Après la lecture du réquisitoire du Ministère public contre les mis en cause dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, les plaidoiries des avocats qui ont débuté dans l’après-midi de vendredi ont tourné autour de la qualification « abusive » des faits reprochés à leurs clients comme étant des actes de corruption.
Il était le premier à s’être présenté à 15 h, devant le juge pour défendre ses clients ; l’entreprise suisse Caraventa et l’ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics, Mohamed Bouchama. Me Miloud Brahimi, excédé, interpelle le juge et les présents sur la succession des procès de corruption devenu terme « à la mode », dans lesquels les cadres de la nation sont incarcérés. « Est-il normal que ces procès de Sonatrach, de l’autoroute Est-Ouest et d’El Khalifa programmé pour ce lundi, se succèdent, et dans lesquels les meilleurs cadres du pays sont mis en cause et jugés ? Qu’est ce qu’on tente de faire par là ? », s’est-il indigné. De son coté, Me Khaled Bourayou, avocat à la Cour d’Alger et aussi défenseurs de Caraventa et de M. Bouchama, souhaiterait que l’on revoit les cas de qualification d’acte de corruption par le Ministère public, et ne pas être prompt à le donner comme qualificatif car il est devenu tendance. « Pour qu’il y ait corruption, il faudrait qu’il y ait corrupteur et corrompu, or, dans les deux éléments ne se réunissent pas pour le cas de M. Bouchama, qui subit des accusations injustifiées et démesurées sans la moindre protection », a-t-il regretté, en souhaitant plus de transparence dans le déroulement des procès. « Je voudrait M le juge, qu’on permette aux caméras d’entrer et de filmer ce qui se passe à l’intérieur des salles d’audiences à fin d’élargir les regards et d’aller vers plus de transparence », a-t-il demandé.
L’utilisation inappropriée du terme de corruption a également été pointée par Me Dahnous, lors de sa plaidoirie en faveur de Addou Tadj Eddine, accusé de corruption, fraude, blanchiment d’argent et constitution d’une association de malfaiteurs, et contre qui, le ministère public a requis une peine de 15 année de prison ferme et 8 millions de DA d’amende. « Au vu de ce que stipule l’alinéa 1 de l’article 25 du code pénal, et conformément au dossier transféré par la chambre des accusations au Tribunal pénal, on ne trouve aucun élément incriminant ou accusant mon client M. Addou Tadj Eddine. D’où tient ce mot corruption sa légitimité dans cette affaire », s’est-il interrogé.
Huit avocats ont plaidé dans l’après midi la cause de leurs accusés, les deux entreprises Pizzaroti et Caraventa, Addou Tadj Eddine, Mouhamed Bouchama. Ils seront au total quarante trois avocats à défendre les 16 personnes physiques et les 7 personnes morales mises en cause dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest.