Les personnalités politiques, les juristes et l’opinion publique d’une façon générale, ont affiché ces derniers jours une divergence sur la question du rétablissement ou non de la peine de mort en Algérie contre les kidnappeurs d’enfants.
Cette controverse a été suscitée après le rapt le 21 juillet dernier à Tizi Ouzou (100 km au sud-est d’Alger), puis l’assassinat de Nihal Si Mohand, une fillette de quatre ans.
S’exprimant sur le sujet, le Rassemblement National Démocratique (RND), parti au pouvoir et dont le Secrétaire général Ahmed Ouyahia, est Directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, a dans un message publié mardi soir sur sa page Facebook fait savoir qu’il « accueille favorablement la demande populaire pour l’application de la peine de mort contre les kidnappeurs d’enfants et affirme son soutien au niveau du Parlement pour tout projet de loi dans ce sens ».
Depuis 1993, l’Algérie observe un moratoire sur la peine de mort même si les juges continuent de prononcer des condamnations à la peine capitale, lesquelles sont systématiquement commuées en prison perpétuelle.
Les acteurs politiques ne sont pas les seuls à défendre la réactivation de cette peine. L’avocat et président de la Commission nationale consultative de Promotion et de Protection des Droits de l’Homme (CNCPPDH, pro-gouvernement), Me. Farouk Ksentini a, pour sa part, estimé qu’il était nécessaire de passer par un référendum pour demander le gel temporaire de la convention signée avec les instances internationales, ce qui lui permettra de « justifier » vis-à-vis de l’opinion internationale la réactivation de cette peine.
Abolitionnistes
Contrairement aux partis réputés proches du pouvoir et aux islamistes qui réclament l’application du principe canonique « œil pour œil, dent pour dent », l’opposition se dit contre le retour des exécutions et réclame l’abolition pure et simple de cette peine d’un âge « révolu ».
Lors d’une conférence de presse animée mercredi à Alger, la Secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Louisa Hanoune a accusé « certaines parties (d’avoir) politisé l’affaire Nihal et n’ont pas hésité à instrumentaliser la peine de mort à des fins électoralistes ».
Affirmant qu’elle partageait la douleur de la famille Si Mohand, Mme Hanoune juge toutefois contradictoire de « réclamer à la fois modernité et obscurantisme ».
Même son de cloche chez le célèbre avocat et président de la Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH), Me. Noureddine Benissad.
Selon lui, traiter ce genre de questions nécessite « un climat serein ». Or, ceux qui sont en train de réagir au drame qu’a subi la petite Nihal, le font « à chaud », a-t-il tenté de calmer les esprits avant d’affirmer que « la peine de mort n’a jamais constitué une solution aux crimes et aux assassinats ».
Au moment où l’opinion publique, les pro et anti-gouvernement ont livré leurs avis, les autorités officielles ne se sont pas encore exprimées sur la question.
En réalité, ce n’est pas la première fois que le rétablissement de la peine de mort occupe le devant de la scène politique et médiatique en Algérie. Ce sujet revient ces dernières années, avec plus ou moins d’acuité, à chaque fois qu’un enfant est kidnappé, violé ou à plus forte raison décapité.