Après les arrestations de la semaine dernière, Alger a expulsé plusieurs centaines de migrants sub-sahariens au Niger. Les autorités ont renoncé à expulser un deuxième groupe et ont relâché les migrants à Tamanrasset, où ils sont bloqués.
«Je n’ai plus d’argent, plus d’affaires et je coincé ici. J’ai tout perdu». Bernard, Camerounais, est abattu. Il fait partie du millier de migrants sub-sahariens, installés à Alger, bloqués à Tamanrasset depuis jeudi 8 décembre. Une semaine plus tôt, plus de 1500 migrants avaient été arrêtés dans la capitale et emmenés dans le camp de jeunes de Zéralda. Dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3, un convoi de plus d’une dizaine de bus, remplis d’hommes de femmes et d’enfants de différentes nationalités ouest-africaines, a pris la direction de Tamanrasset. «Nous sommes enfermés dans des bungalows par groupe de 23», raconte à ce moment là Jean-Paul, ivoirien. Différentes personnes jointes par téléphone racontent manquer d’eau et de nourriture. Lundi 5, ces migrants sont emmenés au Niger. «Nous sommes dans des camions, encadrés par la police du Niger, en direction de Agadez», explique Jean-Paul dans la journée de mardi. Mercredi 7, en fin de journée, les habitants de Agadez voient arriver le convoi de plus de 50 camions.
Un millier de migrants relâchés à Tamanrasset
Pendant ce temps, un deuxième convoi d’un millier de migrants quitte le camp de Zéralda et arrive à Tamanrasset, après 48heures de voyage, mardi à l’aube. «Nous n’avons pas assez d’eau et mon fils est malade», s’inquiète Abou, un ivoirien. Jeudi, le Croissant-Rouge fait un recensement et demande aux migrants de se préparer à reprendre la route vers le Niger. Mais à 16h, le programme change : «Les policiers nous ont dit de sortir du camp et de partir. Ils ont gardé ceux qui étaient de nationalité Nigérienne», témoigne un Libérien. Entre temps, quelques personnes arrêtées malgré leur statut de réfugié, délivré par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), sont libérées du camp et raccompagnées à Alger.
Les autorités s’expliquent
La présidente du Croissant-Rouge Saida Benhabylès a confirmé mercredi dans une interview à El Moudjahid, que cette opération d’arrestation et d’expulsion était consécutive aux violences entre migrants et habitants dans le quartier de Dely Ibrahim il y a deux semaines. «Vu la promiscuité qu’il y a dans la capitale et qui a posé des problèmes d’ordre sécuritaire, les pouvoirs publics ont décidé de les transférer au sud, où les conditions d’accueil sont meilleures qu’à Alger», affirme-t-elle. Mais à Tamanrasset, depuis jeudi après-midi, les migrants sont dans la précarité. «J’ai dormi enroulé dans une couverture, dehors», raconte Abou. Certains ont essayé de prendre un bus ou un taxi pour rentrer à Alger, mais les compagnies ont refusé de leur vendre des billets. «Nous sommes bloqués ici, on ne sait pas comment on va faire», soupire une Camerounaise.