Quel va donc être le coût et la durée réelle pour l’exécution de ce vaste chantier de 4.000 MW promis par le gouvernement si, depuis l’adoption en 2011 du programme en énergies renouvelables, la réalisation de près de 400 MW peine à être achevée fin 2016* ?
Le ministre de l’Energie déclarait récemment au Conseil de la nation, ainsi qu’à Oxford Business Group, qu’un appel d’offres allait être lancé en 2017 pour réaliser 4.000 MW en énergie renouvelable d’ici 2020. Ces déclarations font suite aux débats sur l’efficacité énergétique organisés par le Forum des chefs d’entreprise en novembre 2016. Et c’est le ministre de l’Industrie qui allait annoncer, le 19 janvier 2017, l’adoption par le gouvernement d’un décret fixant les conditions d’appel d’offres national et international pour l’acquisition et l’installation de centrales solaires de 4.000 MWe d’ici 2020.
Toutes ces informations soulèvent plusieurs questions compte tenu de la profusion de déclarations et d’intervenants.
1. Quel va donc être le coût et la durée réelle pour l’exécution de ce vaste chantier de 4.000 MW si, depuis l’adoption en 2011 du programme en énergies renouvelables, la réalisation de près de 400 MW peine à être achevée fin 2016 ?
2. Quel va être le nombre d’employés à recruter pour tous ces chantiers et le nombre de spécialistes nationaux et d’experts étrangers auxquels auront recours la SKTM (Shariket el Kahraba wa el Taket el Moutadjadida, filiale de production d’électricité de Sonelgaz) et le FCE pour la réalisation, la gestion, l’entretien, la maintenance, le gardiennage et la sécurité de ces centrales qui vont couvrir de très grandes surfaces à travers différentes régions du territoire national – différentes par la géographie, le climat, la densité de population, la demande d’énergie, etc.?
3. Quel est le volume équivalent de gaz à exporter pour importer modules PV, onduleurs et équipements de ces centrales et assurer la rémunération des honoraires des experts étrangers ? Ce volume serait-il inférieur ou supérieur au volume de gaz « économisé” de 240 milliards de mètres cubes annoncés?
4. Y-a-t-il eu une étude économique et financière ? Si oui, pourquoi n’est-elle pas publiée ?
5. Comment va être stockée, transportée et distribuée cette énergie en fonction de la demande, du lieu géographique d’implantation et des conditions météorologiques ?
A titre d’illustration, il a fallu 16 mois à EDF pour réaliser au Chili, dans le désert d’Atacama, fin décembre 2016, une centrale PV de 146 MW, comptant 475.000 panneaux sur une surface de 545 ha pour un coût de 300 millions d’euros (321 millions de dollars US). Ce chantier a accueilli entre 280 et 500 employés.
Les économies de gaz promises sont irréalistes
Si le ministère de l’Energie, à travers la SKTM, a réalisé en urgence presque 400 MW fin 2016 pour un coût de 120 milliards de dinars – équivalents à 1,2 milliard de $, la réalisation de 4.000 MW s’élèverait certainement à plus de 12 milliards de $ ! En tenant compte de l’inflation et des fluctuations du prix des hydrocarbures, sachant que le prix du millier de m3 de gaz calculé selon les chiffres annoncés par le ministre de l’Energie – une économie de 240 milliards de mètres cubes et 63 milliards de dollars {(63 : 240) x 1000= 262,50$}, le coût des 21.600 MW qui restent à réaliser sur les 22.000 programmés d’ici 2030, c’est à dire en moins de 14 ans, serait de 64,8 milliards de dollars. Le coût total des 22GW serait de 66 milliards de dollars, à dollars constants. La différence est de 3 milliards de dollars !
Analysons ces chiffres ! Sachant que le gaz algérien est hautement calorifique, son coefficient de conversion du mètre cube (m3) est équivalant à 11,2kWh. Les 240 milliards de mètres cubes de gaz naturel économisés annoncés par le ministre équivaudraient à 240 X 11,2= 2688 milliards de kWh. Ces centrales vont donc fonctionner en moyenne durant 2.688×109kWh : 22×106kW = 2.688.000:22 = 122.182 heures. En admettant une durée minimale moyenne de fonctionnement de ces installations égale à 2.000 heures/an, il faudrait 61 ans de fonctionnement de ces centrales pour que ce gaz soit économisé. Si la durée est de 3.000 heures, durée maximale, il faudrait un peu plus de 40 ans.
