Pour certains d’entre eux, l’interdiction d’utiliser, dans les projets financés par l’Etat, des matériaux de construction d’importation lorsqu’ils sont produits localement n’a pas eu d’effet notable.
Plusieurs producteurs nationaux de matériaux de construction font part de leur appréhension d’une stagnation du marché en dépit de la mesure d’interdiction aux promoteurs, chargés de la réalisation des différents projets financés par l’Etat, de recourir aux matériaux importés si le même produit est fabriqué localement.
Le marché des matériaux de construction s’achemine vers la stagnation en raison des contraintes financières auxquelles sont confrontées les entreprises de réalisation depuis la fin de 2015, déclare à l’APS le chef d’une entreprise spécialisée dans la fabrication de carrelage et briques à Sour El-Ghozlane, rencontré au 19ème Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics (Batimatec 2016), organisé du 3 au 7 mai à Alger.
Selon lui, plusieurs entreprises engagées dans la réalisation de projets publics ont beaucoup de mal à obtenir leur dû du fait des difficultés financières que traverse l’économie nationale. Le tassement de la production de matériaux de production chez la plupart des fabricants a entraîné le recours, parfois, à la concurrence déloyale à travers le dumping lequel va à l’encontre des règles élémentaires de la concurrence sur le marché, poursuit-il.
Par ailleurs, cette « instabilité » que connaît le marché depuis un moment s’est accentuée sous l’effet de la flambée des prix du ciment, considère ce chef d’entreprise.
Un avis que partage le représentant d’un groupe spécialisé dans les revêtements de sol et le marbre à Bordj Bou Arreridj, qui estime que la directive d’interdiction aux promoteurs de l’utilisation des matériaux de construction d’importation fabriqués localement « n’a pas eu un effet notable » car ayant coïncidé avec une hausse sensible des prix du ciment.
Pour la responsable commerciale d’un fabricant de carreaux à Boufarik (Blida), si la directive du ministère de l’Habitat a encouragé certains producteurs, elle n’a eu qu’un « effet limité » sur beaucoup d’entre eux.
Elle estime que le marché des matériaux de construction enregistre une courbe descendante comparativement aux années précédentes et cette régression, affirme-t-elle, est constatable dans le nombre de visiteurs de « Batimatec 2016 » et des commandes et conventions signées en marge de cette manifestation.
Dans ce contexte, un responsable dans un groupe spécialisé en faïencerie et céramique à Sétif, indique que les chiffres périodiques de production de sa société montrent une hausse des stocks. Ce qui a amené à réduire les heures de travail dans les différentes unités qui fonctionnent, désormais, par deux équipes au lieu de trois.
Ralentissement de l’activité du fait de la baisse de la demande
Expliquant les raisons de cette situation, le même responsable relève que les promoteurs privés sont confrontés à un ralentissement d’activités induit par la baisse de la demande pour leurs logements offerts à la vente, alors que les entrepreneurs qui réalisent des projets publics se plaignent d’une faiblesse de liquidités en plus de la hausse des prix du ciment qui dissuade aussi les clients privés.
Des importateurs, approchés par APS lors de ce salon, ont abondé dans le même sens en soulignant la régression du marché même si les mesures d’interdiction de l’importation ne les concernaient pas puisqu’ils commercialisent des produits qui ne sont pas produits localement.
Pour l’un de ces importateurs, la conjoncture économique générale et le taux de change du dinar face aux autres devises qui a engendré la hausse des prix des produits, ont contribué à la régression de l’activité de sa société.
Toutefois, il a dévoilé que sa société étudie, depuis une année avec ses partenaires français et portugais, le projet de création d’une usine de production locale de matériaux de construction afin d’échapper à toutes les restrictions imposées à l’importation.
Une telle décision révèle, a-t-il estimé, la conviction des partenaires étrangers que le marché algérien demeurera prometteur en dépit des difficultés conjoncturelles.
Pour cet importateur, la politique nationale visant l’encouragement du produit national est désormais une réalité à laquelle les partenaires étrangers n’ont d’autre choix que de s’y adapter.
Lu