La LFC 2009 d’Ahmed Ouyahia a causé un préjudice équivalent au déficit de 2016 a déclaré aujourd’hui l’économiste Ferhat Aït Ali. Quand on dit LCF 2009, on dit Credoc obligatoire. Comment cela est arrivé ? Un article publié dans Maghreb Emergent le 21 mai 2010 l’explique. Nous le republions.
Le recours au crédit documentaire comme unique moyen de paiement pour toutes les opérations d’importation défraie la chronique économique en Algérie depuis bientôt une année. Mais comment cette mesure a-t-elle atterri dans la LFC de juillet 2009 ? Une première explication ici sur des mécanismes de prises de décisions pour le moins surprenants.
Tout a commencé dans un conseil interministériel (CIM), à la fin du printemps 2009. A l’ordre du jour, trouver quelques barrières non-tarifaires pour bloquer l’explosion en cours des importations. Elles avaient approché les 39 milliards de dollars en 2008.
Parmi les propositions, celle du directeur général d’une banque publique, retient l’attention : revenir au crédit documentaire comme moyen de paiement unique des importations.
L’idée, au départ, est de faire face à l’arrivée d’une nouvelle salve de produits exonérés de taxe de douanes ou bénéficiant de taxe réduites, en provenance de la zone arabe de libre échange (ZALE), pour laquelle l’Algérie a fini par rendre effective l’adhésion.
Le CIM, retient alors le principe du recours au crédit documentaire pour ralentir non pas seulement les importations en provenance de la ZALE, mais, pour éviter une discrimination, toutes les importations de biens destinés à la revente en l’état.
«C’est cette proposition qui est montée à la présidence de la république. Quelques jours plus tard, le projet de loi de finance complémentaire est revenu au Premier Ministère avec l’extension du crédit documentaire à toutes les importations » explique un dirigeant d’entreprise dans le secteur financier.
Ainsi, la petite idée ciblée du DG anonyme d’une banque publique est devenue en quelques semaines, le temps d’un aller-retour de courrier entre le Palais du gouvernement et le siège de la présidence, la mesure la plus décriée par les opérateurs économiques.
Elle s’est étendue, sans aucune discussion, mais sur simple amendement présidentiel, à toutes les importations y compris celle des matières premières et des semi-produits nécessaires à la production en Algérie.
Délais multipliés par deux
L’ouverture d’une lettre de crédit (Credoc) auprès de son partenaire banquier, requiert des formalités plus compliquées pour l’importateur et l’oblige à apporter une contre valeur en dinar pour chaque opération d’importation dont le paiement devient garantit par sa banque en contre partie d’une commission.
« Cela vaut des délais multipliés en moyenne par deux pour le bouclage de l’opération d’importation et des frais financiers qui rendent la marchandise importée plus chère de 10 à 50% selon les cas » explique un membre du forum des chefs d’entreprise (FCE) activant dans l’électronique.
Le Credoc est devenu depuis août 2009, le cauchemar des chefs d’entreprises qui ont une activité fortement dépendante des approvisionnements de l’étranger.
Le FCE a suggéré des assouplissements du crédit documentaire pour les producteurs qui importent des intrants pour leur activité, « mais cela est resté sans suite » déplorait Réda Hamiani, son président, dans un entretien récemment accordé au journal financier « les Afriques ».