente de l’installation de l’Observatoire national de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, continue de durer dans le temps. Un organisme qui, une fois installé, sera associé au Comité des experts cliniciens, et permettra d’assurer la disponibilité des médicaments sur le marché.

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