Le procès de 15 prévenus et quatre sociétés étrangères dans l’affaire Sonatrach 1, dont l’ex PDG Mohamed Meziane et l’ex vice-président Amont Belkacem Boumediene, se poursuit mardi au tribunal criminel d’Alger pour la troisième journée consécutive. L’affaire avait été reportée à deux reprises.
La séance de mardi se poursuivra par la lecture de l’arrêt de renvoi, comportant 293 pages. La séance sera ensuite poursuivie par l’interrogatoire des accusés.
« La lutte contre la corruption en Algérie est sélective. Nous avons l’impression qu’une main de fer s’oppose à la condamnation des véritables responsables de la dilapidation de l’argent public et de la corruption massive » déclare Me Khaled Bergheul.
Le procès de l’affaire Sontrach 1 » dépasse de loin la simple affaire de corruption à caractère criminel », estime Me Khaled Bergheul, avocat du consultant financier El Hachmi Moghraoui et de son fils Yazid Elyas Moghraoui, accusés de blanchiment d’argent. « C’est un procès politique sous une couverture légale, et les prévenus n’y sont que des alibis, des boucs émissaires », a-t-il déclaré à Maghreb Emergent.
Pour Me Bergheul, le procès de Sontrach1, émane, à l’instar du procès de l’autoroute Est-Ouest, d’une réelle volonté de lutte contre la corruption affichée par le président Abdelazziz Bouteflika en 2013. Cependant, ce procès de l’affaire numéro 206 de la session criminelle de l’automne 2015, comporte un dossier criminel qui ne concerne que les « petits ». Maitre Khaled Bergheul voit que la lutte contre la corruption est « sélective » en Algérie, alors qu’elle « ne devrait avoir de lignes rouges et toucher les structures les plus élevées du pouvoir». Ces lignes rouges « entravent le chemin de la justice », constate-t-il. « Nous avons l’impression qu’une main de fer s’oppose à la condamnation des véritables responsables de la dilapidation de l’argent public et de la corruption massive. Nous sentons qu’il ya un stade à ne pas dépasser, qui est celui des directeurs généraux et centraux et des simples opérateurs économiques etc », a-t-il témoigné.
Corroborant ses propos, Me Bergheul rappelle le transfert du juge d’instruction de la 9eme chambre du pole d’Alger Ghezali Kamel, chargé de diligenter l’enquête sur l’affaire Sonatrach 2, au poste de procureur Général Adjoint de Blida. Me Kamel Ghezali avait en effet, conduit des enquêtes en Suisse et en Italie sur les activités de l’ancien ministre de l’énergie Chakib Khelil, avant d’être transféré en septembre dernier au Tribunal de Blida, concomitamment au déroulement des procès de Pietro Varone, Tullio Orsi et Paolo Scaroni à Milan. (http://maghrebemergent.com/economie/algerie/52813-affaire-saipem-le-parquet-de-milan-demande-la-saisie-de-250-millions-de-dollars-avarone-bedjaoui-et-ouraied.html).
Me Bergheul évoque également le transfert du procureur Général d’Alger Zeghmati à la Cour Suprême et le limogeage de certains ministres, à l’image de Mohammed Charfi, « conduisant l’affaire vers d’autres directions ».
Les affaires Sonatrach 1 et Sonatrach 2 sont imbriquées
Certains avocats regrettent la dissociation de l’affaire Sonatrach 1 de l’ancien ministre de l’énergie Chakib Khelil, principal sujet de l’affaire dite Sonatrach 2. « Je ne crois pas qu’il y ait une affaire Sonatrach 1 et une autre Sonatrach 2. Il s’agit d’une même entreprise et des mêmes chefs d’inculpations, avec une différence au niveau des acteurs et des contrats. Les deux affaires sont à mon avis, liées », opine Me Bergheul. Dans l’affaire Sontrach 1 déclenchée en 2010, quatre entreprises étrangères, à savoir Contel Algérie, Contel Funkwerk Plettarc (Allemagne) et Saipem Contracting Algérie, auraient obtenu illégalement des contrats correspondant respectivement à la mise en place des systèmes d’alarme et de télésurveillance décrochés et la Réhabilitation du siège de Sonatrach de Ghermoul (Alger) avec le bureau d’étude CAD, et la réalisation du gazoduc GK3 reliant Hassi R’mel à El Kala.
Une quarantaine d’avocats défendent les 15 prévenus et lmes quatre sociétés étrangères, qui seront répartis sur les quatre affaires, lesquelles seront traitées séparément, selon les affirmations faites lundi 28 décembre par le président du tribunal criminel Mohamed Reggad. Le groupe pétrolier Sonatrach et le Trésor public se sont constitués partie civile dans cette affaire. La défense a récusé la demande du Trésor public de se constituer partie civile, estimant qu’il n’y a pas eu de plainte de l’entreprise, Sonatrach en l’occurence.
Reporté à deux reprises, ce procès dans lequel sont impliqués 15 personnes dont d’ex-hauts responsables du groupe Sonatrach et quatre sociétés étrangères pour des faits liés à la « corruption » a débuté avec la présence de 82 témoins, alors que deux autres sont morts. 26 témoins sont absents et trois mandats d’amener ont été délivrés pour trois autres témoins dans cette affaire qui a éclaboussé le groupe pétrolier algérien.