Les échauffourées qui ont éclaté samedi soir à Annaba entre policiers et vendeurs à la sauvette ont semé le trouble dans cette ville. La gravité de l’évènement a retenu l’attention de la presse de ce lundi qui s’est, par ailleurs, intéressée aux déclarations du P-dg de Sonatrach, Amine Mazouzi, sur l’option de recourir à l’endettement extérieur, au projet de loi sur la retraite que rejettent plusieurs syndicats autonomes ainsi qu’au le projet de loi relative au régime électoral et la loi organique relative à la haute instance de contrôle des élections devant être votés aujourd’hui par l’APN.
Les affrontements entre forces de l’ordre et les vendeurs informels ont vite pris l’allure d’émeutes violentes, causant des blessés et d’importants dégâts matériels, comme le rapporte ce lundi à la une la presque totalité de la presse, comme pour contredire L’Expression qui, (coïncidence?) est le seul à titrer «il a été l’un des plus calmes depuis ces dix dernières années..un ramadhan 2016 au goût de la paix».
Des magasins et des édifices publics saccagés, un commissariat attaqué
Un titre qui tranche avec ceux de nombreux autres organes comme le Temps qui écrit à la une «émeutes, affrontements et actions pacifiques réprimées..qui veut souffler sur la braise?». Le journal qui relève qu’«en ce mois sacré, ce n’est pas la première fois que des heurts sont enregistrés…», explique qu’«à l’origine des émeutes (…) une opération de délogement menées par la police contre les vendeurs informels, installés tout le long de la rue Ibn Khaldoun, jusqu’au marché. Révoltés, les jeunes se sont mis à saccager des magasins, des édifices publics et même à s’attaquer au commissariat du 9e arrondissement».
Le journal rappelle l’intervention «dans la nuit du 14 juin des forces de police de Larbâa Nath Irathen, à l’est de la ville de Tizi Ouzou (…) pour disperser des militants du MAK qui s’apprêtaient à tenir un rassemblement», ajoutant qu’«une scène presque similaire s’est reproduite, hier, lorsqu’un rassemblement des habitants du village de Tifilkout devant la siège de la daïra d’Iferhounen, toujours à l’est de Tizi Ouzou, a été réprimé». «Veut-on alors souffler sur la braise? Les interrogations, conjuguées au contexte sociopolitique actuel que connaît le pays, ont de solides arguments», estime Le temps.
Dangereux dérapage
«Nuit d’’’enfer’’à Annaba..13 policiers blessés et arrestation de 20 vendeurs informels», titre Echourouk qui rapporte des «actes de pillage», en affirmant que «des caméras de surveillance (ont été) détruites et des marchandises pour une valeur de 4 milliards (ont été) pillées dans un seul magasin». «Des délinquants et des repris de justices» ont profité de la situation pour «s’en prendre à des propriétés de citoyens» alors que les commerçants ont vite fermé leurs magasins et les habitants «se sont enfuis dans toutes les directions».
Sous le titre «dangereux dérapage sécuritaire dans des affrontements entre forces de sécurité et vendeurs informels..Annaba brûle!», titre à la une El Khabar qui revient sur le sujet en pages intérieures en écrivant «des citoyens, des syndicats et des travailleurs ont soulevé plusieurs revendications..la rue s’agite dans plusieurs wilayas». Selon le journal «certaines régions du pays ont vécu durant les dernières 48 heures des évènements ayant troublé l’ordre public et la tranquillité des citoyens à travers des manifestations et la coupure de routes motivées par des revendications sociales et professionnelles, dont les plus violentes sont celles vécues, avant-hier, par la ville de Annaba». Dans ce même contexte, le journal rapporte «Sétif..les habitants de Ain Arnat coupent le rue principale (…) qui constitue un prolongement de la RN 5 pour protester contre le changement des appartements dont ils ont bénéficié dans le cadre du logement social» et «elle a fait 5 blessés parmi les policiers et arrestation de 6 personnes.. tentative de saccage du siège de la sûreté de Mehmel à Khenchela» suite à une altercation au cours de la quelle «un vendeur informel a asséné des coups de couteau à un commerçant, ce qui a amené les éléments de la sûreté à intervenir et arrêter l’agresseur». Le journal rapporte également «distribution de l’eau potable à Tifilkout à Tizi Ouzou..les forces de sécurité répriment un rassemblement des habitants devant la siège de la daïra d’Iferhounen».
«Nuit de violence à Annaba..13 policiers blessés et 17 émeutiers arrêtés», titre à la une El Watan qui écrit que «l’intensité des échauffourées entre les ‘’belligérents’’ était telle que les émeutiers ont mis le feu à des pneus (…) les forces antiémeutes ont eu recours aux bombes lacrymogènes et aux tirs de sommation, notamment après qu’un des leurs eut été grièvement blessé (…) en colère, les émeutiers ont saccagé plusieurs véhicules, dont un fourgon de la police, et nombre de magasins (…) avant de s’attaquer au siège de la 9e sûreté de la wilaya (El Hattab)».
Soirée mouvementée qui en dit long sur la progression de la violence urbaine
Dans un commentaire sur le sujet, Le Quotidien d’Oran écrit qu’il s’agit d’une «soirée mouvementée et non moins inquiétante de cette progression de la violence urbaine (…)le chômage, la mal-vie, le sous-emploi et la précarité sociales touchent de larges pans de la société algérienne qui, en certaines circonstances, est acculée à es dernières limites».
«Les échauffourées de samedi soir à Annaba expliquent-elles tout cela ou ne sont-elles qu’une sorte de défense d’un genre de vie de vie adopté par les jeunes, pour subvenir aux besoins des leurs en squattant les ruelles urbaines pour en faire des lieux de vie et de négoce?», s’interroge le journal.