La crise concernant la cargaison de carburant algérien non conforme livrée au Liban en 2020 semble proche d’une résolution dans les prochains jours, grâce au soutien de l’Algérie dans la gestion de la crise énergétique qui a récemment frappé le Liban.
Selon le média spécialisé « Attaqa », le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a présidé, ce jeudi 17 octobre 2024, une réunion pour examiner les solutions légales possibles concernant le dossier de la Société nationale des hydrocarbures algérienne, Sonatrach.
Ont assisté à cette réunion plusieurs ministres : le ministre des Finances, celui des Affaires étrangères et des Émigrés, le ministre de la Justice, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, ainsi que le ministre de l’Industrie et le secrétaire général du Conseil des ministres.
La cargaison de carburant, arrivée au Liban à bord du navire Ain Akker le 28 août 2024, a relancé les débats quant à la possibilité pour le Liban d’abandonner les poursuites judiciaires contre Sonatrach dans ce que l’on appelle l’affaire du « carburant algérien défectueux ».
Un tournant dans les relations algéro-libanaises
Selon le même média, citant des sources proches du dossier, Beyrouth serait sur le point de clore cette affaire en raison des relations renforcées entre les deux pays, marquées notamment par le soutien de l’Algérie au Liban dans sa récente crise énergétique. Il est important de rappeler que l’Algérie a fait don d’une cargaison de carburant il y a deux mois pour secourir le secteur de l’électricité, lorsque le pays avait été plongé dans le noir total.
Ces mêmes sources ont confirmé qu’une nouvelle cargaison de carburant serait bientôt offerte par l’Algérie, ce qui permettrait de solder définitivement l’affaire du carburant défectueux.
Sonatrach avait, dans un communiqué publié le 21 août dernier, précisé que la cargaison envoyée au Liban – d’un volume d’environ 30 000 tonnes – constituait « la première livraison ». Celle-ci avait été chargée au port pétrolier de Skikda avant d’être expédiée au Liban via le navire « Ain Akker » appartenant au groupe Sonatrach, arrivant dans les ports libanais le 27 août.
Ce geste algérien est intervenu après que l’Électricité du Liban avait annoncé le 17 août dernier que ses réserves de carburant étaient totalement épuisées, entraînant un arrêt complet de l’approvisionnement en électricité à travers le pays, touchant même les infrastructures essentielles telles que les aéroports, les prisons, les ports et les stations de pompage d’eau.
Retour sur l’affaire du carburant défectueux
L’histoire remonte à 2020, lorsque l’Algérie avait expédié au Liban une cargaison de carburant qui s’est révélée ne pas être conforme aux normes internationales.
Le contrat commercial entre les deux pays, pour l’exportation de carburant algérien vers le Liban, datait de 2015. Il stipulait un renouvellement automatique tous les trois ans avec l’accord des deux parties.
Cependant, le 25 mars 2020, en pleine pandémie de Covid-19, une cargaison de carburant algérien est arrivée au Liban, et après analyse des échantillons – procédure standard – il a été constaté que le carburant était de mauvaise qualité et ne respectait pas les spécifications convenues.
L’enquête menée par le bureau du procureur général libanais a révélé une suspicion de corruption impliquant le directeur de la filiale libanaise de Sonatrach et plusieurs responsables des installations pétrolières au Liban. Dix-sept personnes ont été emprisonnées, tandis que Sonatrach a nié toute responsabilité, affirmant que le suspect n’était qu’un simple agent de la filiale londonienne de la société, chargée des exportations, et que les cargaisons étaient conformes.
Depuis lors, l’affaire est restée en suspens, avec des tentatives périodiques de résolution, soit par des compensations financières, soit par une nouvelle livraison de carburant. En 2023, le ministre libanais de l’Industrie avait évoqué la possibilité de résoudre cette affaire en proposant que l’Algérie envoie une cargaison de carburant en tant que don, solution qui semble avoir été adoptée récemment par le président algérien Abdelmadjid Tebboune dans un geste de solidarité face à la crise énergétique libanaise.