Il faut rappeler que la durée de vie d’une installation solaire ou éolienne, dans le meilleur des cas, en tenant compte des différents facteurs influant sur le rendement (température, tempêtes de sable, encrassement, impuretés, foudre, vandalisme, arrêts pour maintenance et entretien, conditions météo,…) ne dépasse pas 20 ans ! Il est donc quasiment impossible que ces centrales qui ont commencé à produire de l’électricité au fur et à mesure de leur inauguration entre 2011 et 2030, viennent à faire exception.
Au mois de janvier 2017, pour la première fois, le gouvernement a adopté un décret fixant les conditions d’appel d’offres national et international pour l’acquisition et l’installation de centrales solaires de 4000 MWe d’ici 2020. Seront- elles respectées ? Au rythme actuel, connaissant les délais et modalités de concrétisation et d’exécution des appels d’offre, la réalisation des 17600 MW restants après 2020 ne verra le jour, dans le meilleur des cas, qu’en 2038 !
En fin de vie, vers 2058, la puissance totale installée encore en fonctionnement ne dépassera pas les 2.000MW !
Il faut rappeler qu’à ce jour, aucune institution de recherche, aucun secteur public ou privé n’a réalisé, effectué ou publié une étude, une analyse sur le rendement des installations, le retour d’expérience, le retour sur investissement. Pourquoi ne pas, par exemple, commencer par initier une analyse des installations suivantes : la centrale solaire de Mellouka de 30kW près d’Adrar, inaugurée en 1984 (don du royaume de Belgique) ; les 20 villages solaires réalisés par Sonelgaz au Sahara dans les années 1990 ; les centaines de kits solaires acquis et distribués à travers les willayas par les forêts, le Haut Commissariat à la Steppe, etc. ?
La centrale hybride de Hassi R’Mel ne fonctionnerait qu’au gaz
Il faut aussi rappeler que la partie solaire de la centrale hybride de Hassi R’Mel, inaugurée en grande pompe en 2011 par le ministre de l’Energie de l’époque, n’est que de 30MW et non 100MW comme l’affirmait à l’APN l’actuel ministre de l’Energie selon ce que rapporte le quotidien El Watan dans son édition du 7 janvier 2017. La puissance maximale fournie par la partie solaire de cette centrale, lors de sa mise en route, ne dépassait pas les 25MW !
Aucune publication concernant le fonctionnement et le rendement de cette centrale n’a été publiée à ce jour ! C’est un véritable « trou noir ». Le partenaire espagnol Abener ne fournit aucune donnée, pas plus que ses partenaires Sonatrach et Sonelgaz dont les représentants ne font que des déclarations que personne ne peut vérifier. L’accès des Algériens aux installations est prohibé. Ce qui permet de douter du fonctionnement de la partie solaire. Cette centrale fonctionnerait exclusivement au gaz fourni par Sonatrach à un prix défiant toute concurrence. Sonatrach rachète l’électricité produite au prix de 3,122 DA le kWh, ce qui correspond à un prix du baril de pétrole à 36$! Quel bel exemple de coopération algéro-espagnole !
En supposant que le programme national des énergies renouvelables soit effectivement réalisé, que la durée moyenne annuelle du fonctionnement de toutes les installations est de 2.500 heures, nous pouvons calculer la quantité d’énergie électrique produite en 20 ans et conséquemment, la quantité de gaz équivalente économisée.
22.000x2500x20 = 1.100.000.000 MWh = 1.100TWh
En partant du principe que le coefficient de conversion du mètre cube de gaz algérien est équivalant à 11,2kWh, en 20 ans nous aurons économisé :
1.100x 109kWh :11,2kWh = (1.100 :11,2) x 109 m3 = 98,2 milliards de mètres cubes.
