M A G H R E B

E M E R G E N T

Algérie

Algérie-automobile: des concessionnaires risquent de se voir retirer l’agrément dès le début 2017

Par Mohamed Zenina
juillet 14, 2016
Algérie-automobile: des concessionnaires risquent de se voir retirer l’agrément dès le début 2017

Le ministre de l’Industrie et des mines, Abddeslam Bouchouareb, a affirmé mercredi que le délai fixé à début 2017 aux concessionnaires automobiles pour créer une activité industrielle ne sera pas prorogé, ce qui signifie que ceux qui ne se conformeront pas à cette obligation se verront retirer leur agrément.

 

«Je ne peux pas enfreindre la loi», a déclaré à la presse le ministre en réponse à une question sur une possible prorogation de ce délai.

«La loi de Finances 2014 fait obligation aux concessionnaires automobiles de créer une activité industrielle et leur a accordé un délai de trois années à cette fin, le délai ne sera pas prolongé», a souligné le ministre qui s’exprimait en marge de la présentation de la loi relative à l’investissement au Conseil de la nation

L’article 52 de la loi de finances 2014 prévoit que «les concessionnaires automobiles sont tenus dans un délai maximum de trois ans, à compter de la date de publication de cette dernière, d’installer une activité industrielle et/ou semi-industrielle ou toute autre activité ayant un lien avec le secteur automobile».

Le retrait d’agrément  sera élargi à d’autres produits

Lors de sa visite le 23 juin dernier à l’unité de production des véhicules de la Société algérienne pour la fabrication des véhicules (SAFAV-MB) à Tiaret, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait sommé les concessionnaires algériens et étrangers  de se plier à cette obligation, expliquant que «le choix de bâtir une économie nationale forte hors hydrocarbures est irréversible». 

M. Sellal avait rappelé que la loi en question faisait obligation à tous les concessionnaires automobiles d’investir localement, prévenant que faute de quoi, leur licence d’importation leur sera « retirée en 2017 ». Il avait même affirmé que cette mesure sera élargie à d’autres produits de large consommation, comme les médicaments.

Selon lui, «c’est cela la feuille de route tracée par le gouvernement afin de renforcer la capacité de production nationale», affirmant qu’il s’agissait de la «seule solution pour bâtir une économie hors hydrocarbures».

Le montage, première étape dans la mise en place d’une industrie automobile

Lors de la cérémonie de sortie le 07 juin dernier du premier camion de l’usine Global Motors Industries de montage des camions et autocars de la marque Hyundai à Batna, M. Bouchouareb  avait indiqué que cette unité entrait dans le cadre de la diversification de l’économie nationale et permettait de constituer la base d’une industrie mécanique dans laquelle le montage constitue une première étape nécessaire et inévitable.

L’usine implantée dans la zone industrielle de Batna assurera d’ici à fin 2016 le montage de 15.000 véhicules et prévoit de porter sa capacité annuelle à 22.000 unités en 2020, selon les responsables de cet investissement privé algéro-sud coréen d’un montant de 7 milliards dinars.

Investir dans la sous-traitance pour devenir industriel

L’usine, qui dispose d’une capacité de production annuelle de 3.000 camions, 200 bus, 50 autocars, 250 tracteurs et 250 engins, emploie actuellement 450 travailleurs  et projette d’atteindre en cinq ans un taux d’intégration de 40 % grâce à la sous-traitance locale, sur laquelle le ministre a insisté pour augmenter graduellement le taux d’intégration des pièces localement fabriquées

S’agissant de la réduction des quotas de voitures importées, et dont la répartition entre les concessionnaires a soulevé la colère de nombreux d’entre qui considéraient que cette répartition était inéquitable, le ministre avait invité les concessionnaires à investir dans la sous-traitance pour devenir eux-mêmes des industriels, affirmant que des avantages considérables étaient accordés pour ce genre d’activité.

La facture d’importations de véhicules a reculé à près de 555 millions de dollars (usd) durant les 5 premiers mois de 2016 contre 1,72 milliard usd durant la même période de 2015, soit une baisse de 1,165 milliard usd (-68%), selon les Douanes algériennes.

