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Algérie : 2018, une année charnière pour les droits et les libertés

Par Younes Saâdi
décembre 26, 2018
Algérie : 2018, une année charnière pour les droits et les libertés
Les Algériens boucleront dans quelques jours l’année 2018. Une année pas comme ses précédentes. Elle est marquée par des atteintes généralisées aux libertés individuelles et collectives ainsi qu’aux droits fondamentaux des Algériens.

Les institutions du pouvoir ont multiplié tout au long de l’année en cours, les violations des normes et les principes des droits de l’homme. Ni les appels, des ONG internationales de défense des droits de l’homme, ni les mises en gardes des partis de l’opposition, ni les rappels à l’ordre des organes des Nations-unis ont pu stopper l’offensive lancée contre les derniers acquis la révolte d’octobre 1988.

Militants politiques, syndicalistes, activistes, journalistes, migrants, blogueurs, haragas, chefs d’entreprises, cadres associatifs, l’appareil répressif du régime a touché tout le monde.

Les blogueurs et les journalistes traqués partout

Les blogueurs et les journalistes ont eu la part du lion des atteintes aux droits fondamentaux des Algériens commises par les différentes institutions du pouvoir. Touati Marzouk, Ben Naoum, Khelaf Benhada, Abdo Semmar, Abdelkrim Zeghileche, Adlène Mellah, la liste toutes les personnes condamnées par la justice ou qui attendent leur procès ne cessent de s’allonger au point d’inquiéter l’ONG Reporters sans frontières (RSF), qui a publié cette année, plusieurs communiqués pour appeler le gouvernement à lever les poursuites judicaires contre les journalistes et les blogueurs. Une demande exprimée également par Amnesty International et Humain Right Watch. C’est la première fois, que les organisations de défense des droits de l’homme recensent 5 journalistes incarcérés au même temps en Algérie.

Les avocats défenses des droits de l’homme ciblés

2018 est l’année aussi des pressions exercées sur les avocats impliqués dans la défense des droits de l’homme. L’infatigable avocat défenseur des droits de l’homme Me Noureddine Ahmine a comparu cette année aussi bien devant la juge que devant le conseil de discipline de l’ordre des avocats. Il était poursuivi pour “outrage à corps constitués et présentation de fausses preuves”. Fort heureusement, la mobilisation solidaire des robes noire a fini par payer. Commentant ces deux affaires, Me Ahmine fait le lien entre ses activités militantes en faveurs des chômeurs, des familles de disparus, des détenus de Ghardaia et les pressions qu’il subit. Ahmine est loin d’être un cas isolé. Tous les avocats qui ont signé le communiqué dénonçant les agissements des juges lors du dernier procès du journaliste Adlène Mellah seront poursuivis en justice par le Syndicat national des magistrats (SNM), que préside Djamel Aidouni.

L’activité associative autonome sous embargo

L’année en cours a été marquée également par la persistance des pressions sur les associations autonomes. Toutes les tentatives menées par Amnesty Algérie, Raj, LADDH, AADH, LADH, SOS Disparus et autres pour avoir une reconnaissance légale des autorités se sont soldés par échec. Les services du ministère de l’Intérieur ne donnent jamais de réponses aux demandes d’agrément aux associations qui n’adhèrent pas à sa logique qui ne soutiennent pas sa politique. Les activités de la Ligue algériennes pour la défense des droits de l’homme l’aile Hocine Zehouane sont toujours interdites par l’administration à Bejaia et Alger. Un refus jamais accompagné par une explication. Les interdictions se sont étendues à l’association des éditeurs électroniques qui n’a pas pu tenir son assemblée constitutive suite à une interdiction émanant de la wilaya d’Alger.

La presse électronique n’est pas en reste

La presse électronique algérienne continue d’exercer ses activités sans cadre légal et sans reconnaissance des autorités. Le ministère de la Communication n’a donné aucun délai pour la mise en place de cadre légal nécessaire pour l’évolution des médias électroniques dans le pays. L’absence d’un cadre juridique spécifique entrave le travail des journalistes de la presse électronique.

Les syndicats et les partis politiques n’échappent pas à la règle

Le gouvernement a continué en 2018 à ignorer l’existence des syndicats autonomes. Pire, le ministère du travail a adressé au début de l’année, une note aux syndicats pour qu’ils communiquent leurs fichiers organiques. Une démarche qui s’est soldée par l’élimination de 48 syndicats de la liste des syndicats représentatifs. Seules 17 organisations syndicales ont pu satisfaire les exigences du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. Dans une déclaration à la presse le ministre du Travail, Mourad Zemali a écarté toute instrumentalisation politique de sa démarche. Il a expliqué que sa demande s’inscrit dans le cadre du respect de la loi. Une explication qui pourrait avoir du sens si le ministre a osé publier la liste des syndicats représentatifs des employeurs. La loi exige la même chose aussi bien pour les syndicats des travailleurs que ceux des employeurs (patrons). Exiger un minimum de 20% de représentativité pour les syndicats d’employés pour pouvoir négocier avec l’employeur et les autorités et dispenser les syndicats d’employeurs de cette exigences légales n’est qu’une violation de la loi et la consécration de la politique de deux poids de mesure. Les membres du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), ont été empêché dans les plusieurs établissements universitaires de tenir leurs réunions. Idem pour le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), qui continue d’activer dans la clandestinité. Son coordinateur national Nawfel Chekaoui a été condamné le 25 décembre à deux mois avec suris par le tribunal d’Ain El Beida à Oum EL Bouaghi pour une affaire lié aux manifestations qu’a connu cette ville le mois d’octobre 2017.

Les migrants chassés et brutalisés

Des ONG de défense des droits de l’homme et organe des Nations-unis accusent les autorités algériennes d’avoir arrêté et refouler vers les frontières sud des milliers migrants, de demandeurs d’asile et de réfugies en toute violation des normes internationales relatives aux droits de l’homme.

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