La demande du Maroc d’adhérer à l’Union africaine, a été entérinée lundi dans la capitale éthiopienne, où se tenait le 28eme sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres.
C’est dans l’après midi, lors de la réunion à huis-clos des chefs d’Etat et de gouvernement consacrée au débat général et en particulier au vote, que la demande du Maroc a été entérinée par 39 pays membres. La séance de vote avait été lancée par le nouveau président de l’UA, l’ex-président Guinéen Alpha Condé. L’examen de la demande d’admission du Maroc était l’un des points les plus importants à l’ordre du jour de ce sommet. 32 ans après en être sorti, car n’ayant pas accepté que la République Arabe sahraouie Démocratique (RASD) y soit accueillie en 1982, Rabat refait son entrée à l’UA, cinq mois après avoir remis officiellement sa demande d’admission à la Commission africaine. Pour la partie Sahraouie, cette admission »est la bienvenue ». Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Ould salek a parlé d’un »débat démocratique » lors des interventions ayant précédé le vote. ‘’Dès lors que le Maroc n’a pas posé de conditions ni fait de réserves sur l’acte constitutif, notamment les articles 3 et 4 qui reconnaissent les frontières issues de la colonisation, on le prend au mot. » »La république sahraouie souhaite la bienvenue au Maroc. Tous les États, y compris les amis du Maroc ont déclaré qu’ils travailleront pour que la RASD et le Maroc résolvent le problème », a ajouté le chef de la diplomatie sahraouie.
Interrogations
Mais, l’admission du Maroc au sein de l’Union africaine, aurait des objectifs inavoués, comme »évincer » à l’usure de l’Organisation les Sahraouis, qui ont réitéré leur demande d’organiser dans les meilleurs délais, maintenant que le Maroc est membre de l’UA, un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental. Un territoire non autonome que Rabat occupe depuis 1975, date de départ de l’administration espagnole, qui gérait ce territoire. Ignacio Cembrero, ancien correspondant du quotidien espagnol El Pais pour le Maghreb, estime que cette admission du Maroc à l’UA est en quelque sorte »un cheval de Troie ».
Les raisons d’une adhésion
32 ans après l’avoir quittée, »les autorités marocaines sont arrivées à la conclusion qu’elles ont eu tort d’avoir laissé le champ libre à leurs adversaires au sein d’une organisation, qui a gagné en crédibilité et en influence ces dernières années. C’est pour cela qu’elles veulent y revenir », écrit-il. Brahim Fassi-Fihri, directeur du think-tank marocain Amadeus et fils d’un ex-ministre des Affaires étrangères du Maroc, aujourd’hui un des conseillers du roi, le reconnaissait dans une interview à la presse locale : »Ce retour signifie que la politique de la chaise vide n’était pas payante. » Le vice ministre Marocain des affaires étrangères Nacer Bourita le confirme dans un entretien au Monde: »l’UA est restée le seul cheval de bataille de nos adversaires. C’était donc normal d’aller là où ce combat se livre. » Beaucoup pensent, après l’admission du Maroc à l’UA, que les autorités marocaines vont maintenant travailler à neutraliser l’UA et provoquer l’éviction de ses rangs de la RASD. De futures batailles diplomatiques inutiles en perspective pour les membres de l’UA, ce qui va éloigner encore plus la solution radicale au conflit au Sahara Occidental, l’organisation d’un référendum d’autodétermination.