Ce simple calcul nous démontre l’énorme différence entre le volume de gaz déclaré par le ministre de l’énergie – 240 milliards de mètres cubes économisés, et celui que nous venons de démontrer.
Comment expliquer une telle différence ? Comme le coefficient de conversion du mètre cube du gaz algérien est invariable et ne peut être supérieur à 11,2kWh, il devient évident que pour économiser 240 milliards de mètres cubes de gaz, toutes ces installations de production d’énergie électrique renouvelable devront fonctionner 6110 heures par an ! Ce qui revient à dire que le rendement de ces installations est de l’ordre de 70%. Ce qui est impossible !
Seule une centrale nucléaire, une centrale hydroélectrique ou une centrale géothermale peut atteindre un tel rendement. Ces chiffres nous poussent à nous interroger sur leur crédibilité et la compétence de leurs rédacteurs.
Examinons maintenant deux chiffres :
1. la quantité de gaz qu’il faut exporter pour réaliser ce programme de 22.000 MW
au prix constant de 0,2625$ le mètre cube est de :
(66 milliards$:0,2625$) = 251.428.571.428 mètres cube.
Ainsi, la quantité de gaz économisée : 98,2 milliards de mètres cube ne représente
finalement que 39,05% de gaz exporté.
2. le coût du kWh pour assurer au moins le retour sur investissement (pay-back) de
ces centrales une fois arrivées en fin de vie en 2058 serait de :
(66 milliards de dollars : 1100 milliards de kWh) = 0,06$, soit 7,2 DA le kWh.
Ce calcul se fonde sur un cours constant du dinar par rapport au dollar à 1$ = 120
DA !
Ce chiffre de 7,2 DA le kWh indique qu’il devient indispensable pour que l’énergie
solaire soit réellement attractive, de pratiquer la vérité des prix afin de réduire ou
du moins limiter le gaspillage de l’énergie bon marché dans tous les secteurs !
Examinons maintenant deux chiffres :
1. la quantité de gaz qu’il faut exporter pour réaliser ce programme de 22.000 MW
au prix constant de 0,2625$ le mètre cube est de :
(66 milliards$:0,2625$) = 251.428.571.428 mètres cube.
Ainsi, la quantité de gaz économisée : 98,2 milliards de mètres cube ne représente
finalement que 39,05% de gaz exporté.
2. le coût du kWh pour assurer au moins le retour sur investissement (pay-back) de
ces centrales une fois arrivées en fin de vie en 2058 serait de :
(66 milliards de dollars : 1100 milliards de kWh) = 0,06$, soit 7,2 DA le kWh.
Ce calcul se fonde sur un cours constant du dinar par rapport au dollar à 1$ = 120
DA !
Ce chiffre de 7,2 DA le kWh indique qu’il devient indispensable pour que l’énergie
solaire soit réellement attractive, de pratiquer la vérité des prix afin de réduire ou
du moins limiter le gaspillage de l’énergie bon marché dans tous les secteurs !
Examinons maintenant deux chiffres :
1. la quantité de gaz qu’il faut exporter pour réaliser ce programme de 22.000 MW au prix constant de 0,2625$ le mètre cube est de :
(66 milliards$:0,2625$) = 251.428.571.428 mètres cube.
Ainsi, la quantité de gaz économisée : 98,2 milliards de mètres cube ne représente finalement que 39,05% de gaz exporté.
2. le coût du kWh pour assurer au moins le retour sur investissement (pay-back) de ces centrales une fois arrivées en fin de vie en 2058 serait de :
(66 milliards de dollars : 1100 milliards de kWh) = 0,06$, soit 7,2 DA le kWh.
Ce calcul se fonde sur un cours constant du dinar par rapport au dollar à 1$ = 120 DA !
Ce chiffre de 7,2 DA le kWh indique qu’il devient indispensable pour que l’énergie solaire soit réellement attractive, de pratiquer la vérité des prix afin de réduire ou du moins limiter le gaspillage de l’énergie bon marché dans tous les secteurs !
(*) Dr Hocine Bensaad est expert/Consultant en gestion et prévention des risques de catastrophes.