Pour ce qui est des quantités importées, elles ont chuté de 75% avec 35.925 véhicules importés entre début janvier et fin mai 2016, contre 144.060 unités sur les cinq premiers mois de 2015, soit une réduction de 108.135 véhicules.

Par concessionnaire, les baisses ont oscillé entre 2% et 98% et elles ont été plus sensibles chez ceux des marques asiatiques. Les licences d’importation de véhicules ont été attribuées, en mai dernier, à 40 concessionnaires sur 80 postulants.

Fixé initialement à 152.000 unités pour l’année 2016, le contingent quantitatif d’importation de véhicules a été réduit à 83.000 unités.

Selon les prévisions du ministère du Commerce, la facture d’importation des véhicules ne dépassera pas un (1) milliard usd en 2016, contre 3,14 milliards usd (265.523 véhicules) en 2015 et 5,7 milliards de dollars en 2014 (417.913 unités).

Plafonner les importations, est-ce la panacée face à la crise

Compte tenu de la chute des cours du brut et le tarissement des ressources financières de l’Etat qui continue de tirer plus de 90% de ses revenus de la vente d’hydrocarbures, le gouvernement a décidé de plafonner certaines importations par la mise en place d’un régime de licences d’importation qui concerne jusqu’à présent les véhicules, le ciment portland gris, le rond à béton et certains produits agricoles.

Mais pour les analystes, ces mesures sont loin de permettre au pays de faire face à la crise, sans une volonté politique mettant fin aux entraves posées par l’Etat lui-même et qui n’en finissent pas de décourager les investisseurs aussi bien nationaux qu’étrangers comme l’a montré récemment le «flop» retentissant de la tentative d’introduction en bourse de la cimenterie de Ain Kebira, relevant du groupe industriel des ciments d’Algérie (GICA).

A ce propos, et à une question sur le financement du projet d’extension de cette cimenterie, alors que ses actions n’ont pas trouvé preneur à  la Bourse d’Alger, M. Bouchouareb, qui a refusé de reconnaitre l’échec de l’opération, n’a eu d’autre réponse que d’indiquer que le groupe investira lui-même dans ce projet…affaire à suivre car la question de savoir si l’Etat a finalement pris la mesure de la gravité de la situation où s’il va continuer à attendre une manne providentielle, est plus que jamais lancinante.  

 

ARTICLES SIMILAIRES

Á la une Algérie

Elle mène campagne au profit de Tebboune à Tizi-Ouzou : revoilà Naima Salhi !

Naïma Salhi-Leghlimi, ancienne députée de la wilaya de Boumerdès et présidente du Parti de l’Équité et de la Proclamation (PEP), revient sous les projecteurs malgré son statut de femme politique… Lire Plus

Algérie Politique

Présidentielles : la crise politique passée sous silence 

Les jours se suivent et se ressemblent pour les trois candidats à la présidentielle en Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Youcef Aouchiche et Abdelali Hassani Cherif. Depuis le début de la campagne… Lire Plus

Actualités Algérie

Tensions lors de la commémoration du Congrès de la Soummam : l’accès au site historique restreint

Le 20 août 2024, jour de commémoration du Congrès historique de la Soummam, a été marqué par des tensions significatives à Ifri, lieu emblématique où s’est tenu cet événement crucial de… Lire Plus

Á la une Actualités

L’ANIE rappelle les règles de couverture médiatique après des accusations de biais en faveur d’Abdelmadjid Tebboune 

L’autorité nationale indépendante des élections (ANIE) est intervenu vendredi pour recadrer les médias publics et privés, suite aux accusations de « biais médiatique en faveur du président Abdelmadjid Tebboune »…. Lire Plus

Ihsane Visuel
Actualités Algérie

Ihsane El Kadi condamné avant d’être jugé : retour sur des révélations inédites

Il y a un an, le 4 mars 2023, les avocats d’Ihsane El Kadi, Zoubida Assoul, Nabila Smail, Abdallah Haboul et Said Zahi ont révélé, lors d’une conférence de presse,… Lire Plus