Selon Radhouane Ben Salah, les taux d’occupation ne dépassent pas 20 % » de la capacité hôtelière du pays.
Au moins 70 hôtels en Tunisie ont dû fermer provisoirement leurs portes depuis septembre dernier et « d’autres vont suivre », et ce, pour manque de clientèle, dans la foulée des attentats terroristes du musée du Bardo (18 mars 2015) et de Sousse (26 juin 20015), a déclaré, sur Mosaïque FM, le président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, Radhouane Ben Salah. « La situation est très morose. Les taux d’occupation ne dépassent pas 20 % » de la capacité hôtelière du pays, a-t-il ajouté.
« Cette situation va mettre des travailleurs au chômage technique », a prévenu Ben Salah qui rassure néanmoins que le gouvernement tunisien allait leur verser une prime (individuelle) de 200 dinars (90 euros) par mois, et leur garantir la gratuité de la couverture sociale « pendant une durée de six mois renouvelable ».
10% du PIB, 400.000 postes d’emploi
Le secteur touristique en Tunisie, qui représente près de 10% du PIB national et emploie, directement ou indirectement, quelque 400.000 personnes, a encore enregistré en 2014 plus de six millions de visiteurs.
La saison estivale a pu, en partie être sauvée, par la clientèle nationale, voire régionale -notamment algérienne – mais les arrivées de touristes européens ont, elles, chuté de moitié depuis janvier 2015. Des chaînes internationales ont récemment annoncé qu’elles fermeraient leurs hôtels tout l’hiver.
Tozeur : une crise et pas de solutions
La situation dans le gouvernorat de Tozeur est symptomatique de la crise que traverse le tourisme en Tunisie.
D’après les statistiques officielles du commissariat régional au tourisme de Tozeur rapportées par des médias tunisiens, jusqu’au mois de septembre dernier, le secteur touristique a enregistré une baisse des entrées de 43,74 %. Le taux de recul a atteint 70% par rapport aux indicateurs de l’année 2010, année référence. 16 hôtels (3, 4 et 5 étoiles), rapporte encore la presse tunisienne, restent fermés, alors qu’un certain nombre de maisons d’hôtes et de résidences touristiques non classées restent actives.
Les professionnels inquiets
Cette situation inquiète au plus haut point Abdelmalek Essabour, directeur d’une agence de voyage, qui a qualifié de « catastrophique » l’état des lieux dans la région, dans une déclaration rapportée par Tunis Afrique Presse (TAP). La multiplication des activités (festivals, spectacles d’animation) censées attirer les touristes étrangers et tunisiens, n’a pas été d’une grand aide. Signe de l’aggravation de la crise, l’annulation de tous les vols internationaux à l’aéroport international de Tozeur-Nefta.
Ce professionnel du tourisme regrette que les solutions dont ont bénéficié les propriétaires d’hôtels dans d’autres régions touristiques n’aient pas été proposées à ceux de Tozeur, avant d’appeler à classer les dettes des hôtels fermés et à les aider à rouvrir leurs portes.
De son côté, Karim Rezk, artisan, a déploré l’absence d’une volonté réelle de la part des autorités tunisiennes d’aider les propriétaires d’hôtels dans la région, faisant remarquer, dans une déclaration à TAP, que le produit touristique de désert pourrait être exploité pour promouvoir le tourisme tunisien dans les capitales européennes.