Avec l’approche de la nouvelle récolte, le prix de la pomme de terre commence à baisser, entrainant avec lui ceux de la plupart des produits agricoles.
La pomme de terre commence à perdre la côte. Lundi, elle était toujours au-dessus de cinquante dinars au marché de gros de Mostaganem, principal pourvoyeur du marché national, mais il était possible de l’acquérir à 55 dinars, selon les opérateurs du marché. Ce qui, sur le marché du détail, donne un prix de 70 dinars, contre cent dinars auparavant.
En quarante-huit heures, la pomme de terre a ainsi cédé vingt dinars le kilo. L’arrivée imminente de la production de grandes régions productrices, comme Aïn-Defla, Mascara, Sétif et El-Oued, vers la fin du mois, devrait pousser les prix vers le bas, au-dessous de 50 dinars. Les prix étaient restés élevés depuis plusieurs mois, en raison de la rareté du produit, alors que l’administration continuait de parler de spéculation et de manipulation du marché.
En fait, la faible production de l’été avait provoqué une baisse des quantités stockées. La spéculation a probablement amplifié le phénomène, mais elle ne l’a pas provoqué. Les propriétaires de chambres froides ont tiré profit de l’aubaine, mais le contrôle de l’administration, qui a tenté de réguler le marché, n’a pas influé sur les prix car le décalage entre l’offre et la demande était trop important.
Orientation générale à la baisse
L’arrivée de la production de Mostaganem, depuis plusieurs semaines, n’avait pas réussi à ébranler le marché. Auparavant, celle de Tiaret, la seule disponible en septembre, avait permis d’éviter une flambée à la rentrée, quand il s’est avéré que les stocks étaient insuffisants. Et pour une fois, le gouvernement a bien réagi: il n’a pas eu recours à l’importation pour combler le déficit, permettant au produit de redevenir attractif pour les fellahs, après une année 2013 calamiteuse, lorsque la pomme de terre était descendue sous les dix dinars sur les marchés de gros.
Cette baisse des prix de la pomme de terre devrait mettre plusieurs jours pour se répercuter sur le marché du détail. Mais elle a d’ores et déjà entrainé un recul de la plupart des autres produits sur le marché de gros. Au marché de Mostaganem et de Bougara, près de Blida, les choux fleurs ont perdu près de la moitié de leur prix en quarante-huit heures, passant de 80-90 dinars à 40 dinars, selon des grossistes.
Carottes et navets sont de leur côté cédés autour de 25 dinars, les oignons entre 30 et 35 dinars, contre 45 dinars à la fin de la semaine dernière. Quelques produits sont restés stables : la tomate à 60 dinars, les haricots verts à 100 dinars, les oranges à 70 dinars, et la mandarine à 100 dinars. La salade reste hors de prix, à 100 dinars, et la courgette a de nouveau flambé, passant au-dessus de 100 dinars.
La méfiance persiste
Pour les semaines prochaines, et à moins d’imprévus, comme de fortes chutes de pluie, les opérateurs s’attendent à une baisse progressive des prix, avec un plus bas lorsque la pomme de terre des grandes régions productrices va envahir le marché, début décembre. A Aïn-Defla, quelques rares fellahs ont commencé la récolte, mais la pomme de terre n’est pas encore arrivée à maturité. Ils préfèrent penser s’en sortir, en gagnant sur les prix ce qu’ils gagnent en quantité. Pour eux, la phobie d’une chute brutale des prix n’est jamais à écarter, particulièrement si le gouvernement, soucieux de préserver la paix sociale, décide d’inonder le marché par l’importation.
La même incertitude plane aussi sur la saison prochaine. Les fellahs se demandent si la semence sera disponible en quantité, et si les prix se maintiendront à un niveau raisonnable. Car contrairement à une idée répandue, la flambée des prix a essentiellement profité, jusque-là, aux propriétaires de chambres froides. Seuls les fellahs des régions de Tiaret et Mostaganem, qui prennent des risques énormes avec une production hors saison, peuvent vendre leur production à un prix élevé.