Mettre fin à l’instabilité des règles de gestion de l’économie nationale, gagner en transparence et en crédibilité, traiter d’égal à égal en tant que partenaire à part entière et attirer les investisseurs. C’est, en bref, ce que l’Algérie aurait à gagner en accédant à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Mais les négociations ne figurent plus dans l’agenda du gouvernement algérien depuis une dizaine d’années et c’est ce que déplore le Cercle d’Action et de Réflexion pour l’Entreprise (CARE). Dans une récente note, il souligne qu’en reprenant langue avec l’OMC, le gouvernement renforcerait pourtant sa démarche pour une économie ouverte et diversifiée alors que l’actuel statuquo renverrait plutôt « l’image d’une économie fermée et sans vision prospective, une image peu favorable à la croissance future et qui ne correspond nullement à celle que les autorités économiques nationales s’efforcent de promouvoir ».
Règles communes et souveraineté
L’image de l’économie nationale est régulièrement écornée par l’incohérence des règles et leur instabilité. Le souvenir est encore frais de l’épisode de suspension des domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur de et vers l’Espagne suite au ralliement de cette dernière à la position du Maroc sur la question du Sahara Occidental. Les dommages de cette sanction sur les entreprises algériennes, sanction formellement levée il y a à peine quelques jours par une note de la Banque d’Algérie, resteront à calculer.
C’est ce type d’atermoiements et de manque à gagner que CARE appelle à éviter en proposant d’examiner tous les bénéfices que l’Algérie pourrait tirer d’une gestion carrée de son commerce extérieur, selon les règles d’une Organisation qui, est-il opportunément souligné, « regroupe aujourd’hui 166 Etats membres avec lesquels elle réalise la quasi-totalité (plus de 98%) de ses échanges commerciaux ». A ce niveau et au vu de l’objectif de 30 mds USD d’exportation hors hydrocarbures à 2030, est-il encore possible d’envisager de rester en dehors du système tout en prétendant donner des garanties à ses partenaires et attirer les IDE ? C’est la question que suggère CARE qui précise que rien n’empêcherait par ailleurs le gouvernement de rester maître du jeu et de garder les cartes en main tout au long du processus de négociation.
Sa place dans la zone Afrique
La reprise de ce dialogue serait également un signal fort pour nos partenaires de la zone africaine de libre échange, la ZLECAF. Leurs accords, calqués sur les règles de l’OMC, ne laissent pas davantage place à l’improvisation qui peut caractériser la gestion de l’économie nationale. Or, en demeurant à la marge de l’OMC, l’Algérie restera aux portes de la ZLECAF. Impensable pour un pays qui se placera, selon les prévisions du FMI pour 2023-2029 en troisième position des économies africaines.
L’enjeu pour l’Algérie, c’est aussi de tracer sa route vers les BRICS. Il y a un an déjà, ce groupe pesait 36% du PIB mondial et 46% de la population mondiale. Avec la trentaine de candidats admis lors du sommet de Kazan en août dernier, les BRICS ne tarderont pas à concurrencer le G-7.
Mais si cette coalition ambitionne de défendre des intérêts indéfendables dans d’autres forums internationaux, elle ne s’inscrit pas pour autant en dehors de l’OMC, comme CARE le note. Les BRICS évitent de jeter le bébé avec l’eau du bain en réaffirmant leur soutien au système commercial de l’OMC et à ses règlements.
Autant dire que le rôle de l’Algérie de partenaire commercial incontournable en Europe et en Afrique se tient sur le terrain de jeu de l’OMC. Elle regroupe les plus puissants mais aussi les plus faibles qui peuvent se prévaloir des règles communes à tous.
Dès lors, la question est de savoir combien de temps les règles de protectionnisme en tout genre prélaveront encore.