Le CPP de ses lendemains de la bataille de Alep, n’a jamais connu une ligne de fracture aussi nette.
A la source de la faille sismique, la déclaration de Ramtane Lamamra, le ministre algérien des affaires étrangères, qui assimile la reprise de Alep à « une défaite du terrorisme » et à la reconquête de « la souveraineté de l’Etat syrien » sur son territoire. Une réaction qui finit de mettre des mots sans équivoque sur le soutien larvé de Alger à Damas depuis le début de l’insurrection d’une partie de la population syrienne au printemps 2011, dans le sillage du printemps arabe.
De Alep à l’Algérie des années 90
La reconquête de Alep par le régime de Assad est saluée par Akram Khraif comme un processus de rétablissement de la souveraineté d’un Etat sur son territoire : « c’est parfait pour nous ». Une phrase qui a « allumé » Ihsane El Kadi lancé aussitôt dans un long rappel du contexte de la guerre en Syrie, « une révolution qui a mal tournée », mais qui était pacifique à ses débuts, et que le régime de Bachar Al Assad « a obligé à la militarisation ». Pour Tarik Hafid la scène en Syrie est semblable à celle de l’Algérie des années 90 avec d’un côté des terroristes qui imposent des règles de vie sur le territoire «comme celles du GIA dans la Mitidja » et de l’autre, un Etat qui « est certes une dictature », mais qui offre aux citoyens un recours en les protégeant du diktat des terroristes. Il n’en fallait pas plus pour que « le son monte » sur le plateau de Khaled Drareni. L’intervention tardive de Abed Charef, arrivé en retard dans l’émission, a permis de tempérer les ardeurs en élargissant le cadre historique de l’enjeu syrien. Il reste que la ligne de fracture est bien apparue dans ce débat du CPP comme une projection de la scène algérienne des années 90 sur le théâtre syrien. Les rebelles syriens, devenus « tous des terroristes », justifient donc le recours à la force militaire sans limites, déployée, notamment par l’aviation russe, sur les quartiers Est d’Alep. Une expression grinçante qui a fait de ce numéro du CPP sans aucun doute le plus tendu, depuis celui au lendemain de l’arrestation musclée du général en retraite Hocine Benhadid en septembre 2015.
La Tunisie et les lycéens algériens pour espérer
L’évocation du modèle tunisien dans les printemps arabes a détendu le climat autour de Khaled Drareni en 2e partie d’émission. Lotfi Madani, journaliste et homme de radio, algérien résident à Tunis a d’abord rappelé les conquêtes, fragiles mais réelles, de la transition tunisienne. Avec en point d’orgue la nomination d’un chef de l’exécutif, Youcef Chahed, de 41 ans, signe de la vigueur réformatrice de la transition tunisienne. Mais le débat tunisien a également exhumé d’autres divergences entre les débatteurs : la part de l’influence des grandes puissances dans le cours des révolutions arabes dans leurs réussites ou dans leurs échecs. Un sujet clivant quand il s’agit du sort de la Libye voisine (qui a tué Kaddafi et qui a fait dérailler la transition libyenne ? ). La reculade pavlovienne de Noria Bengharbit sur le calendrier des vacances a permis de finir le CPP sur un air de doux chaos domestique. Des jeunes lycéens sont sortis en nombre dans les rues de Bejaia, Constantine, Annaba contre le raccourcissement – intempestif- des vacances d’hiver de 15 jours à 10 jours. Le gouvernement a vite fait machine arrière. Une indication sur le climat politique de 2017 ?
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