Une révélation du quotidien « La Provence » vient de jeter un pavé dans la mare du commerce franco-algérien. L’interdiction de la pâte à tartiner algérienne El Mordjene sur le marché européen, officiellement justifiée par des normes sanitaires, s’avère être un spectaculaire coup d’épée dans l’eau pour les autorités françaises.*
L’affaire commence avec le blocage d’une cargaison d’El Mordjene au port de Marseille, invoquant le sacro-saint « article 20, troisième alinéa, du règlement n°2202/2292 » de l’Union européenne. Cette disposition, censée réguler les produits contenant des ingrédients d’origine animale, a servi de prétexte pour évincer ce concurrent redoutable des rayons français.
Mais voilà que « La Provence » dévoile l’ironie mordante de la situation : le lait incriminé dans la composition d’El Mordjene est… français ! La marque Cebon, productrice de cette pâte à tartiner algérienne, a en effet contourné les restrictions en important directement du lait de l’Hexagone. Un tour de passe-passe commercial qui met en lumière l’absurdité de la décision française.
Cette révélation expose un paradoxe troublant. Le lait français, jugé conforme aux normes lorsqu’il est exporté, devient soudainement problématique une fois transformé en pâte à tartiner sur le sol algérien. Cette incohérence flagrante soulève des questions légitimes sur les véritables motivations de cette interdiction.
Plutôt qu’une simple question de normes sanitaires, l’affaire El Mordjene semble dévoiler un protectionnisme à peine voilé. L’objectif apparent ? Protéger les géants de l’industrie, tels que Nutella, face à la montée fulgurante de ce concurrent algérien.
En effet, El Mordjene, en jouant selon les règles du marché et en déployant une stratégie marketing percutante sur les réseaux sociaux, avait réussi à séduire les consommateurs français. Ce succès inattendu a vraisemblablement ébranlé les acteurs établis du marché, poussant potentiellement les autorités à recourir à des mesures restrictives sous couvert de régulations sanitaires.
L’affaire El Mordjene illustre parfaitement les contradictions d’une économie mondialisée où les frontières s’effacent pour les capitaux, mais se dressent face aux produits innovants venus de pays émergents. Elle soulève également des questions sur l’intégrité des processus décisionnels au sein de l’Union européenne et sur la réelle liberté de circulation des marchandises.
En fin de compte, cette saga gourmande pourrait bien laisser un goût amer dans la bouche des autorités françaises. Non seulement elle expose les failles de leur stratégie protectionniste, mais elle risque également d’envenimer les relations commerciales franco-algériennes. Une chose est sûre : cette affaire ne fera pas que tartiner la réputation de la France, elle pourrait bien la griller.