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Présidentielles 2014

Algérie- Comme Mohamed Lamari en 2004, le général Toufik, grand perdant de 2014

Par Maghreb Émergent
avril 18, 2014
Algérie- Comme Mohamed Lamari en 2004, le général Toufik, grand perdant de 2014

Le président Bouteflika a engagé sa bataille pour le 4e mandat en s’appuyant sur le général Gaid Salah, et malgré les réserves du patron du DRS Mohamed Mediene. L’heure de la décantation va arriver.

 

A l’inverse du défunt chef d’Etat Major en 2004, le général Mohamed Lamari, le patron des services algériens, le général Mohamed Mediène dit Toufik, n’a pas soutenu, en 2014, un candidat contre le président Bouteflika. Mohamed Lamari l’avait discrètement fait au profit du candidat Ali Benflis lors des élections présidentielles de 2004 remportées par Abdelaziz Bouteflika. Cela ne change rien sur le fond de l’affaire. Le soutien franc et clair des réseaux du DRS n’est pas venu pour le 4e mandat, comme cela avait été le cas, notamment en 2009, pour faire passer la révision de la constitution, puis le 3e mandat de Bouteflika.
Amar Saadani, le secrétaire général du FLN, s’est chargé de totalement neutraliser le général Toufik en l’attaquant frontalement, début février, à un moment ou l’option pour le 4e mandat coinçait dans les rouages de la haute hiérarchie de l’armée algérienne. Le patron du DRS avait déjà perdu des plumes depuis plusieurs semaines avec la restructuration de ses services, qui lui a retiré plusieurs des compétences qui rendaient son autorité redoutable. Après la réélection de Abdelaziz Bouteflika, Mohamed Mediène est sur un siège plus que jamais éjectable. « Le bon sens devrait l’amener à faire valoir ses droits à la retraite. Je ne vois plus très bien quel rôle il peut encore jouer dans la nouvelle configuration qui se dessine après la réélection de Bouteflika, » estime un ancien officier de l’ANP, qui connait bien la maison. Le général Mohamed Lamari avait quitté l’ANP en août 2004 après la réélection du président Bouteflika en avril 2004.

Les faux signes de résilience du général Toufik

L’arrivée surprise du Ahmed Ouyahia à la tête du cabinet présidentiel, le 13 mars dernier, avait été interprété comme un signe du retour en force du général Toufik dans la négociation des équilibres de pouvoir autour du projet du 4e mandat. La proximité du premier ministre le plus zélé de l’ère Bouteflika avec l’institution du DRS ne fait aucun mystère en Algérie. Il s’est avéré au fil des semaines que la feuille de route du soldat Ahmed Ouyahia, revenu dans le giron présidentiel après une courte disgrâce politique, n’était pas écrite par le DRS, en crise ouverte.
L’ancien président du RND a répondu à une sollicitation directe de Abdelaziz Bouteflika, soucieux de calmer, à travers la personne de Ahmed Ouyahia, la défiance de secteurs du complexe administrativo-sécuritaire préoccupés par la gestion familiale de l’institution présidentielle. « Le général Toufik n’y a pas gagné grand-chose, » précise notre source ex-militaire.
L’autre indice ténu de l’influence encore présente du patron du DRS serait la grande difficulté qu’a rencontré le ministère de l’intérieur, Tayeb Belaiz, pour maquiller le taux de participation durant le suffrage de ce jeudi 17 avril. Comme en avril 2009, l’abstention populaire a été le grand problème de l’élection. « Le DRS a cette fois pesé dans le sens de la retenue. Belaiz n’a pas pu gonfler le taux de participation comme le souhaitait le camp présidentiel, qui s’est exprimé à travers Amar Saadani, » croit savoir un ancien député favorable au boycott en 2014.
Saadani avait parlé d’un taux de participation de près de 68% et le ministère de l’intérieur n’a fait passer la participation qu’à 51,70%, juste de quoi donner une couleur légitime au vote. Le ministère de l’intérieur avait, en 2009, fait bondir le taux de participation de 50 points entre 14h et la fermeture des bureaux pour atteindre, en toute aisance, entre quatre murs, le taux de participation de 74,54%. Le DRS était alors complice. Ce signe de résilience de l’autorité du DRS est toutefois contesté dans le camp de Benflis. « Nous avons surveillé les urnes dans tout le pays. Le chiffre de la participation a été gonflé en général de 10 à 15% en fonction des endroits. L’administration hésitait à aller plus loin à cause de notre présence. D’ailleurs nous n’allons pas nous taire. Les faux votants ajoutés sont partis pour leur grande majorité pour le candidat Bouteflika. »

« Bouteflika lièvre de Benflis », un pronostic « peu fécond »

Le général Toufik n’aurait donc même pas pesé sur la production d’un taux de participation qui reconnait en partie l’abstention et qui, de fait, affaiblit la légitimité de Bouteflika 4. En réalité son poids dans le nouveau dispositif politique qui s’est mis en place pour faire gagner Abdelaziz Bouteflika a été négligeable. La disgrâce de Mohamed Mediène, dont le compte à rebours à commencé depuis l’attaque de Tiguentourine totalement loupée par le DRS, n’a pas voulu être observé par des analystes généralement crédibles de la scène politique algérienne. Des idées aussi brillantes que peu réalistes ont suggéré que le DRS a choisi de laisser faire le 4e mandat afin de focaliser la colère populaire montante, sur Abdelaziz Bouteflika, et de permettre, in fine, à Ali Benflis de paraître comme un recours acceptable. D’autres sont allés plus loin en faisant du patron du DRS « plus puissant que jamais,» le grand stratège de l’élection présidentielle qui devait finalement faire de Bouteflika un lièvre au profit du vrai candidat du système. Dans le tryptique Bouteflika-Gaid Salah-Toufik qui tient la solution, selon Mouloud Hamrouche, pour sortir l’Algérie de l’impasse politique du 4e mandat, deux parties ne se parlaient plus depuis longtemps : Gaid Salah et Toufik. L’un d’eux devra partir. Après les résultats du 17 avril, ce ne sera surement pas Gaid Salah.

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