Le Premier Ministre français Bernard Cazeneuve a terminé sa visite à Alger par l’annonce du dégel du projet d’usine Peugeot et le règlement des contentieux avec Engie et Total. Bernard Cazeneuve a quitté jeudi soir Alger pour Tunis sans rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika.
Des journalistes français qui accompagnaient le Premier ministre français assurent que la rencontre était prévue à 16H dans le programme fourni par le cabinet de M.Cazeneuve. A Alger cependant des «sources proches du gouvernement » citées dans les médias affirment qu’une telle rencontre n’était pas prévue.
L’Algérie est bien dirigée par le président Abdelaziz Bouteflika a assuré Abdelmalek Sellal : « Je ne fais rien et je ne décide rien sans le lui demander ». La visite a été l’occasion pour M.Cazeneuve de souligner que la relation franco-algérienne a été « absolument exceptionnelle » durant le mandat de François Hollande ajoutant que « quels que soient » les résultats de la présidentielle française, la coopération se poursuivra.
Le Premier ministre algérien a assuré de son côté que l’Algérie « ouvrira(it) ses bras au président élu par le peuple français », quel qu’il soit. Mais elle « souhaite l’élection d’un président proche de nos cœurs », a-t-il dit, main sur la poitrine, selon l’AFP. Les propos rapportés par APS sont, eux, plus «classiques». Au sujet de l’élection présidentielle française, il a assuré que l’Algérie «n’interfère jamais dans les affaires internes des autres pays ».
L’Algérie « a toujours travaillé avec celui que le peuple français désigne » comme étant son président a-t-il poursuivi en soulignant que « l’essentiel est d’améliorer les relations entre les deux pays quel que soit le président élu même si on souhaite celui qui est le plus proche de nous », a-t-il poursuivi.
L’usine Peugeot en Algérie avant fin 2016
La visite de Cazeneuve, sorte d’adieu pour la fin de quinquennat de M.François Hollande, a été l’occasion de l’annonce par M.Abdelmalek Sellal que le projet d’usine Peugeot PSA en Algérie devrait voir le jour au cours de l’année 2017.
« Le projet Peugeot est presque finalisé et il verra le jour au courant de cette année », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre français. « Durant les prochains mois, nous allons signer un accord portant création d’une société mixte entre Peugeot PSA et des partenaires algériens publics et privés, et ce une fois que nous aurons assaini la situation de l’industrie automobile en Algérie », a-t-il ajouté.
Pour rappel, le projet d’usine Peugeot en Algérie prévu avec des partenaires privés algériens dont Condor devait être conclu lors de la visite de Manuels Valls à Alger en avril 2016 qui avait été marquée par une vive polémique autour de l’image du président diffusée par les services de communication de l’ex-Premier ministre.
Les raisons du blocage du projet, imputé au ministre de l’industrie Abdeslam Bouchouareb, ne sont pas clairement établies. Au début de l’année 2017, Bouchouareb a indiqué que le « projet ne sera réalisé que si Peugeot accepte nos conditions » sans donner des précisions sur ces conditions.
Le constructeur français affirmait de son côté qu’il avait satisfait aux conditions posées par la partie algérienne pour un projet d’usine à qui devrait produire dans une première étape 25.000 véhicules avant d’être portée à 75.000 unités annuelles en 2020.
Par ailleurs, Abdelmalek Sellal a indiqué, sans entrer dans les détails, que la plupart des «contentieux » dont ceux opposants Sonatrach aux français Engie et Total ont été réglés.
« La majorité des contentieux qui bloquaient les relations économiques bilatérales ont été réglés : hier un grand nombre de contentieux entre Sonatrach et Engie et Total par exemple ont été réglés. Il y a un nouvel élan dans la coopération bilatérale dans le cadre de la politique nationale de diversification économique » a affirmé M. Sellal.
Pour rappel, Total et l’espagnol Repsol ont engagé en mai 2016 une procédure d’arbitrage auprès de la Cour internationale de Genève pour contester «la mise en place, au milieu des années 2000, d’une taxe rétroactive sur les ‘profits exceptionnels». Les deux groupes pétroliers escomptaient récupérer « plusieurs centaines de millions d’euros
On n’a aucune indication sur la manière dont le contentieux aurait été réglé mais la procédure engagée par Total et Repsol semblait se fonder sur le précédent de l’accord amiable auquel était parvenu Sonatrach avec Anadarko Algeria Company et Maersk en 2012 pour un terme aux arbitrages.
Les deux compagnies contestaient le prélèvement de la taxe sur les profits exceptionnels (TPE) introduite par l’ordonnance n°06-10 du 29 juillet 2006 portant modification de la loi n° 05-07 du 28 avril 2005 relative aux hydrocarbures. Aucune indication non plus sur l’accord avec le groupe Engie qui veut remettre en cause des contrats gaziers à long terme avec l’Algérie. Une perspective qui inquiète Sonatrach.
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