Les habitants de la cité des Sources, à Bir Mourad Rais, ont lancé un cri de détresse pour sauver leur quartier de « la prédation des spéculateurs fonciers ». Un importateur de produits de boucherie a acheté aux enchères un terrain mitoyen pour y construire une tour de 14 étages.
Des habitants de la cité des Sources à Bir Mourad Rais, sur les hauteurs d’Alger, ont tenu samedi un sit-in pour protester contre la construction d’une tour de 14 étages dans leur voisinage. Dénonçant ce qu’ils qualifient de « prédation », des habitants des bâtiments 1 et 2, les plus proches du nouveau chantier, ont participé au rassemblement, suivi d’une conférence de presse animée par l’avocat Khaled Bourayou, qui habite lui aussi dans le quartier. Me Bourayou a exposé le problème et présenté les arguments sur lesquels se sont appuyés les riverains pour attaquer en justice un promoteur qui construit une tour de 14 étages sur un terrain mitoyen, un espace vert tranformé par en terrain à construire. Le promoteur de la nouvelle bâtisse est Kamel Chikhi, le gérant d’Amazone Meat, une SARL activant dans l’import-export des produits de boucherie, basée à Kouba.
Appel au président de la République
Me Bourayou a qualifié d' »assassinat de l’âme de la cité » ce projet consistant à accoler une tour de 14 étages sur un terrain censé être un espace vert, en empiétant sur le plan d’occupation du sol et en violant toutes les lois de l’urbanisme en vigueur. « Des arbres qui ont 40 ans ont été abattus et enterrés dans un charnier. Aucune enquête commodo incommodo n’a été engagée, et la diligence avec laquelle le promoteur a eu les autorisations pour lancer la construction laisse perplexe », a déclaré l’avocat. « Cette poche foncière de 2.400 mètres carrés fait partie intégrante des 7,5 hectares sur lesquels a été construite la cité, et dont le plan d’occupation du sol a été entériné par les autorités compétentes », a-t-il ajouté.
Une action en référé a été engagée auprès du tribunal de Bir Mourad Rais par les habitants de la cité pour obtenir l’arrêt des travaux. « Si les lois de la République sont respectées, nous aurons gain de cause sans l’ombre d’un doute. Et à ce propos, nous nous adressons au président de la République, premier magistrat du pays, pour faire appliquer les lois parce que nous avons tapé à toutes les portes, et nous n’avons trouvé aucun écho à notre requête », a indiqué Me Bourayou.
Un terrain acheté en deuxième main
Le terrain acquis par Kamel Chikhi appartenait au Centre National d’Etudes et de Recherches Appliquées en Urbanisme (CNERU). Celui-ci l’avait cédé, au milieu des années 1990, au temps des DEC (délégation exécutive communale) et DEW (délégation exécutive de wilaya, créées pour remplacer les municipalités FIS) à un promoteur immobilier, M. Aissat, poursuivi en justice et qui se trouve actuellement en fuite. Kamal Chikhi l’a acheté pour 230 millions de dinars (23 milliards de centimes, ou 2.3 millions d’euros) à l’issue d’une procédure d’adjudication entamée par la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) auprès de laquelle le promoteur Aissat avait hypothéqué ce terrain en contrepartie d’un prêt de 70 milliards de centimes (six millions d’euros environ). Maghreb Emergent n’a pu joindre M. Kamel Chikhi.