Le recul du marché automobile toutes marques confondues a donné néanmoins naissance à un autre phénomène. Celui de la surenchère qui s’empare du marché de l’occasion.
Dans un marché automobile en net recul, place, désormais, à la production nationale. La tendance se précise à l’aune de la nouvelle année et l’avantage est donné aux producteurs nationaux liés par des joint-ventures aux constructeurs mondiaux, qu’ils soient européens comme Renault, Volkswagen ou asiatiques comme Hyundai ou KIA Motors. En filigrane se dessine également l’élément nécessaire à la nouvelle orientation économique dans ce domaine, à savoir la sous-traitance à laquelle appellent de tous leurs vœux les autorités algériennes.
Des chiffres impitoyables
En attendant donc l’émergence du modèle économique souhaité dans le créneau des quatre roues par les pouvoirs publics, les chiffres demeurent impitoyables pour le marché toutes marques confondues et seuls quelques rares privilégiés tirent leur épingle du jeu. Depuis 2016 en passant par 2017 et même au début de l’année en cours, le business automobile fait grise mine. En 2018, le marché affiche une régression de – 15 % par rapport aux années précédentes.
Seul Renault a pu boucler l’année 2017 avec honneur puisqu’il a terminé l’année avec plus de 83 000 véhicules vendus dans notre pays. Tous ses modèles sont sortis de son usine de Oued Tlélat, à Oran, laquelle boucle ses trois ans de production, avec à la clé plus de 100 000 unités usinées. Ce recul du marché automobile toutes marques confondues a donné néanmoins naissance à un autre phénomène. Celui de la surenchère qui s’empare du marché de l’occasion.
Un marché en pleine métamorphose
Les prix des véhicules proposés sur les marchés du territoire s’alignent littéralement sur ceux du neuf. Un indice qui en dit long sur le marché automobile algérien : celui-ci est en effet dans une phase de métamorphose. Il a été complètement bouleversé depuis 2014. C’est dans ce contexte particulier que le fameux Argus décide d’ailleurs de s’installer en Algérie. Un contexte assez particulier qui voit l’Algérie amorcer le virage de l’industrie automobile. « Largus.dz arrive sur le marché algérien avec un certain nombre d’outils. Ces derniers vont servir aussi bien aux professionnels qu’aux particuliers. Le produit le plus connu est bien entendu la cote.
Elle permet d’afficher la valeur des véhicules d’occasion», indique Mourad Saadi, partenaire du Groupe Français Argus. L’on indique qu’il s’agit là d’une plate-forme apprenante et vivante à l’écoute du marché. Elle est animée par les équipes d’experts Argus qui alimentent quotidiennement les bases de données et prennent le service client on line pour les demandes spécifiques. Elle se veut une approche inédite sur le marché algérien. D’autres outils sont, par ailleurs, annoncés pour le marché algérien, à l’instar de Prevar et Planet VO. Ainsi si la cote de largus.dz propose les valeurs actuelles des véhicules d’occasion, Prevar proposera des scénarios anticipant le comportement des valeurs résiduelles sur les années à venir, ce qui revient à une cote argus dans le futur. L’objectif ultime étant celui de fluidifier le business pour les constructeurs, les professionnels et l’Etat qui pourra alors prétendre à une fiscalité régulière dans un marché de l’occasion qui pèse deux fois et demi celui du neuf.
Quoi qu’il en soit et en attendant que toute cette mécanique se mette en place, le mot d’ordre est donné : Place à l’industrie automobile, avec, svp, des taux d’intégration ambitieux de l’ordre de 40% voire 50%. Les joint-ventures scellées dans le cadre de la règle des 49/51% vont toutes dans ce sens. A titre d’exemple, le groupe Renault s’est engagé à contribuer davantage au développement économique de l’Algérie, en réaffirmant son objectif de production et d’atteindre un taux d’intégration locale de 45% en 2023. « Au-delà de la sous-traitance automobile, le groupe Renault continue à participer au développement durable économique algérien en encourageant son réseau de fournisseurs mondiaux à s’engager aux côtés d’entreprises algériennes performantes.
C’est le cas d’Arkas Line, armateur turc, qui vient de s’associer à Cnan-Med, acteur historique du transport maritime de marchandise et leader du marché algérien, pour réaliser des flux logistiques nécessaires à la production des véhicules à Oued Tlélat », cite M. Armando Bendito-Espina, premier responsable de Renault Algérie Production. Cette dernière travaille avec 150 fournisseurs de services et biens d’équipement.
Présentement, cinq fournisseurs locaux accompagnent l’usine RAP dans l’intégration locale des pièces embarquées sur ses véhicules. Le taux d’intégration atteint désormais 30%, incluant des pièces majeures telles que les sièges et les câblages. L’algérien Global Groupe Industrie GMI en partenariat avec le sud coréen Hyundai Motors Corporation HMC s’engage quant à lui à opérer un massif transfert de technologie, avec à la clé un taux d’intégration de plus de 40%, voire 50% dès le démarrage, c’est à dire en 2018. Ce taux ambitieux est annoncé avec assurance par le premier responsable du groupe industriel algérien, M Salem Souiki.
Ce dernier ainsi que le staff managerial de l’entreprise expliquent que ce seuil d’intégration sera atteint grâce à la mise en place « in situ » d’un centre de Recherche et développement (R&D). Il sera exclusivement dédié à la recherche dans le domaine de l’automobile et du transfert de technologie. «C’est dire la valeur ajoutée de ce partenariat lequel charriera de nombreux bénéfices à la région. Ce modèle économique novateur auquel sont accordées les facilités administratives, bénéficie de tout l’appui des autorités publiques», précise M. Siouda, premier responsable du pôle industriel de GMI. Aussi, l’on presse les entrepreneurs, notamment dans la pièce de rechange et la sous-traitance, à présenter leurs dossiers à la commission d’investissement de wilaya qui offre une assiette foncière de 45 hectares aux prétendants à cette nouvelle aventure.