Le Hirak a retrouvé une seconde jeunesse à la veille de son premier anniversaire. A Alger, le dernier vendredi de l’an un de ce mouvement populaire a été exceptionnel. Une foule immense a envahi la ville. Des manifestants, bien plus nombreux que d’habitude, portaient drapeaux, portraits et pancartes, scandant des slogans hostiles au pouvoir et marchant en rangs serrés comme aux premiers jours.
La procession de marcheurs qui descendait la rue Didouche Mourad, après la prière du vendredi, semblait interminable. Il a fallu attendre plus de cinquante minutes pour voir le dernier carré des manifestants marchant en direction de la placette de la Grande poste, lieu de ralliement déjà historique pour les animateurs du Hirak.
Un peu plus tard, c’est la rue Hassiba Ben Bouali qui est noire de monde. Une rue empruntée, en grande partie, par des manifestants venus des quartiers d’Alger est. La foule venant de Bab El Oued et des quartiers ouest de la capitale était tout aussi nombreuse.
« Nous ne sommes pas venus faire la fête, nous sommes venus pour vous dégager », était le slogan le plus répété en cette veille d’anniversaire du Hirak. Pour les « Hirakistes » en finir avec le système en place est une affaire sérieuse.
Le Hirak qui a perdu en nombre durant ces derniers mois a réussi à prouver qu’il avait encore des « réserves » et qu’il était capable d’aligner un nombre impressionnant de manifestants.
Les manifestants avaient d’ailleurs annoncé la couleur dès la matinée de ce vendredi. Vers 10H30, des centaines de personnes ont commencé à marcher à la rue Didouche Mourad défiant un dispositif sécuritaire renforcé.
Durant les semaines passées, manifester avant l’heure était devenu risqué. Les interpellations avaient poussé les marcheurs à patienter jusqu’à la fin de la prière du vendredi pour sortir. Pas ce vendredi. La journée était spéciale et il fallait le démontrer.
La manifestation du matin était un tour de chauffe annonçant déjà, par le nombre, un après-midi « chargé ».
Le verrouillage de la capitale dès mercredi n’a pas empêché des milliers de personnes de venir des autres wilayas pour marcher. Sur les réseaux sociaux des vidéos montraient des manifestants démarrant à pied depuis Bordj Menaïel, dans la wilaya de Boumerdes pour participer à la marche de la capitale.
Durant ce 53ème vendredi du Hirak, l’esprit était bien à la fête. De la musique, des chansons festives et des sourires et, de manière générale, la manifestation s’est déroulée sans incidents si l’on excepte la brève interpellation de trois manifestants.
Ce vendredi, les marcheurs sont restés plus longtemps dans la rue. Exprimer leur détermination et surtout démontrer que le Hirak n’a rien perdu de sa capacité de mobilisation étaient les défis du jour.
Samedi, une autre manifestation est prévue. A Alger, des milliers de personnes sont attendues à l’anniversaire du Hirak.