Depuis le début des manifestations contre le 5eme mandat, les rues d’Alger-centre ne sont plus tout à fait les mêmes. Les véhicules de police font désormais partie du décor et au détour des rues, les ados se sont habitués à la vue des policiers en tenue et, on le devine aussi, en civile.
Entre deux manifestations contre le projet du cinquième mandat présidentiel, les rues s’animent presque comme dans un jour ordinaire. Les patrons des boutiques de Didouche Mourad, rue commerçante par excellence, suivent les événements d’un œil méfiant. Les manifestations ne sont jamais bonnes pour les affaires. Mais les exceptions existent. Pour certains commerçants, les actions de protestation ont été singulièrement bénéfiques.
C’est d’ailleurs ce que nous dit le gérant d’un magasin de prêt-à-porter. « Avec les manifestations, la fréquentation de la rue Didouche Mourad a augmenté et nous avons enregistré la visite de plus de clients que d’habitude », explique-t-il. « L’inconvénient avec ce genre de mouvements populaires, c’est que les commerçants trouvent des difficultés à s’approvisionner en marchandises dans des conditions normales », poursuit-t-il. « Malgré ce qui se passe ces derniers temps à la rue Didouche Mourad, rien n’a changé pour moi. Les affaires marchent normalement », enchaîne un autre commerçant.
Les restaurants et les cafés particulièrement affectés
Les cafés et les restaurants de la rue Didouche Mourad ont vu le nombre de leurs clients baisser durant ces deux dernières semaines, notamment les établissements ayant des terrasses sur cette rue très fréquentée.
« Nos recettes ont considérablement chuté cette dernière semaine », déplore L.H, gérante d’un salon de thé très prisé à Didouche Mourad.
« Depuis le 22 février, le nombre de clients a baissé et nos recettes ont considérablement reculé à cause des incidents », a déploré le caissier d’un Fast Food.
Ce qui capte l’attention, en revanche, c’est le fait que les manifestations qui se sont enchaînées ces derniers jours n’ont en aucun cas représenté une menace pour le marché éphémère installée depuis quelques semaines près de la faculté centrale. Un marché formé de simples étals couverts de toiles.
« Il est vrai que les ventes ont diminué cette dernière semaine, mais le nombre important de manifestants n’a, en aucun cas, nos installations », nous dit Bekha Farid vendeur.
« Tout le monde a fait preuve de civisme durant ces derniers jours. Nous exposons des objets très fragiles et pourtant ne n’avons pas été obligés de quitter les lieux », ajoute son voisin.
Alger-centre a vécu ces derniers jours au rythme des manifestations et de la crainte des dérapages, mais sous le soleil printanier le rêve de jours meilleurs reste permis.