Sonatrach : la raffinerie Augusta pourrait compromettre l’optimisation des dépenses du groupe - Maghreb Emergent

Sonatrach : la raffinerie Augusta pourrait compromettre l’optimisation des dépenses du groupe

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Au moment où Sonatrach se tourne vers une politique d’optimisation de ses dépenses, sous le poids des impératifs liés à la pandémie du Coronavirus ainsi que la chute des prix du pétrole, la gestion de la raffinerie d’Augusta, acquise en Italie en 2018, lui coûte un bras.  

En effet, pour renflouer les caisses de cette gigantesque raffinerie, Sonatrach a dépensé plus de 500 millions de dollars l’année passée, selon plusieurs médias. Avec l’arrivée de la crise sanitaire du Covid-19, des dépenses supplémentaires sont venus se greffer à celles déjà consenties par la compagnie nationale, dépassant les 450 millions de dollars.

Lors de l’achat de cette raffinerie par Sonatrach, pour la somme de 700 millions de dollars, la presse italienne avait indiqué que la remise en l’état de cette raffinerie, vieille de 70 ans, nécessite au moins 100 millions d’Euros d’investissements. La direction du groupe public a souligné, de son côté, que le fonctionnement et l’achat des matières premières de la raffinerie coûteraient au moins 300 millions de dollars annuellement.

Qui plus est, les équipements de la raffinerie ne sont pas adaptés au traitement de brut léger de l’Algérie, mais plutôt du brut lourd comme celui de l’Arabie Saoudite. Pour cela, la compagnie nationale a contracté, en décembre 2019, un prêt de 150 millions de dollars auprès de l’Arab Petroleum Investment Corporation (Apicorp), pour l’achat de brut de la Saudi Aramco à destination de la raffinerie d’Augusta. Un prêt qui s’ajoute à celui devant servir à soutenir la maintenance de la raffinerie, qui est de l’ordre de 100 millions de dollars.

A l’origine de cette histoire, une gestion chaotique du « dossier Augusta »

Par ailleurs, ces coûts et dépensesengendrés par cette première acquisition de Sonatrach à l’étranger, annoncée en grande pompe à l’époque de l’ancien P-DG Ould Keddour, sont la conséquence d’une mauvaise gestion de la part des cadres de la compagnie pétrolière nationale.

En effet, en cette délicate période de crise que vit le pays, aucune solution n’a été trouvée à ce jour par le staff de Sonatrach, pour stopper l’hémorragie financière de la plus importante compagnie de l’Algérie. Cette acquisition à l’étranger, devant propulser l’entreprise publique au rang de grande compagnie pétrolière mondiale, semble devenir un fardeau budgétaire. La direction générale du groupe prévoit des dépenses dépassant le milliard de dollars d’ici décembre 2020.

Mais la direction de l’entreprise semble n’en avoir cure du ‘’dossier Augusta’’, et des dizaines de millions de dollars dépensés chaque mois. De plus, toute initiative venant des hauts responsables de Sonatrach peut s’avérer dangereuse. En cause, une instabilité devenue endémique dans les rangs gestionnaires du groupe, mais aussi par le risque accru de représailles judiciaires.

Le dernier épisode en date a eu lieu 2 juillet dernier. Le tribunal de Bir Mourad Rais a mis en examen plusieurs anciens et actuels hauts responsables de Sonatrach. Ahmed Mazighi, l’ancien vice-président de Sonatrach en charge de la commercialisation a été incarcéré après être accusé de dilapidations et de gaspillages de deniers publics ainsi que d’octroi d’indus avantages. Ces accusations concernent les conditions d’acquisition de la raffinerie Augusta par la compagne nationale des hydrocarbures Sonatrach, auprès de l’Américain ExxonMobil.

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