Présidé par l’ex-ministre des affaires religieuses Ghlamallah Boyuabdallah, le HCI a franchi le pas et a décrété que l’émigration clandestine est »haram » (illicite).
Jeudi dernier, le Haut conseil islamique (HCI) algérien, la plus haute autorité religieuse du pays, a décrété »haram' » (pêché) l’immigration clandestine. Le fond de cette fatwa repose sur les dangers mortels qui guettent les candidats à la »harga », ou émigration clandestine, qui utilisent généralement de frêles canots pour se rendre en Europe, en Italie et en Espagne notamment. Immédiatement après, la sentence du HCI est soutenue et renforcée par le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, selon lequel « »la lutte contre le phénomène de l’émigration clandestine était de la responsabilité de tout un chacun ».
Il a précisé en marge d’une séance plénière à l’APN jeudi dernier que « le Haut conseil islamique, la plus haute instance d’El Iftaa en Algérie, a décrété le caractère illicite de ce phénomène et que les imams accomplissent, pour leur part, leur rôle au niveau des mosquées à travers les prêches de sensibilisation et des rencontres avec les jeunes à l’étranger pour leur redonner espoir et les exhorter à retourner au pays ». Il a également suggéré aux imams d’en parler lors du prêche du vendredi.
En 2017, il y a eu, selon la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) plus de 3109 tentatives d’émigration clandestine à travers les côtes algériennes. La LADDH a ajouté dans un communiqué que plus de 17.500 algériens sont détenus, pour des motifs liés à l’émigration clandestine, dans des prisons et centres de rétention en Europe.
Au début du mois de janvier, le ministre italien de l’Intérieur s’était déplacé à Alger pour renforcer le dispositif commun de lutte contre l’émigration clandestine à partir des côtes algériennes. Un déplacement qui faisait suite à des protestations officielles en Italie.
La Tunisie, dans le sillage d’Alger
Par ailleurs, la même fatwa, décrétant »pêché » l’émigration clandestine avait été annoncée jeudi dernier en Tunisie par le mufti de la République, Cheikh Othmane Bettikh. ll a cité un verset du Coran qui dit : « »Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction ». Mais, cette sortie du mufti de la république de Tunisie a été vivement contestée par Cheikh Ben Hassen, qui a dénoncé au passage le silence du Mufti sur l’égalité de l’héritage entre la femme et l’homme ainsi que sur l’homosexualité en Tunisie. En outre, il a estimé que rien dans les textes fondateurs de l’islam n’interdit «al-hijra» pour fuir l’adversité ou des conditions de vie intenables.
A Lampedusa, 40 tunisiens sont en grève de la faim et les lèvres cousues pour ne pas parler. Selon Forza Tunisie, ces migrants observent, actuellement, leur grève de la faim devant l’église de l’île. »Ils refusent catégoriquement l’idée de revenir en Tunisie et veulent rester en Italie, selon la même source.