La démarche de transparence adoptée par le gouvernement est saluée mais reste insuffisante aux yeux des observateurs.
La publication des listes des véhicules sortis d’usine en Algérie n’aura eu qu’un effet placebo. Le document du ministère de l’Industrie aura enflammé les débats sur les plateaux mais également sur les réseaux sociaux. Toutefois l’on estime que cet édit n’est que de la poudre aux yeux tant le sacro-saint principe de l’offre et de la demande demeure le seul déterminant dans l’équation du coût des voitures made in Algérie.
Aussi, et par le truchement de la loi de l’offre et de la demande, désormais en vigueur, une faune de revendeurs s’adonne au sport de la spéculation et continue d’engranger des dividendes substantiels en profitant de la pénurie et du manque de disponibilité des produits convoités. Il n’est donc pas étonnant de voir encore une mini-citadine défier l’entendement en affichant un prix parallèle qui dépasse souvent les deux millions de dinars.
Au milieu de ce tohu-bohu général il arrive souvent que l’on invoque le retour du fameux moins de trois ans. Un moindre mal, diront certains en avançant que ce dernier aurait au moins le mérite d’engranger quelques taxes au profit des impôts. Finalement, les dernières évolutions n’auront rien réglé au problème et les prix tels que publiés par le ministère de l’Industrie ne reflètent en rien la réalité sur le terrain.
L’initiative des pouvoirs publics est néanmoins applaudie et ce bien que la méthode de calcul reste inconnue du grand public. En somme, tout porte à croire que les prix des quatre roues sortis d’usine demeurent accompagnés de marges bénéficiaires exagérément importantes. Ce qui laisse cois bien des analystes et qui s’interrogent cependant : Maitrise-t-on tout dans l’industrie automobile ? Pour fixer le prix d’un produit il faut connaitre le volume de production. A quoi correspond le prix d’usine et à quel volume de production ? S’interroge Mourad Saadi confrère et Directeur de l’Argus Algérie.
Il soutient toutefois que les opérateurs économiques méritent tout le soutien du gouvernement et de l’Etat. Ce dernier détenant les moyens de contrôler les prix. Notre interlocuteur au même titre que d’autres intervenants est interpellé par des marges bénéficiaires excessives. D’où ces interrogations : Que se passe-t-il dans les usines de montage automobile ? Sur quelle base est calculé le taux d’intégration ? Ce taux avoisine les 10 % les 15 voire les 20% ou est la vérité ? Novembre 2014 mars 2018. Quel est le taux d’intégration atteint et le chiffre de transfert de technologie réalisé par les différentes usines implantées en Algérie ? Et d’asséner enfin : Les constructeurs ont-ils une réelle volonté de transfert de la technologie sur un certain nombre de pièces entrant dans la composition des véhicules ? Mourad Saadi rebondit d’ailleurs sur cette dernière interrogation en étayant qu’il aurait mieux valu aller vers la production de la pièce de rechange que de mettre la charrue avant les bœufs et produire directement des voitures.
Il cite l’exemple de l’Iran, un pays qui a choisi d’aller sur des projets structurants et non sur la production de pièces annexes comme les tapis ou le plastic. Les iraniens ont choisi d’usiner des pièces mécaniques, de l’électronique et ont réussi en dépit d’un embargo de plus de vingt ans à devenir un producteur attitré de voitures et qui a inondé les marchés voisins comme l’Irak, la Jordanie, la Syrie…Conclut-il en préconisant de créer le métier de la reprise en Algérie comme alternative à la crise.