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Activités syndicales : l’État fixe les domaines interdits à la grève

Par Racim B
octobre 24, 2023
Activités syndicales : l’État fixe les domaines interdits à la grève

Le syndicalisme en Algérie passe par ses pires périodes depuis l'ouverture démocratique d'octobre 1988. Les acquis des travailleurs et les militants syndicalistes sont en train de s'épuiser l'une après l'autre.

D'abord, avec la loi sur l'activité syndicale et le droit à la grève, adoptés en mars 2023, et qui a inquiété les syndicats, ensuite les interdictions de tous rassemblements syndicaux des travailleurs, un nouveau décret, publié le 18 octobre courant dans le journal officiel, vient interdire le recours à la grève de certains secteurs stratégiques. Il limite, également, les autorisations d'absences pour activité syndicale aux seules "participation à des réunions, des conférences, congrès ou séminaires".

Ce décret, signé par le premier ministre, Aïmen Benabderrahamane et publié dans le journal officiel N°67, énumère la liste des fonctions et des secteurs dans lesquels le recours à la grève, en cas de conflit, est désormais interdit.

Il s'agit, en effet, des fonctions sécuritaires et hautes fonctions sensibles. Le décret cite "les magistrats, les fonctionnaires nommés par décret ou en poste à l'étranger, les personnels des services de sécurité, les agents de sécurité interne en mission de protection des sites et des établissements, les personnels des services de la protection civile, les agents des services d'exploitation du réseau des transmissions nationales des ministères chargés de l'Intérieur et des affaires étrangères, les agents actifs des douanes, les corps de l'administration pénitentiaire.

On retrouve également dans cette liste, les imams des mosquées, les contrôleurs de la navigation aérienne et maritime, les personnels des établissements comprenant des installations sensibles et stratégiques, les personnels des centres de contrôle d'installations, de téléconduite du système électrique national et des réseaux d'énergie, les agents appartenant aux corps spécifiques de l'administration des forêts, les directeurs d’établissements publics de l’éducation nationale et le personnel d’inspection dans les secteurs de l’éducation, de la formation et de l’enseignement professionnels.

Des autorisations d'absences pour les travailleurs syndiqués

Outre l'interdiction de grève dans les secteurs énumérés dans le décret du premier ministère, l'article 15 du journal officiel a énuméré les activités syndicales dans lesquelles les travailleurs syndiqués peuvent obtenir une autorisation d'absence et garder leur rémunération.

On constate, dans ce sens, les travailleurs grévistes ou les syndicalistes perdront leur rémunération en cas de participation dans un mouvement de grève. Les autorisations sont attribuées seulement en cas de participation à des congrès syndicaux, des réunions des organes de direction et/ou d’administration de l’organisation syndicale de base, des journées d’études, ou travaux des conférences internationales du travail".

Il est à rappeler que la loi sur l'activité syndicale et le droit à la grève a été vivement critiqués par les syndicats autonomes et même la centrale syndicale de l'UGTA, connue pour être proche des autorités. Les Syndicalistes ont reproché aux autorités, notamment le ministère du Travail et de la sécurité sociale, de ne pas être concerté dans la préparation de ladite loi.

D'ailleurs, depuis son adoption, tous les rassemblements syndicaux ont été empêchés par les services de sécurités, comme l'était le cas au rassemblement des enseignants hier lundi à Béjaia, mené par le syndicat autonome de l'éducation, CANPESTE.