La configuration du marché algérien du courrier international accéléré (CAI), dominé par le géant mondial DHL à hauteur de 83 %, ne donne pas de réelles perspectives pour les quatre autres opérateurs de taille plus modeste.
Le montant de la redevance annuelle des opérateurs postaux intervenant dans le régime de l’autorisation – 20 millions de dinars – devient de plus en plus pesant sur le marché du courrier international accéléré. D’où la réflexion au sein de l’Exécutif pour sa révision à la baisse. Selon un opérateur qui s’est confié à Maghreb Emergent, le décret exécutif n° 02-44 du 14 janvier 2002, portant sur le montant de cette redevance qui, pour certains, représente 50% de leur chiffre d’affaires, est en cours d’amendement. « Le projet d’amendement va sans doute revoir à la baisse la redevance applicable aux opérateurs postaux dans le sens d’une plus grande équité », a précisé notre source, justifiant cet amendement par les plaintes reçues par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), de certains opérateurs qui ont proposé un autre système d’imposition.
Ledit décret stiple, dans son article 2, que « le montant de la redevance annuelle applicable aux opérateurs titulaires d’autorisations d’exploitation des prestations de la poste est fixé à vingt millions de dinars (20.000.000 DA) » sans tenir compte de l’activité de chaque opérateur. Cette situation a poussé certains opérateurs, notamment Chronopost International Algérie, à mettre la clé sous le paillasson et quitter le marché algérien en décembre 2011.
Un autre opérateur, Aramex (autorisé en 2011), a formulé une demande pour se retirer « provisoirement » de l’activité courrier express international pour se consacrer uniquement au courrier postal domestique, suite aux difficultés rencontrées, qui ont empêché le lancement et le développement de ses activités postales à l’international. De ce fait, il a cessé toute activité dans le régime de l’autorisation à partir du 1er décembre 2012.
Un chiffre d’affaires en hausse
A fin décembre 2012, les opérateurs du courrier accéléré international enregistrés en Algérie étaient au nombre de cinq. Il s’agit de DHL International Algérie, UPS Algérie, Falcon Express Algérie (exploitant la marque FEDEX), Alliance Globale Express Messagerie (AGEM) et EMS Champion Post (filiale 100% d’Algérie Poste). Avec ces cinq opérateurs et malgré le retrait de Chronopost et Aramex, le marché du courrier accéléré international a dégagé en 2012, un chiffre d’affaires de 1,4 milliards de DA, en hausse de 5.15 % par rapport à 2011, selon les données de l’ARPT. Le volume du trafic traité est, pour sa part, estimé à 684.454 objets, avec une légère croissance de 0.86%, en comparaison avec celui de 2011.
Le chiffre d’affaires global de l’activité est en hausse depuis l’instauration du régime d’autorisation. Il a connu, depuis 2005, deux fortes augmentations. La première étant survenue entre 2005 et 2008 avec une progression de 70.14% et la seconde entre 2008 et 2012 avec un taux de croissance de 10.74%. Selon les chiffres de l’ARPT, DHL détient une part de 83,3% en termes de chiffre d’affaires, suivi de Falcon Express Algérie avec presque 9% de parts et, en troisième position, AGEM avec plus de 3% de parts. Ces trois opérateurs ont réalisé respectivement 1, 195 milliards de DA, 129, 21 millions DA et 43 millions de DA en chiffre d’affaires.
Marché dominé par DHL
Il devient évident à partir de ces statistiques, qu’en dehors de DHL, le leader du marché, la redevance de 20 millions de DA pèse lourdement sur l’activité des autres opérateurs. Ces derniers ont soumis à l’ARPT des propositions à même d’aboutir à un système d’imposition proportionnel au chiffre d’affaires de chaque opérateur.
Car le système d’imposition actuel profite grandement au leader du marché, qui voit ses parts augmenter au fur et à mesure que des opérateurs de taille plus modeste cessent leurs activités. Conforté dans sa position de dominance du marché, DHL international Algérie a opéré, selon le bilan de l’ARPT, deux augmentations de tarifs en 2012, touchant l’ensemble des formules offertes aux clients, qu’elles soient de nature standard ou spécifique, à l’exception du domestique. Alors que d’habitude, il procède après chaque fin d’exercice, à une révision tarifaire de ses services et produits destinés à l’international. « Cette double révision a rendu le coût d’un envoi encore plus cher qu’il ne l’était avant », conclut le bilan de l’ARPT. Cette hausse n’a concerné que DHL, tandis que les autres opérateurs autorisés ont maintenu les mêmes tarifs.