On ne peut donc rester plus longtemps encore en ce monde cloisonné, fermé par d’illusoires frontières ni dans le désordre actuel hérité d’un ordre saturé qui fait fi de la basique solidarité entre ses minorités riches de plus en plus riches et sa majorité de pauvres*.
Si le monde est crise, il est surtout en danger; mais c’est loin d’être une fatalité. Plus que jamais même, le péril qu’encourt toute l’humanité incite à se remettre en cause pour trouver urgemment, d’une façon ou d’une autre, une manière différente de vivre ensemble. Un autre monde est possible, il suffit d’y croire et d’agir pour le concrétiser.
Sortir d’un monde désenchanté
Repenser le monde devenu inhumain, c’est se convaincre qu’il a le plus besoin d’un ambassadeur de paix pour s’atteler à cette rude tâche, plus que jamais impérative, de modérer les excès, concilier les points de vue opposés. C’est de l’action et non de vaines paroles qu’il faut pour arriver à sortir de l’état inertiel déplorable figeant le monde dans une flagrante absence de solidarité et d’humanité.
On le sait, la force de l’inertie peut être insurmontable, notamment quand elle se fonde sur cette banalité du mal qu’est le dogmatisme; aussi l’action nécessaire, pour réussir à débloquer les situations figées, doit savoir arrondir les angles, tout en étant intraitable sur les principes.
Ce serait le meilleur moyen de rapprocher les gens quand ils sont si opposés par leurs idées bien qu’ils ne soient guère dissemblables de par leurs aspirations dont les aspects basiques sont si semblables : ce mieux-être matériel ou moral.
Là est le vrai défi à la morosité ambiante qui s’est installée à la faveur d’un conformisme logique devenu par trop meurtrier et à la guerre sans merci que se livrent les plus grandes forces du monde. Celui du dogmatisme aussi bien religieux que profane qui met le feu aux poudres en se servant des croyances pour influencer les esprits par l’essentialisme qui se radicalise faisant ce mal banalisé qu’est le terrorisme mental source de tout terrorisme.
C’est en s’acceptant les uns les autres tels qu’on est, avec nos qualités et défauts, que le vivre-ensemble devient possible entre les individus. Il en va de même entre les États. Si le monde est à ce point désenchanté, c’est à cause de l’égoïsme des ces monstres froids que sont les entités étatiques et leur enfermement sur leurs sacrés intérêts. Or, dans un monde globalisé, il n’est plus d’intérêts privatifs; ils sont systémiques, interdépendants.
On ne peut donc rester plus longtemps encore en ce monde cloisonné, fermé par d’illusoires frontières ni dans le désordre actuel hérité d’un ordre saturé qui fait fi de la basique solidarité entre ses minorités riches de plus en plus riches et sa majorité de pauvres. D’autant mieux que ces derniers, de plus en plus malheureux, sont exploités non seulement par leurs propres dirigeants, mais aussi et bien plus par ceux du monde en cet « immeuble planétaire » qu’est désormais l’univers.
Un sursaut de solidarité véritable est déjà en cours, de façon informelle, au mieux, mais sauvage le plus souvent, à travers des communions émotionnelles réunissant des communautés, y compris en associations de malfaiteurs. C’est que lorsque le mal se généralise, d’aucuns peuvent l’ériger en bien pour justifier leur propre quête du meilleur ainsi défiguré.
On sait d’ailleurs que la matérialisation de l’Occident suite à sa sécularisation a amené à son désenchantement et aux excès d’aujourd’hui. D’où un retour à la religion, mais en termes de religiosité puisque l’époque est favorable à la spiritualité, seul antidote contre l’esprit de vénalité et du matérialisme. Assurément, la quête spirituelle se fera encore bien plus prégnante, tout en continuant à verser dans l’excès de religiosité, l’excès donnant l’excès.
Aussi, si l’on veut qu’en cette année nouvelle plus rien ne demeure comme avant, il y aura lieu de contrer la dérive vers les excès en consolidant la marche imperceptible vers le monde d’humanité quêté, mais duquel l’on se détourne. C’est pour une mondianité que l’on doit agir afin de réussir à contrer le mal par le bien.
Il est bien connu : c’est dans les moments les plus terribles où l’espoir semble perdu qu’il renaît de ses cendres tel un phénix. Un nouvel ordre mondial est donc bel et bien en gestation et finira par se substituer au désordre actuel, le chaos débouchant forcément sur un nouveau monde.
La question n’est plus si une telle mutation aura lieu, mais quand et à quel prix ? Aussi est-il de la plus haute importance de faire l’économie d’inutiles nouveaux drames en agissant pour que l’année nouvelle constitue le premier jalon du monde futur auquel il urge de penser et se mettre sans tarder à construire.
Un sursaut d’humanité doit se faire de plus en plus jour, et Éros est appelé à finir par se substituer à Thanatos. Car seul l’amour est en mesure de mettre fin à la fascination de la mort sur les terroristes, quelles que soient leur motivation.
Alors 2017 donnera bien pleine mesure à la magie s’attachant à la symbolique de son dernier chiffre, le 7 étant par excellence celui du bonheur !
(A suivre)
(*) Cet article a été publié initialement sur le blog de son auteur, Tunisie Nouvelle République. Nous le republions ici avec son aimable accord.