Les aéroports sont essentiels au développement, et les PPP peuvent les aider à traverser la crise. C’est le postulat général d’une analyse publiée récemment par la Banque Mondiale, en vue de sensibiliser les acteurs économiques du monde entier sur l’importance de soutenir, coûte que coûte, la rémission des infrastructures aéropotuaires.
L’auteur de cette analyse, Georgina Baker, vice-présidente, Amérique latine/Caraïbes et Europe/Asie centrale, Société financière internationale (IFC), soutient, en effet, que La pandémie de COVID-19 a frappé de plein fouet l’industrie aéronautique, et notamment nombre d’aéroports régis par des partenariats public-privé (PPP). « Les pouvoirs publics et les acteurs privés concernés disposent cependant de moyens pour assurer le maintien des services aéroportuaires et contribuer à la stabilité du secteur. »
Selon l’experte, les infrastructures aéroportuaires jouent un rôle essentiel dans le développement économique des villes, des pays et des régions. En facilitant le transport de passagers et de marchandises dans le monde entier, elles constituent d’importants pôles commerciaux.
Les restrictions aux entrées et les fermetures des frontières décidées par de nombreux pays ont entraîné un effondrement spectaculaire du transport de passagers. Et bien que certains d’entre eux commencent à rouvrir partiellement leur économie après être parvenus à contenir la propagation du virus, le secteur du trafic aérien continuera d’être durement touché. « Selon les estimations du Conseil international des aéroports, la pandémie réduira de 4,6 milliards le nombre de passagers attendus en 2020, avec des pertes approchant les 100 milliards de dollars. » Rappelle Georgina Baker.
D’autres part, tous les aéroports, qu’ils soient exploités par des opérateurs publics ou privés, sont confrontés à une crise sans précédent. Mme Baker estime explique que ceux qui sont gérés dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) n’échappent pas aux conséquences de la pandémie. « Confronté à des défis singuliers, le modèle des PPP offre toutefois des possibilités de coordination et de collaboration entre secteurs public et privé qui permettent de réduire les risques. Les deux parties doivent impérativement exploiter le cadre que fournissent les PPP pour s’accorder sur les moyens de traverser la crise, atténuer les risques, maintenir les activités et sauvegarder des emplois jusqu’à ce que la reprise s’installe. »
Que peuvent faire les partenaires privés ?
La chute inédite du trafic de passagers a considérablement réduit les recettes provenant des taxes d’aéroport et du commerce aéroportuaire. Afin de compenser ce manque à gagner, les aéroports, comme n’importe quelle autre entreprise, devront prendre des mesures proactives pour réduire leurs dépenses d’exploitation ; évaluer les besoins d’utilisation des équipements afin de fermer temporairement certaines zones ; renforcer leurs bilans en assurant le refinancement de leur dette et en renégociant les modalités de leurs emprunts afin de limiter les coûts de financement à court terme ; travailler en étroite collaboration avec les personnels et les concessionnaires (de boutiques, notamment), afin d’éviter les licenciements et de préserver des emplois indispensables aux opérations courantes ; et étudier avec les partenaires publics les possibilités de report de certains projets d’investissement et autres opérations d’entretien rendus inutiles du fait de la baisse du trafic.
Que peuvent faire les partenaires publics ?
Les pouvoirs publics ont aussi des instruments à leur disposition pour réduire la pression financière qui s’exerce sur leurs partenaires du secteur privé. Les PPP prévoient souvent un mécanisme de partage des recettes qui oblige l’entité privée à verser des paiements garantis à l’autorité publique partenaire. Or ces paiements, qui constituent une source importante de revenus pour les pouvoirs publics, représentent un risque financier majeur pour les opérateurs privés durant la crise actuelle. Étant donné le déclin rapide des revenus du secteur et ses perspectives incertaines de reprise, les pouvoirs publics peuvent décider de renoncer à percevoir ces versements ou au moins de les différer. Ils peuvent aussi alléger des objectifs de niveaux de service qui se justifiaient il y a encore quelques mois, mais qui s’avèrent désormais plus difficiles à atteindre du fait des nouvelles règles de distanciation sociale.
Miser encore davantage sur la collaboration
Face aux nombreux défis sanitaires et économiques posés par la pandémie, les administrations publiques qui ont conclu des PPP dans le secteur aéroportuaire devront soutenir en priorité ces services, car ils constituent un élément essentiel du rétablissement économique, tout en œuvrant en coordination active avec les opérateurs privés pour la mise en place de mesures sanitaires et de sécurité renforcées afin de protéger cette reprise.
La réussite de ces mesures reposera sur la capacité des partenaires publics et privés à bien communiquer et sur leur volonté de comprendre leurs difficultés mutuelles, pour être en mesure de déterminer la meilleure manière d’agir dans le souci du maintien de services vitaux et de la protection des moyens de subsistance. « Agir en partenariat : le premier « P » des PPP est plus que jamais indispensable aujourd’hui. » Conclut l’experte.
Avec la Banque Mondiale