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Algérie/Législatives – A Bachdjarah, les bureaux de vote étaient les seuls endroits où il n’y avait pas foule

Par Yacine Temlali
mai 4, 2017
Algérie/Législatives – A Bachdjarah, les bureaux de vote étaient les seuls endroits où il n’y avait pas foule

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« Franchement, je savais qu’il fallait voter mais jusqu’à hier, je croyais qu’on devait voter pour désigner le maire. C’est dire à quel point ces choses là ne m’intéressent pas », nous dit un chauffeur de taxi. « Il y a quelques années, j’ai travaillé dans un bureau de vote mais je n’ai même pas voté. Il y a très peu de gens qui s’intéressent au vote, en vérité. Il y a ceux qui le font par habitude, et c’est tout », poursuit-il.

 

 

La commune de Bachdjarah était aujourd’hui particulièrement animée, mais ce n’était pas pour les élections législatives que son cœur battait. La journée était chômée et payée et il fallait en profiter pleinement. Mais se rendre aux bureaux de vote ne figurait manifestement pas sur la liste des priorités.

Sortir les enfants pour une balade, faire les magasins, traîner dans les cafés, faire un tour en voiture et « faire entendre sa voix » lorsqu’un chauffard tente un dépassement dangereux. Tellement de choses à faire dans cette municipalité de près de 100.000 habitants, et si peu de temps pour aller aux bureaux de votes, les seuls rares endroits où il n’y avait pas foule. Quelques personnes seulement ont été vues entrant dans ces établissements qui résonnaient comme une urne vide.

« Franchement, je savais qu’il fallait voter mais jusqu’à hier, je croyais qu’on devait voter pour désigner le maire. C’est dire à quel point ces choses là ne m’intéressent pas », nous dit un chauffeur de taxi. « Il y a quelques années, j’ai travaillé dans un bureau de vote mais je n’ai même pas voté. Il y a très peu de gens qui s’intéressent au vote, en vérité. Il y a ceux qui le font par habitude, et c’est tout », poursuit-il.

Des propos qui résument assez bien l’état d’esprit de beaucoup de gens. Dans les cafés ou dans les coins de rue, on parlait peu du vote. Un sujet déjà clos, semble-t-il.

« Je ne vois vraiment pas ce que ça change de voter », lâche un père de famille. « On sait qui va gagner. Le match est déjà vendu », lance-t-il, une grimace au coin de la bouche.

Un commerçant, quant à lui, nous fait part d’une théorie plutôt singulière au sujet du vote des militaires : « Vous savez pourquoi, les soldats votent en dehors des casernes cette année, c’est pour donner l’impression que les jeunes votent en masse dans nos villes. D’ailleurs, si vous regardez bien, à la télé, les jeunes votants, vous allez voir qu’ils ont un physique de jeunes aptes à faire l’armée. Vous n’allez voir ni un handicapé, ni un type au physique hors normes ». Et d’ajouter : « Ceux qui votent, ce sont les vieux, ou les personnes qui ont soumis un dossier pour avoir un logement et qui ont peur d’être sanctionnés. Il y a aussi, ceux à qui on a dit qu’ils allaient directement rendre des comptes à Dieu s’ils ne votaient pas ».

Un fait particulier a marqué la campagne électorale cette année. Il s’agit de l’offensive hostile au vote lancée sur Internet par des jeunes sans autres moyens que des vidéos satiriques. Dans les quartiers de Bachdjarah, on en parle et on s’étonne de la réaction du gouvernement. « Des vidéos de quelques minutes seulement ont créé une véritable panique au sein du gouvernement qui, lui, a fait un travail de plusieurs mois pour faire réussir la campagne électorale », s’exclame un jeune.

Il faut dire que le spectre de l’abstention planait, cette année tout particulièrement, sur les élections législatives dont la crédibilité semble particulièrement menacée.

On ne peut parler de Bachdjarah sans parler de la commune de Bourouba. Les deux communes sont séparées par une grande avenue qu’enjambent trois passerelles métalliques que presque personnes n’emprunte. La même vision des choses est partagée de part et d’autre de l’avenue, où l’on semble s’intéresser à toutes les choses de la vie sauf au vote. Et les choses de la vie peuvent inclure, dans ce contexte, une visite au cimetière de Bourouba. Pour cette journée, quelques familles avaient choisi de se recueillir sur la tombe d’un proche, loin du vacarme de la ville, des promesses électorales et des déceptions redoutées.

La journée électorale qui s’est étirée dans le tumulte de la cité s’achève lentement. Pour les habitants du secteur, c’est aussi une journée particulière mais parce qu’elle prolonge le week-end. Mais à part cela, rien de particulier.

 

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