A Bejaia, les fonderies et les fabriques d’ustensiles de cuisines mettent une après l’autre la clé sous le paillasson. Depuis plusieurs semaines, une pénurie d’aluminium à Seddouk contraint ces usines à baisser le rideau.
Recul de la production, pertes financières, la conjoncture est insupportable pour les propriétaires, qui dénoncent une « contrebande » et appellent désespérément les autorités locales à se pencher sur la question.
Kamel est le gérant d’une fonderie dans la commune de Seddouk, située au centre-ouest de la wilaya de Béjaia. Depuis juillet dernier, la production de cette société, propriété familiale active dans cette branche depuis 1954, est perturbée. Kamel a dû, à maintes reprises, baisser le rideau et mettre ses employés en congé technique.
« Cela ne sera pas différent cette fois-ci. Nous avons relancé notre activité la semaine dernière, mais nous devrons fermer ce jeudi, en attendant de trouver une solution à ce problème », souligne-t-il au HuffPost Algérie
Ce problème est dû à une fâcheuse pénurie d’aluminium dont souffrent une dizaine de sociétés dans la région depuis la saison estivale. “Nous avons toujours enregistré des baisses de production d’aluminium. Mais c’était temporaire. La production de cette matière première était rapidement relancée”. Pas cette année”, déplore-t-il.
Ce gérant, qui achetait cette matière première à 85 Da le kilo, explique que la pénurie se manifestait durant juillet lorsque ce prix augmentait pour atteindre 105 Da le kilo. « Ce tarif augmentait au fur et à mesure, atteignant 120, 125, voire 135 Da ». La production de cuillères, de fourchettes ou de louches ralentissait peu à peu dans la vallée de la Soummam. Les affaires devenaient de plus en plus dures. “Depuis cette pénurie et cette hausse vertigineuse des prix, les usines ont du mal à fonctionner, assurer les salaires ou pire, écouler leurs stocks”.
Le gérant explique que les clients, au courant de cette disette et ses répercussions sur les coûts de production, ont rapidement cédé à la spéculation et suspendu leurs commandes. Dans la commune de Seddouk, cinq unités de production se partageaient encore cet été la branche des ustensiles de cuisine. La saison hivernale arrivée, la plupart ont mis la clé sous la porte.
“Les travailleurs sont allés chercher ailleurs …”
L’usine de Ali, située à quelques kilomètres de celle de Kamel, en fait partie. « Nous n’avons jamais eu à cesser notre activité, depuis la création de cette fonderie dans les années 1980 », a-t-il dit au HuffPost Algérie. Pourtant sa fonderie était fermée ce 28 novembre. « Ces dernières semaines, la production a tout simplement baissé de … 100% », ironise-t-il.
La fonderie de Kamel est ainsi la seule à résister et à poursuivre ses activités tant bien que mal. Elle dépend, en fait, des livraisons irrégulières d’aluminium. “Nous avons une vingtaine de travailleurs, des pères de familles que nous ne pouvons pas congédier », explique-t-il. “En vérité, si cela ne tenait qu’à moi, j’aurais déjà mis la clé sous la porte pour la simple raison que nous ne rentrons même pas dans nos frais ».
Ce gérant révèle que son chiffre d’affaires a déjà enregistré un recul de 40%. Mais il préfère « supporter » cette situation, se procurer des quantités négligeables d’aluminium au vu de la hausse des prix en espérant que cette conjoncture se tasse.
« Nous consommions avant jusqu’à 40 tonnes par mois. Ce mois-ci, nous avons relancé les fours pour écouler un stock de 35 quintaux … ». La fonderie de Ali n’a pas réussi à dépasser cette crise. « Nos travailleurs ont dû aller chercher un autre gagne-pain », regrette-t-il.
Enchères et « contrebandes »
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