Le procès de l’affaire Khalifa s’est poursuivi aujourd’hui à Blida. L’ex-PDG de la Khalifa Bank a défié le tribunal d’apporter la moindre preuve de existence de ce contrat d’hypothèque pour lequel il est poursuivi pur « faux et usage de faux ». Pour son avocat Me Nasreddine Lezzar, « dans ce document on ne trouve pas les éléments d’information nécessaires au standard d’un document notarié, notamment des documents identificatifs des propriétaires, des biens hypothéqués… ».
Ce matin a commencé la dernière audition de Abdelmoumène Khalifa avant les confrontations qui auront lieu la semaine prochaine au tribunal de Blida. Avec une aisance verbale devenue habituelle depuis le début de ce procès, l’accusé principal a répondu aux questions du juge et de ses deux avocats, Me Lazzar et Me Medjhouda. Sa banque Al Khalifa Bank faisait un bénéfice journalier de 5 à 6 milliards de dinars sur tout le territoire national, a-t-il affirmé, expliquant que les bénéfices de ses agences bancaires et de sa compagnie aérienne étaient répartis entre les associés conformément à une convention les régissant.
Les fonds utilisés pour le lancement de la banque Al Khalifa, a assuré Abdelmoumène Khalifa, provenaient des recettes de son entreprise KRG Pharma pour la production et la commercialisation de médicaments, seule dans les années 1999 à concurrencer Saidal, selon ses dires. Et d’ajouter : « Une expertise faite en France démontre le financement d’Al Khalifa Airways par KRG Pharma France. Cette expertise est accessible, je peux vous l’apporter. »
Le notaire Me Rehal, dont le cabinet se trouve à Cheraga, doit répondre au chef d’inculpation de falsification de documents officiels, en l’occurrence, le contrat de constitution de la banque Al Khalifa sans que le quart du capital, estimé à 5 milliards de dinars, ne soit versé, comme l’exige le règlement, ainsi que le contrat d’hypothèque d’une maison à Hydra et d’un local de Cheraga auprès de la Banque de Développement Local (BDL), contrat dont Abdelmouène Khalifa dément l’existence qui l’inculperait de faux et d’usage de faux.
Me Rehal, né en 1929, et dont les facultés auditives paraissent largement altérées, a affirmé que les associés lui avaient montré une somme équivalant le quart du capital nécessaire à la création de la banque: « J’ai pu réunir toutes les signatures des associés, excepté celles d’Abdelaziz Khalifa (frère de Abdelmouène Khalifa, NDR) et de son épouse. Je suis allé à sa maison familiale devant laquelle étaient garées plusieurs voitures. Je n’ai pas voulu entrer. J’ai chargé mon clerc, M. Djamel Guelimi, de m’apporter les autres signatures, ce qu’il a fait. » Et de poursuivre : « J’ai fait cela de bonne foi, et ce n’était qu’une libération de fonds. Il ne faudrait pas confondre la libération des fonds et le versement des fonds à la Trésorerie. Ce dernier devait être fait au niveau de la Trésorerie de Tipaza. »
La défense d’Abelmoumene Khalifa exulte
Adelmoumène Khalifa n’a cessé de marteler, depuis le début de son audition, que ce contrat d’hypothèque de sa villa à Hydra et de son local à Cheraga auprès de la DBL pour le financement de sa banque est un contrat falsifié, arguant des erreurs dans la description des deux propriétés immobilières, et défiant même le magistrat Antar Menouar de trouver sa signature.
Me Rehal a aussi nié l’existence de ce contrat d’hypothèque pour la BDL et en plus, « il se trouvait en France pour des soins la date de (sa) rédaction » supposée. Le juge l’a alors interrogé : « Votre clerc, M. Djamel Guelimi, aurait-il donc utilisé votre cachet humide ou pris un document blanc avec cachet qu’il aurait rempli par la suite ? ».
Cette audition du notaire de la famille Al Khalifa a redonné un grand espoir à la défense de Abdelmoumene Khalifa. Son avocat, Me Nasseredine Lazzar, a estimé, dans une déclaration à Maghreb Emergent, que ces révélations et les documents présentés par le juge avaient fait tomber une pièce fondamentale de l’édifice de l’accusation de faux et d’usage de faux : « Ce qui faisait objet d’accusation de faux et d’usage de faux s’avère inexistant. Dans ce document d’hypothèque des deux biens immobiliers, on ne trouve pas les éléments d’information nécessaires au standard d’un document notarié, notamment des documents identificatifs des propriétaires, des biens hypothéqués… Aucune d’identité des signataires n’a été identifiée. La société bénéficiaire du crédit n’a pas non plus as été identifiée. On ne trouve ni le numéro du registre de commerce ni l’adresse du siège social ni le nom du gérant ni de celui de la société. On n’hypothèque quand-même pas un bien pour garantir un crédit à une société non identifiée ».
Isir Idir multiplie les dénégations
Il était 15 heures lorsque a commencé l’audition de Isir Idir, ancien, ex-directeur de l’agence BDL de Staouéli. Coup de théâtre, cet ancien proche de Abdelmoumène Khalifa , accusé de faux et d’usage de faux, d’appartenance à association de malfaiteurs, d’abus de confiance et de fraude, a fait volte-face et nié tous ce qu’il avait dit pendant l’instruction. « Je ne connais pas M. Guelmi », a-t-il dit.
Le juge Antar lui a rappelé ses déclarations relatant la signature du contrat d’hypothèque chez Me Rehal, suivi d’une sortie avec Abdelmoumèhne Khalifa et Djamel Guelmi dans un café. Isir Idir a nié l’avoir déclaré et expliqué qu’il avait été injurié par un juge d’instruction, ce qui l’avait contraint, a-t-il dit, de faire ces déclarations. Antar Menouar lui a alors énuméré une série de témoignages identiques dans trois procès-verbaux différents qu’il était en train de contredire aujourd’hui, ce à quoi il n’a pas semblé répondre de façon convaincante. « Je suis un homme correct, je n’ai jamais falsifié un document ni fraudé. Mes principes ne me le permettent pas et j’ai six enfants à nourrir » n’a-t-il cessé de répéter depuis le début de sa comparution.