Si le gouvernement n’a «aucun souci » à se faire du côté de l’UGTA, il en aura du côté des syndicats autonomes qui s’apprêtent à monter au front. Le retour d’Ouyahia leur fait craindre une « nouvelle diabolisation » des autonomes.
Les syndicats autonomes se préparent à la bataille pour la défense des acquis sociaux des travailleurs « conquis après de longues luttes ». La volonté de l’exécutif à aller de l’avant dans ses projets de réformes des politiques sociales de l’État devrait se heurter à une forte détermination des syndicats à défendre le pouvoir d’achat des citoyens, la protection sociale des travailleurs et les droits constitutionnels des syndicalistes.
Pour tracer le programme de leur riposte collective, les organisations syndicales autonomes regroupées dans le cadre de l’intersyndicale vont se réunir samedi prochain à Alger. Une réunion qui sera sanctionnée par une série de décisions importantes, a-t-on appris du coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane.
«Le retour à la protestation est inévitable»
«La réunion du samedi sera une occasion pour redéfinir notre futur plan d’action pour la rentrée sociale », a-t-il indiqué. L’amendement du code de travail, les retraites, le pouvoir d’achat des Algériens, le respect des libertés syndicales, la reconnaissance des syndicats autonomes en tant partenaire social à part entière et le plan d’action du gouvernement seront les points en débat entre syndicalistes.
«Nous avons énormément des choses à dire sur la situation socioéconomique du pays», nous dira Meriane qui s’attend à un consensus sur la reprise de la protestation. « Je pense que le retour à la protestation sera inévitable vu les derniers développements socioéconomiques qui ont marqué le pays ces derniers mois», affirme-t-il.
Ligne rouge
« Le pouvoir d’achat des Algériens est une ligne rouge à ne pas franchir. Nous n’allons pas rester figés devant les tentatives visant à faire payer aux couches les plus vulnérables les prix de la crise », prévient-il.
« Les solutions à la crise sont dans l’éradication de l’informel, dans le recouvrement de toute la fiscalité et la lutte contre la surfacturation. Les travailleurs ne peuvent pas donner plus », dit-il.
Commentant le retour d’Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement, le syndicaliste se dit inquiet. « Tous les syndicalistes autonomes sont désagréablement surpris par le retour de cet homme qui a déjà mené plusieurs batailles aux syndicats autonomes », affirme-t-il en disant craindre une «nouvelle diabolisation des organisations syndicales autonomes ».
« En 2011, Abdelkader Bensalah a invité tous les syndicats autonomes au dialogue pour discuter des réformes politiques décidées par le président de la République. Malheureusement, en 2014, Ahmed Ouyahia a écarté tous les syndicats autonomes de la deuxième session des mêmes consultations ».
Pour le coordinateur national du Snapest l’association des syndicats autonomes aux réunions de la tripartite devient d’une nécessité au vu des intentions du gouvernement. « Sans les syndicats autonomes, le gouvernement et le patronat imposeront leur logique », estime-t-il.