Le nouveau patron de la Police marocaine a été au centre d’une brouille politique franco-marocaine. En février 2014, le Maroc a suspendu sa coopération judiciaire avec la France à la suite de sa convocation devant un juge parisien alors qu’il se trouvait en France, et ce, suite à une plainte pour tortures d’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT).
Le patron du contre-espionnage marocain, Abdelatif Hammouchi, accusé de tortures par des ONG marocaines et internationales, a été nommé vendredi par le roi Mohamed 6 à la tête de Direction générale de Sûreté nationale (DGSN). Il garde son poste de Directeur de la surveillance du territoire.
C’est lors d’un conseil des ministres réuni le 16 mai dernier qu’a été annoncée officiellement la nomination de cet homme au centre d’une brouille politique entre le Maroc et la France en 2014 provoquée par sa convocation devant la justice française suite à une plainte pour tortures déposée contre lui.
Dans son communiqué, le Conseil des ministres a indiqué que »conformément aux dispositions de l’article 49 de la Constitution, et sur proposition du Chef du gouvernement et à l’initiative du ministre de l’Intérieur, S. M. le Roi a nommé M. Abdellatif Hammouchi, directeur général de la Sûreté nationale, tout en conservant son poste à la tête de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) ».
La promotion de Abdelatif Hammouchi, officieusement pour réorganiser la police marocaine et renforcer la lutte antiterroriste, intervient dans un contexte local marqué par la poursuite des exactions et des harcèlements policiers contre les ONG des droits de l’homme. Récemment, en avril dernier, une manifestation de soutien au peuple yéménite organisée par l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Rabat a été violemment dispersée par les forces de police. Deux journalistes français ont été arrêtés au siège de l’association et expulsés du Maroc.
Une promotion au milieu de plaintes d’ONG
La promotion de Abdelatif Hammouchi est un message clair quant à la volonté de l’Etat marocain de maintenir sous le boisseau de la lutte antiterroriste les libertés d’opinion et les droits de l’homme.
Le nouveau patron de la Sûreté nationale, en 2014, a été au centre d’une brouille politique franco-marocaine. En février 2014, le Maroc a suspendu sa coopération judiciaire avec la France à la suite de sa convocation devant le juge parisien suite à une plainte pour tortures déposée contre lui par Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT). Cette coopération ne devait être rétablie qu’un an plus tard, le 31 janvier 2014.
Les autorités marocaines avaient qualifié d »’incident grave » la remise par sept policiers français d’une convocation devant un juge à ce haut responsable sécuritaire, alors qu’il était en déplacement en France avec une délégation officielle.
La plainte de l’ACAT portait sur des soupçons de torture dans le centre de détention de Temara, qui dépend de la Direction de la surveillance du territoire. Cette initiative faisait suite à des témoignages recueillis en France auprès de trois Marocains, qui avaient déclaré avoir subi des actes de torture dans ce centre de détention.