Contrairement à d’autres hauts responsables, l’ex ministre du Travail et de la sécurité sociale, Aboudjerra Soltani, a fait le déplacement aujourd’hui au Tribunal criminel près la Cour de Blida, pour apporter son témoignage sur les dépôts massifs des Caisses Nationales d’Assurance Sociale (CNAS), et la Caisse Nationale d’Assurance Chômage (CNAC) auprès de la banque Khalifa estimés à 2300 milliards de centime.
« La découverte des trous de caisse au niveaux des agences CNAS et CNAC, n’a été faite qu’après trois ans de mon départ de la tête du ministère du Travail », a affirmé l’ancien président du MSP au président du Tribunal criminel de Blida Antar Menouar, assurant n’avoir jamais été au courant des dépôts de fonds de ces deux Caisses au niveau de la banque Khalifa. « J’ai appris par voie de la presse le versement de fonds de la CNAS et la CNAC après le déclenchement de l’affaire en 2003. On ne pouvait pas le savoir avant, car le ministère faisait confiance aux directeurs des Caisses et ce ministère n’avait pas d’espions en leur sein », dit-il. Ces affirmations sonnent dans les oreilles des avocats de la défense comme une contradiction aux propos qu’il a tenus lors de son audition en 2007. « Il avait dit qu’il avait découvert des trous de caisses, et son ministère a diligenté une enquête pour endiguer les flux d’argent vers la banque privée », notent scandalisés, les avocats de la défense et des parties civiles. Et ce n’est pas la seule contradiction relevée. Me Lezzar, l’avocat de Abdelmoumene Khalifa a décortiqué les réponses d’Aboudjerra Soltani relatives aux demandes formulées par les différents directeurs des agences de la CNAS, pour procéder aux versements de sommes d’argents à Khalifa Bank. « M. Soltani dit avoir refusé les propositions de la CNAS et de CNAC, car cela allait faire objet de Riba (usure), puis, nous dit qu’il n’a jamais été informé sur le sujet avant sa révélation par la presse en 2003 ? », dit-il étonné.
Refus de dépôt d’argent pour des motifs religieux
Me Lezzar l’interpelle alors sur ce refus de dépôt d’argent dans une banque privée pour des motifs religieux et non techniques en lui rappelant que nous sommes dans un pays régi par des règles du droit positif. Abou Djerra Soltani lui répond que l’article 2 de la Constitution stipule que l’Islam est la religion de l’état. Puis, en insistant sur le libre arbitre des directeurs des Caisses s’assurance sociale et assurance Chômage, M. Soltani, dément avoir été saisi par le Conseil d’administration de la CNAS, présidé à cette époque par le secrétaire général de l’UGTA Abdelmajid Sidi Saïd. Ce dernier avait affirmé en 2007, ainsi que lors de son audition par le procureur de la République, que le Conseil d’administration de la CNAS avait décidé le 21 avril 2001 du “placement des excédents financiers dans les organismes offrant le plus d’avantages sans en préciser un en particulier”. Cette décision fut transmise à la tutelle, laquelle a répondu par une « réponse positive ». Le Secrétaire Général de l’UGTA, en déplacement à Genève pour assister à la réunion du Bureau International de Travail, ne pourra apporter son témoignage vivant. C’est le PV de son audition qui sera lu par le juge Antar Menouar.